Mach Rider, c’est l’histoire d’un mec qui se prend pour Max Rockatansky dans le film dont les cinéphiles auront tout de suite trouvé le titre (pour les autres, lisez plus loin, le nom se cache quelque part dans ce test). On peut d’ailleurs se demander si l’idée de faire ce jeu ne vient tout simplement pas du film, puisque ce cher Mach Rider se balade sur sa moto en l’an 2112 et le monde est alors rempli de voyous, qu’il va falloir essayer d’empêcher d’arriver à leurs fins, le tout sur fond de paysage apocalyptique. Bref, ce superflic que vous incarnez se balade en moto sur des routes remplies de malfrats, et doit remplir une dizaine de missions ayant pour but de rétablir l’ordre public sur la route.
Euh… faut y aller à froid là ?
Avant de commencer par ces missions qui constituent ce qu’on peut considérer comme le « vrai » jeu, je conseillerai au joueur non initié à Mach Rider de faire quelques séances d’entraînement, en passant par les deux autres modes de jeu disponibles en plus du mode Fighting Course. Ça permet de s’habituer aux commandes et de ne pas se lancer trop à froid dans le vif du sujet, sinon c’est claquage garanti.
Pour faire les choses dans l’ordre, le mieux est de commencer par le mode Solo Course où il faut parcourir un certain nombre de kilomètres en un temps limité. Une fois l’objectif atteint, Mach Rider se retrouve sur un nouveau parcours où le nombre de kilomètres à parcourir augmente, et ainsi de suite. Il va de soi que plus on avance dans ce mode, plus il sera difficile d’atteindre l’objectif fixé dans le temps imparti. A noter que Mach Rider peut mourir autant de fois que bon lui semble dans ce mode de jeu. Il repartira alors à partir de l’endroit du dernier crash, mais perdre une vie aura bien entendu pour effet de le ralentir dans sa course effrénée.
Le mode Endurance Course suit le même principe que le mode Solo Course, à la seule différence que des ennemis motorisés viendront compliquer la tâche de notre pseudo Mad Max. Si ceux-ci sont plutôt lents en début de partie, et donc faciles à dépasser, ils se montreront beaucoup plus coriaces par la suite et auront une fâcheuse tendance à tenter de pousser le joueur dans le décor. Même si le mode Endurance Course n’est qu’un mode Solo Course avec des ennemis en plus, les circuits à parcourir sont différents entre les deux modes, ce qui évite de se lasser trop rapidement.
Une fois que vous maîtriserez les deux modes précédents, vous serez prêts à vous frotter au mode Fighting Course. Mach Rider doit alors accomplir dix missions. Chaque mission propose deux parcours différents, ce qui offre un nombre de combinaisons possibles assez conséquent, et les boutons A et B servent à choisir l’un ou l’autre des parcours. Dans le mode Fighting Course, il faut parcourir une certaine distance attribuée à chaque mission tout en restant en vie. C’est précisément ce dernier point qui pose problème, puisque le parcours sera jalonné d’obstacles et autres ennemis. Au cours de la première mission, notre Mach Rider possède une barre d’énergie qui lui permet de se vautrer plusieurs fois tout en pouvant continuer à remonter sur son engin de mort, mais à partir de la seconde mission, les vies seront au nombre de trois et pourront être perdues en quelques hectomètres. C’est d’ailleurs tout le capital vies disponible pour finir les dix missions.
Il existe également un Design Mode où il est possible de composer ses propres circuits, ceux-ci pouvant être sauvegardés uniquement sur Famicom Data Recorder (comme pour Excitebike), mais comme cet appareil n’est jamais sorti en dehors du Japon, autant dire tout de suite qu’on peut une fois de plus aller se faire brosser, pauvres petits Européens que nous sommes…
En moto Simone !
Tout ceci peut sembler très simple, mais les parcours à effectuer dans les différents modes sont jonchés d’ennemis ou autres obstacles, tels que des barils de pétrole, des clous, des flaques d’eau ou d’huile, des rochers et autres boules indescriptibles circulant en sens inverse et dont on se demande ce qu’elles font sur la route. La moto de Mach Rider est heureusement équipée d’une mitraillette qui servira à éliminer la plupart de ces obstacles, à l’exception des rochers entre lesquels il faudra slalomer. Les ennemis les moins coriaces rendront l’âme dès le premier coup de mitraillette et seront assez lents, mais certains ennemis plus rapides auront la peau dure et devront être touchés plusieurs fois avant de daigner rendre l’âme. Il est également possible de pousser les ennemis encombrants dans un obstacle pour les faire exploser, ce qui donne plus de points. En même temps, vu que les points ne servent à rien, on s’en tamponne un peu le coquillard…
Quant aux commandes, elles sont relativement simples. On accélère avec A et on tire avec B. Pas de frein me direz-vous ? C’est un peu vrai, mais pas totalement. En effet, Mach Rider oblige le joueur à jouer avec une boîte de vitesses manuelle. On passe de la première à la quatrième en appuyant vers le haut, et on rétrograde vers le bas. Mine de rien, ça complique un peu les choses, surtout quand on a l’habitude de toujours jouer aux jeux de course en mode automatique. Quand on oublie de passer les vitesses, et donc de foncer comme un taré, on se fait rattraper par des ennemis qui canardent par derrière, et ça finit généralement mal.
Même à chaud c’est pas mieux
Bon alors oui, on pourrait râler pour tout un tas de raisons.
On pourrait dire que trois vies ne sont pas suffisantes pour terminer les dix missions, vu qu’on se vautre allègrement tous les trois kilomètres. On pourrait aussi se plaindre du fait que la moto devient incontrôlable dans les virages dès que le paysage blanchit, signe de verglas sur l’asphalte, et que ça coûte une vie à chaque fois ou un méga-rétrogradage qui fait perdre du temps. On pourrait aussi continuer sur cette même lancée, et dire que les flaques d’eau ou d’huile envoient trop souvent directement dans le décor sur un obstacle placé trop judicieusement, et que là aussi c’est une vie perdue. On pourrait dire que les ennemis deviennent beaucoup trop coriaces au bout d’un moment, et que tous ces éléments élèvent la difficulté de ce jeu à un niveau plus qu’exaspérant, tandis que le joueur maso qui arriverait à terminer un des modes n’est même pas récompensé par une séquence de fin digne de ce nom.
On pourrait aussi s’attarder sur le fait que le nombre de munitions est limité, et qu’on se retrouve régulièrement à court, ce qui enlève une partie du fun et garantit une vie en moins à plus ou moins long terme, puisque le seul moyen de recharger son arme est de faire valser un ennemi contre un obstacle, chose beaucoup trop difficile à réaliser pour être envisageable. On pourrait évoquer cette animation pourrie lorsque Mach Rider perd une vie, à savoir que son sprite se décompose en une multitude de carrés ridicules qui s’éloignent les uns des autres, avant de faire le mouvement inverse pour reformer un nouveau sprite. Ah ça, on a vu des morts plus glorieuses que celle-là… On pourrait aussi pinailler sur le fait que notre cher motard reprend son parcours exactement à l’endroit où il est mort et non pas au milieu de la route, ce qui oblige régulièrement à repartir en première à partir du bas-côté. En pinaillant bien, on pourrait même trouver ridicule le fait d’être obligé de continuer à piloter jusqu’à la fin du chrono quand on a déjà atteint ses objectifs dans les modes Solo Course et Endurance Course, alors qu’un drapeau à damiers aurait été plus sympa.
On pourrait donc se pencher sur tous ces points, et considérer que Mach Rider peut être classé dans la catégorie des mauvais jeux. On pourrait oui… Seulement voilà, Mach Rider va plus loin que ça. Oui, Mach Rider est carrément un étron, un vrai.
La faute à plein de choses
Ça commence dans la seconde après avoir appuyé sur le bouton Start… Avant même que vos yeux n’aient eu le temps d’analyser quoi que ce soit de ce qui se passe à l’écran, vos tympans se rétractent fortement, heurtés par le bruit strident émis par les enceintes de la télé. Mach Rider n’est pas bon pour vos esgourdes, et vous connaîtrez rapidement la seule et unique mélodie de ce soft par cœur, que vous le vouliez ou non. Elle est affreusement criarde, et les bruitages ne sont pas faits pour améliorer le mal de tête naissant que vous sentirez au bout de cinq minutes de jeu. Une fois que vous aurez entendu la moto déraper après avoir roulé dans une flaque d’huile, vous comprendrez de quoi je parle.
Comme si ça ne suffisait pas, il y a comme un ronflement de fond dans les séquences entre les parcours, à tel point que je croyais qu’une voiture s’était arrêtée devant chez moi. Pour couronner le tout, il y a aussi des bugs de son. Lorsqu’on fait pause alors qu’un bruitage est en cours, le son dudit bruitage tourne en boucle.
Bon, vous allez me dire de couper le son. Je veux bien, mais les yeux ne sont guère plus à la fête que les oreilles, puisque les graphismes sont moches, que les décors sont vides, et que les couleurs sont extrêmement mal choisies, à tel point que le vert fluo auquel on a droit dès les premières secondes de jeu risque de décoller plus d’une rétine. Quand elles ne sont pas fades, les couleurs ont la faculté de vous filer une myxomatose carabinée en quelques minutes de jeu. L’animation n’est pas faite pour améliorer le tout puisqu’elle est saccadée, au point de se croire en discothèque lorsqu’elle est combinée à une séquence de jeu à graphismes fluos, et l’écran « flashe » régulièrement. Si c’est supportable en ligne droite et en quatrième vitesse, c’est absolument infâme dans les virages et à vitesse réduite.
Les virages justement, parlons-en des virages… Impossible de voir où on va ! L’angle de vision est tellement réduit lorsque les virages écrasent la piste qu’il en devient quasiment impossible d’anticiper et d’éviter les obstacles vu la vitesse atteinte par Mach Rider, et ralentir signifie mourir par un tir ennemi venu de l’arrière et file encore plus la nausée à cause de l’animation saccadée.
Mais même en dehors des virages, la position des obstacles et autres ennemis reste approximative et on a l’impression de voir les sprites changer continuellement de position sur la route. Dans ces conditions, vous comprendrez que la collision des sprites est très approximative et qu’il arrive que les tirs de mitraillette passent au travers de certains obstacles et autres ennemis que Mach Rider se prendra immanquablement dans la tronche.
C’est simple : Mach Rider est un soft à éviter. Prendre la peine de l’essayer signifie s’exposer à des radiations lumineuses et sonores qui ne peuvent être que néfastes pour la santé. Le jeu souffre de défauts majeurs qui nuisent fortement au plaisir que peut procurer un jeu vidéo « normal » et le rendent injouable, moche et frustrant.
Alors oui, on est en 1985 et Mach Rider fait partie des 18 jeux de lancement de la NES, ce qui pourrait appeler à la clémence. Mais quand on sait que c’est cette même année qu’est sorti des mêmes usines ce chef d’œuvre qu’est Super Mario Bros., on n’excuse plus les graphismes, la musique, les bruitages ou l’animation. Et quand on sait que le jeu n’est sorti qu’en 1987 en Europe, soit deux années après sa sortie au pays du soleil levant, on n’excuse plus Nintendo de ne pas avoir voulu nous l’épargner, pauvres petits Européens que nous sommes. Préférez-lui Rad Racer de Square, sorti la même année en Europe et beaucoup plus fun.