Ninja Gaiden II : The Dark Sword of Chaos est un jeu vidéo NES publié par Tecmoen 1990 .

  • 1990
  • Action

Test du jeu vidéo Ninja Gaiden II : The Dark Sword of Chaos

3/5 — Très bien par

Développé et édité par Tecmo sur la NES en 1990 (94 en Europe).

La firme Tecmo, qui vient tout juste de fusionner avec Koei, est principalement connue pour avoir développé Rygar, ainsi que les séries Dead or Alive et Ninja Gaiden.

Cette dernière retrace les aventures de Ryu Hayabusa, héritier d’une longue lignée de ninjas.

Appelée « Ninja Ryukenden » au Japon, « Ninja Gaiden » en Amérique du Nord et « Shadow Warriors » en Europe, elle se compose initialement d’un jeu arcade et d’une trilogie de jeux NES.

Ce n’est que 15 ans plus tard que la Team Ninja a fait renaître Ninja Gaiden, avec le développement de nouveaux opus sur Xbox, DS, Xbox 360 et PS3.

Il convient de préciser que Ninja Gaiden / Shadow Warriors, le premier épisode de la saga, a été adapté sur un grand nombre de supports actifs en 1990. Si le titre de ces jeux reste identique, leur scénario a parfois été modifié par Sega, qui a réalisé elle-même les adaptations sur ses propres consoles (Master System et Game Gear ; la Mega Drive n’a été développée qu’en version bêta), avec une histoire à chaque fois différente.

Au final, on a donc l’impression que Ninja Gaiden est une série dense en terme d’épisodes, mais seuls les jeux NES font office de véritables suites chronologiques. On recense ainsi en avril 2010 pas moins de 7 tests de Ninja Gaiden dans le projet Veda, mais aucun n’a encore traité des volets suivants.

Alors que le jeu arcade prend la forme d’un beat them all à la Double Dragon, les jeux NES sont des titres d’action / plates-formes reconnus pour leur fluidité, leur rythme effréné, leurs abondantes cutscenes décrivant le déroulement de l’intrigue, et leur difficulté démentielle.

Ces 3 jeux sont « Ninja Gaiden », « Ninja Gaiden II : The Dark Sword of Chaos » et « Ninja Gaiden III : The Ancient Ship of Doom ».

Il faut noter que NG III n’a pas été adapté en version PAL, et par conséquent ne sera jamais nommé Shadow Warriors III, comme c’est le cas du jeu sous revue.

2 ÉPÉES, DES MÉCHANTS, UNE NANA À SAUVER

NG II a beau contenir 26 minutes de cinématiques, le scénario est convenu - bien qu’il comprenne des rebondissements - et un tantinet moins prenant que celui du 1, vis-à-vis duquel il est finalement très proche. Mais sa mise en scène par la « team Ninja » a toujours autant la classe.

Dans NG, Ryu a triomphé du « Jaquio » et sauvé Irène, la nana de service, à l’aide de sa puissante Épée du Dragon (Ryukenden en japonais), héritage familial transmis par son défunt père Ken.

1 an après, on apprend que le maître du « Jacquio », Ashtar, l’Empereur des Ténèbres, a décidé de plonger le monde dans la nuit grâce à sa terrible « Épée Noire du Chaos », et pour se signaler à Ryu, il a versé dans l’originalité en enlevant sa copine. Je sais pas pour vous, mais après avoir cavalé après Marian dans tous les Double Dragon, je commence personnellement à en avoir ma claque de risquer ma vie pour des nanas qui ne servent à rien, surtout quand elles s’appellent Irène. Enfin bon, quand on est un héros…

Tout comme dans le 1, il faudra donc progresser à la recherche d’informations et écarter les indésirables, à coups de « Dragon Sword » et autres techniques ninja.

POUR UNE SUITE C’EST UNE VRAIE SUITE

NG II ressemble trait pour trait à l’épisode fondateur. Soit un jeu d’action / plates-formes très orienté déplacements et sauts, s’étalant sur 7 niveaux subdivisés en 2 ou 3 régions (la 3 est souvent le boss).

Ryu dispose de 3 vies de départ, et de continus illimités.

Pour vaincre toute une horde d’ennemis aussi diversifiés qu’improbables (mecs au couteau, soldats, serpents, aigles, chauve-souris, Jason Voorhees de Vendredi 13, etc.), Ryu peut utiliser sa fidèle épée ou bien son art du « Ninpo », qui lui donne droit à 5 techniques spéciales :

  • l’étoile à lancer, un shuriken tellement standard que c’est l’arme secondaire par défaut ;

  • l’étoile tourbillonnante, un shuriken « boomerang », plus large, et qui revient à son lanceur ;

  • le feu ninja, qui projette 3 boules de feu à 45° vers le haut ;

  • la boule de feu, qui projette une boule de feu à 45° vers le bas ;

  • la roue de feu, qui entoure Ryu d’un bouclier de feu protecteur pendant une courte période (même principe que Skull Man dans Megaman 4).

Les 3 premiers arts figuraient déjà dans le 1, alors que la botte secrète, ou « saut coupant », a été retirée, peut-être parce qu’elle était abusément puissante.

Ces techniques consomment une quantité d’énergie spirituelle proportionnelle à leur puissance.

Il faudra, pour en bénéficier, récupérer des capsules d’énergie flottant dans le décor, et « cueillir » de la même façon une technique (seule la dernière trouvée est utilisable).

NG II prévoit tout de même 2 nouveautés. D’une part, Ryu peut cette fois-ci escalader les murs et pas uniquement s’y accrocher, (dans l’opus précédent, grimper impliquait de bondir sur une autre plate-forme proche), et d’autre part, il va recevoir le support de « clones fantômes ».

En ramassant l’icône correspondante, notre ninja peut en effet générer un double de lui-même, un clone immatériel et translucide qui va imiter ses actions en temps réel. Le clone ne subira pas de dommages, mais pourra par contre en infliger aux ennemis. 2 clones au maximum pourront suivre Ryu, aussi longtemps qu’il restera en vie.

Cet élément très original est, en pratique, compliqué à utiliser. Un clone exécute les mêmes actions (coups et déplacements) que Ryu, tout en restant un peu en retrait. Cela signifie qu’il effectuera certaines actions avec un temps de retard (sauter par exemple). Ainsi, il pourra frapper dans une position ou à une hauteur différente de celle de son modèle.

Se servir à son avantage des clones requiert pas mal de pratique. S’ils apportent un avantage indéniable contre un boss (qui va se prendre un impact de technique Ninpo en 3 exemplaires si le mouvement est bien coordonné), ils ne servent la plupart du temps à rien, et gênent en plus la perception visuelle de l’environnement. Combien de fois je n’ai pas réussi à éviter un unique ennemi rampant alors qu’on était 3 à essayer de le taper, et combien de fois j’ai crié « merci de servir à rien les gars ! ». Cet avantage supposé peut se révéler extrêmement frustrant.

LE MÊME JEU, MAIS ENCORE PLUS DUR

Shadow Warriors était d’une difficulté vraiment monstrueuse. SW2 est encore pire.

Si le personnage répond au doigt et à l’œil, si ses mouvements sont fluides, ses sauts proportionnés, c’est, paradoxalement, rarement un plaisir de le diriger. Lorsqu’il s’approche trop près d’un mur, il va en effet automatiquement (et donc parfois involontairement) s’y accrocher. Quand on est en plein combat, le temps de comprendre qu’on est accroché, et le temps de s’en défaire (direction + A), on s’est déjà fait toucher 3 fois. Ryu exécute certes de jolis sauts, mais ne peut pas se retourner quand il est en l’air. Ce n’est certes pas illogique, mais la plupart des jeux vidéo rendent cela possible. À moult reprises, on va se retrouver comme un con en train de brasser de l’air à grands coups d’épée, alors que l’ennemi est dans le dos (particulièrement contre les bosses très mobiles).

Mais surtout, les niveaux regorgent d’ennemis rampants, volants, flottants, qui vont prendre un malin plaisir à foncer sur vous lorsque vous êtes en l’air ou en train d’atterrir sur un rebord. Sachant par ailleurs que le perso recule de 2 mètres après chaque collision, ben vous allez vous retrouver dans les abysses tous les 3 sauts. Ajoutez à ça des ennemis qui se réinitialisent dès que vous faites un pas en arrière (ou en avant) et des décors dynamiques franchement hostiles, et vous obtenez un jeu qui vous donnera de sacrées sueurs froides. Nouveauté de cet opus, Ryu évolue en effet sur la glace, en marchant dans l’eau, en se déplaçant sur le toit d’un train, sous la pluie… et ses déplacements en sont affectés (la glace le ralentit ou l’accélère, la pluie, qui change de direction toutes les 5 secondes, le pousse ou le repousse vers l’arrière ou l’avant ; autant de paramètres à prendre en compte avant de sauter, et autant de raisons supplémentaires de tomber dans le vide tout seul).

Non seulement il faut arriver jusqu’au boss de chaque niveau, mais pour vaincre celui-ci, il faudra y parvenir avec suffisamment d’énergie vitale, de temps et d’énergie spirituelle. Autant dire qu’un sans-faute sera requis.

Finir le jeu est un challenge monstrueux mais faisable, destiné aux joueurs les plus chevronnés.

Il est du reste possible de le finir sans perdre une vie. Mais la majorité de ses utilisateurs vont le trouver sadiquement difficile, et incroyablement frustrant. D’ailleurs, même avec l’énergie infinie obtenue avec l’aide de la Game Genie, NG II n’est pas si aisé à finir, c’est dire… Pour en venir à bout, il faudra mémoriser parfaitement le chemin à emprunter, les sauts à effectuer, et l’emplacement des power-ups.

Rarement un jeu m’aura fait fulminer au point de souffler toutes les 2 secondes, de hurler tout seul, de taper l’ordi… c’était pour moi un réel soulagement d’en terminer. Pour l’aspect ludique, on repassera.

Un mot sur la réalisation technique. Celle-ci est de qualité, les graphismes ayant été légèrement affinés, et les décors sont un peu plus variés. Ryu clignote un peu, alors que les clones translucides font un peu mal aux yeux. La bande-son est toujours au top.

RÉSUMÉ

Shadow Warriors / Ninja Gaiden II : The Dark Sword of Chaos ne comporte aucune surprise pour qui a déjà pratiqué le I. Ni intérêt supplémentaire, les clones ne révolutionnant pas la jouabilité. Sa principale faiblesse est un agencement plates-formes / ennemis à l’écran impitoyable pour le joueur, qui rend Ryu très frustrant à contrôler, malgré une maniabilité assez bonne.

Je juge cet élément vraiment rédhibitoire pour qui voudrait prendre du plaisir avec ce titre, et occultant des points forts comme la variété des niveaux et des ennemis, la bonne réalisation, et la transcription de l’intrigue au moyen de magnifiques cutscenes.

Je vais descendre jusqu’à 6/10 (13/20).

Ninja Gaiden II : The Dark Sword of Chaos