Développé par LucasArts Entertainment (Ron Gilbert et Gary Winnick pour l’original, avec l’aide de Douglas Crockford pour cette version-ci), paru en 1988 au Japon, en septembre 1990 aux Etats-Unis et en Europe.
Vous qui aimez les vieilles baraques qui craquent, habitées par des individus louches, ainsi que les films de série Z kitchissimes, ce jeu est pour vous.
Préambule…
Le docteur Fred Edison a enlevé Sandy et l’a emmenée dans son manoir lugubre pour se livrer sur la personne de la jeune cheerleader (Note de Pouyou : une pom-pom-girl) à d’inavouables expérimentations. L’ami de Sandy, Dave (le héros du jeu) rassemble quelques potes et se dirige d’un pas assuré (mais un peu tremblant quand même) vers la peu rassurante bâtisse. Il va y avoir du sport !
Maniac Mansion est relativement unique sur la NES. A l’instar de Shadowgate (mais avec une réalisation différente), il rentre dans la catégorie des jeux « point and click », c’est-à-dire que les actions s’effectuent à l’aide d’un menu de plusieurs verbes – situé au bas de l’écran – que l’on applique aux personnages et / ou objets disponibles. A l’origine développé pour C64 et sorti sur ce support en 1987, il bénéficia d’un portage sur la NES en 1988 (pour le Japon) puis en 1990 (pour les Etats-Unis puis l’Europe) après avoir transité par le PC en 1988 – entre autres supports. Comme l’écrit jeandubois dans son test de Shadowgate, justement, la souris semble a priori plus indiquée pour manipuler ce style de jeu (on pense notamment à Lemmings). La manette de notre chère NES s’en sort malgré tout bien ; on regrettera juste le délai, tout relatif, mais présent malgré tout, nécessaire pour passer de la liste d’actions possibles à un objet, puis retour à la liste, etc. A noter que les trois verbes les plus employés (obtenir, utiliser et ouvrir) bénéficient d’un raccourci par l’entremise du bouton select, un plus très appréciable.
Jeu de réflexion plutôt que d’action, Maniac Mansion semble permettre de prendre tout son temps avant d’effectuer quelque action que ce soit. C’est vrai la plupart du temps mais attention, toutefois, car les habitants du manoir, la famille Edison, tenteront de vous attraper s’ils vous remarquent (particulièrement Nurse Edna, qui peut vous suivre sur plusieurs écrans). Si d’aventure un de vos « djeunes » pénètre dans une pièce et se retrouve en présence de l’un d’eux, mieux vaut réagir au quart de tour et déguerpir avant de se faire choper et envoyer au donjon (sans dragon celui-ci…). Un minimum d’attention est donc de rigueur, même si se retrouver dans le donjon n’est pas forcément inutile.
Remarque : la version américaine fut sensiblement censurée par Nintendo of America. Pourquoi cela ne m’étonne-t-il pas ?
Préparez-vous !
En guise de préparation, vous devez sélectionner deux acolytes (parmi six) qui prêteront main forte à Dave pour tenter d’arracher Sandy à ses ravisseurs. Autant vous prévenir tout de suite, Dave ne dispose d’aucune aptitude particulière et je vous conseille de l’utiliser plutôt à des fins de diversion et de faire faire le vrai boulot par les autres. Il est de toute façon possible de terminer le jeu avec un personnage principal, les autres donnant un coup de main occasionnel.
Les autres ados disposent des aptitudes suivantes : savoir réparer tout type d’appareil (en disposant toutefois de l’outillage ad hoc) pour Bernard, jouer du piano (Syd et Razor), posséder des talents littéraires (Wendy), savoir réparer les téléphones pour Jeff (redondant avec Bernard ; Jeff est certainement le perso le plus inutile du jeu avec Dave) et savoir développer des pellicules (mais non, pas dans les cheveux ! Des photos, quoi ! Vous le faites exprès ou quoi ?) pour Michael.
Explorer la manoir
Selon la constitution de votre « rescue team », le déroulement du jeu sera différent, et la fin de celui-ci variera aussi. Il s’agira toutefois, quelle que soit la situation, d’éviter les habitants du manoir. Vous connaissez la famille Addams ? Eh bien, point de vue zarbi, la famille Edison se pose un peu ! Surtout si vous rencontrez « Dead cousin Tom » le bien nommé, qui repose momifié dans sa baignoire, Weird Ed le paracommando ou encore les deux tentacules (alter ego de « la Chose » dans la famille Addams ?) qui gardent certains passages.
Sachez tout de même qu’il est possible de vous faire des alliés de certains d’entre eux.
La majeure partie de votre aventure consistera donc en la recherche d’objets en tous genres avec lesquels vous tâcherez de progresser. Et les combinaisons sont parfois loin d’être évidentes. A noter aussi que le jeu ne vous empêche pas – contrairement à ce qui se fait souvent aujourd’hui – de vous débarrasser d’un objet vital pour votre réussite. Mieux vaut tout garder, même la viande faisandée trouvée dans le frigo.
A certains moments, le jeu s’interrompra et vous pourrez voir une petite animation mettant en scène un ou plusieurs habitants du manoir. Cela peut vous servir afin de déterminer votre action suivante (par exemple : vous cacher !).
Image et son
Graphiquement parlant, Maniac Mansion accuse son âge. Les couleurs sont kitsch ; maintenant, ce jeu est tellement atypique que cela participe à son charme. La qualité graphique est néanmoins en deçà de ce à quoi l’on pourrait s’attendre pour un jeu NES sorti en 1990, et ce d’autant plus qu’il y a peu d’animations à l’écran. Mais c’était l’époque et personnellement, je trouve ces graphismes charmants. Quand on garde à l’esprit la surenchère technologique qui anime les constructeurs aujourd’hui, peut-être au détriment de la qualité intrinsèque des jeux (chacun a le droit d’avoir son avis là-dessus), je n’estime pas qu’il s’agisse ici d’un handicap ; mais vous êtes cependant prévenus.
Chaque ado possède un lecteur cd et dispose donc d’une musique qui lui est propre. Il est possible de couper cette musique, ce qui n’est pas inutile, car cela peut exaspérer à la longue. Les bruitages sont quant à eux vraiment minimalistes.
En résumé
Maniac Mansion mérite réellement que l’on s’y arrête. Tout d’abord, il y a vraiment peu de jeux de ce genre pour la NES. Ensuite, le scénario tient la route et on ne s’ennuie guère. La réalisation technique peut laisser sur sa faim (surtout comparée au même jeu sur d’autres plates-formes), mais malgré cela, la magie opère (c’est mon avis) et on s’immerge dans cet univers fantasque.
Verdict : 7/10
_En guise de bonus, voici le récit – en anglais – de Douglas Crockford, employé chez LucasFilms Games et qui effectua la conversion de Maniac Mansion sur NES. Il expose notamment la censure de Nintendo of America :
The untold story : http://www.crockford.com/wrrrld/maniac.html_