Développé et édité par Gremlin Graphics sur Amiga, Atari ST, Amstrad CPC en 92, édité par Konami sur Mega Drive et par GameTek sur NES et SNES en 93.
On pourra retrouver ce soft sous le titre Nigel Mansell’s World Championship Challenge ou NMWC Racing. Je ne saurais vous en dire plus sur le pourquoi des suffixes différents. Toujours est-il que ce jeu est une simulation de Formule Un, et plus exactement de la saison 1992 de F1, celle qui a justement vu le 1er et seul triomphe du Britannique moustachu, qui a profité de l’écrasante supériorité de sa Williams Renault pour mettre à la raison les favoris Ayrton Senna et Alain Prost.
Bien que la version SNES soit autrement plus convaincante que celle de sa grande sœur, c’est de cette dernière dont je vais vous parler.
MAGNUM SANS LA FERRARI
3 modes de jeu sont disponibles : Entraînement libre, sur le circuit de votre choix, Championnat (Saison) et « Améliore-toi avec Mansell ». Ce dernier mode est assez intéressant.
Tout comme dans le mode Entraînement, vous vous exercez sur la course que vous souhaitez, mais cette fois Mansell vous guide, vous prodigue des conseils. Son visage digitalisé apparaît dans un coin de l’écran, ainsi qu’une « ligne de course », qui représente le chemin optimal à suivre. Lorsque vous faites une erreur, l’Anglais va vous dire ce qui ne va pas comme « reste sur la ligne de course ! », « évite les objets de bordure de piste ! », « rétrograde ! ». Bon, ça ne va pas très loin, mais c’est assez sympa à faire, et finalement assez utile pour se perfectionner.
Passons au mode Saison. Vous incarnez par défaut Nigel Mansell et roulez en Williams Renault, mais vous pouvez créer votre propre pilote en choisissant une autre nationalité. Le jeu possède les licences officielles FIA, et ce sont donc toutes les vraies stars de la F1 contre qui vous allez vous mesurer : le tout jeune Schumacher, Berger, Alesi, Hakkinen… Par contre, les 2 vieilles gloires Prost et Senna manquent à l’appel.
Sinon c’est standard : on enchaîne 16 courses composées d’un tour de qualification, pour déterminer votre position sur la grille, et du Grand Prix qui comprendra entre 6 et 30 tours.
Il est possible de zapper le tour qualificatif et de passer directement au GP, mais dans ce cas vous partirez obligatoirement de la 12e et dernière place.
Les 6 premiers coureurs classés obtiennent des points décroissants : 10-6-4-3-2-1.
La course est en vue première personne, ce qui est assez rare sur une console 8 bits (unique pour la NES je crois bien). On voit l’avant de la F1 à partir de vos mains en train de se battre avec le volant, et la route.
Le premier plan de l’écran vous donne le temps du tour de piste en cours, votre position, votre vitesse en km/h et quelle vitesse est enclenchée, une mini carte du circuit avec un petit drapeau représentant votre voiture et enfin l’état de vos pneus.
Avant de vous élancer sur la piste, vous avez la possibilité de choisir votre configuration préférée : boîte de vitesse automatique ou manuelle (6 vitesses), ailerons et pneus. Votre choix privilégiera la rapidité (ailerons lourds et pneus durs) ou la tenue de route (ailerons légers, pneus mous), et tiendra compte des conditions météo communiquées avant le départ (des pneus pluie sont également disponibles).
Les commandes en course sont elles ultra classiques : accélération et freinage, passage de vitesse si vous êtes en mode manuel. Pas de turbo.
Après chaque tour, vous pouvez faire un arrêt au stand pour changer les pneus uniquement (la consommation de carburant est négligée dans ce jeu). Il est possible de remplacer les pneus par d’autres de nature différente, pour réajuster votre stratégie, ou de remplacer les pneus usés par des pneus neufs, les pneumatiques s’abîmant à chaque sortie de piste.
MAGNUM SANS LA CHEMISE HAWAÏENNE
À part la vue à la 1e personne, le fait d’incarner le Magnum britannique, et le choix des pneus et des ailerons, NMWC ne propose rien de révolutionnaire. Est-il plaisant à jouer ? Je répondrai la même chose que Jim Carrey dans « Menteur Menteur », obligé de dire la vérité à la nana qui partage son lit : « J’ai connu mieux ».
Passons d’emblée au plus important : les sensations en course. Mention bof. La F1 est incroyablement large (elle prend quasiment la moitié de la chaussée !) et lourde sur la piste. Sa prise en main est assez difficile ; même seul sur la piste, il faudra compiler les tours de circuits avant de réussir à rester sur le bitume pendant les virages. D’où l’intérêt du mode « Améliore-toi avec Nigel ». Les dépassements sont particulièrement ardus. Dans les lignes droites ça passe, mais alors dès les premières courbes, c’est super chaud. On me rétorquera que s’il en est ainsi, c’est que la simulation est réaliste, et reprend les caractéristiques d’une vraie course de F1, et on aura raison. N’empêche que sans entraînement poussé, on ne prend guère de plaisir à conduire notre Williams.
Je ne saurais dire si les options (choix des pneus et des ailerons) ont un réel impact stratégique, j’avoue ne pas maîtriser suffisamment le jeu pour cela.
On ne prend aucun plaisir non plus à regarder la course. Si les graphismes de la version SNES de ce jeu sont assez jolis, bien colorés, ils ont sacrément souffert de la conversion. Les couleurs sont incroyablement ternes, le verdâtre et le grisâtre étant omniprésents. On ne reconnaît même pas le bleu et jaune de notre voiture. Les monoplaces sont par ailleurs bien modélisées et bien animées sur la piste. Les décors sont plutôt grossiers : des pixels pour représenter la foule dans le rectangle qui est censé être les gradins, quelques bouts de verdure éventuellement vallonnés pour la végétation, et parfois des polygones blafards pour représenter les bâtiments apparaissant à l’horizon. Avec ça, les virages de la mini carte du circuit sont difficiles à déchiffrer. C’est pas le Pérou quoi (ça tombe bien, il n’y a pas de GP là-bas).
Les écrans de transition sont quant à eux plutôt bien faits.
La musique est par contre assez chouette, tant pour la présentation que durant la course. Si l’on ne peut choisir de thème musical, celui qu’on vous propose est dynamique et mélodieux.
RÉSUMÉ
Sortir ce jeu sur tout un tas de supports en fin de vie, et notamment sur la NES qui ne faisait plus guère recette en 1993, était franchement dispensable. D’autant que les développeurs se sont contentés de transposer bêtement et grossièrement le jeu Super NES, sans chercher à optimiser les possibilités de la 8 bits de Nintendo. Il en résulte un jeu franchement moche et terne à regarder, alors que les titres sortis à la même époque poussent la NES dans ses derniers retranchements.
Il reste une simulation assez réaliste, en vue première personne, avec un mode entraînement par Mansell assez sympa. Et l’un des seuls jeux de l’époque à posséder les licences FIA, ce qui est toujours cool. On pourra éventuellement y consacrer quelques minutes.
Je lui mets une notre proche de la moyenne, 6/10.