Ikari Warriors a été un énorme hit en arcade, ce qui a poussé SNK à l’adapter sur plusieurs supports. La NES étant à l’époque une machine incontournable sur le marché des jeux vidéos, SNK a rapidement décidé de s’attaquer à l’adaptation d’Ikari Warriors sur le support 8 bits de Nintendo. Autant vous gâcher la surprise dès le début, l’adaptation en question est tout sauf réussie…
Un scénario digne d’un Rambo
En gros, vous êtes envoyé en mission pour libérer un quelconque pays du dictateur qui en a pris la tête (ça rappellerait pas quelque chose ça ????). C’est à peu près tout ce que vous réussirez à savoir sur le scénario, même en relisant la notice quinze fois… Bien entendu, le vilain méchant pas beau en question va vous envoyer une horde de soldats sur le dos, qui sont chargés de vous empêcher d’arriver jusqu’à lui. En gros, sortez l’artillerie lourde, parce que ça va tirer dans tous les sens !
Après avoir sélectionné un ou deux joueurs et appuyé sur Start, vous aurez droit à une séquence d’animation où vous verrez votre avion se poser (ou s’écraser ?) dans la jungle pour que vous puissiez commencer votre mission. Déjà à ce moment là, vous allez avoir un aperçu de la qualité des bruitages que vous allez entendre pendant tout le reste du jeu, mais passons sur cet aspect pour le moment…
Ensuite, il vous faudra traverser quatre niveaux au total, armé de votre mitraillette et de quelques grenades. Les deux premiers auront pour décor la jungle et quelques marais ou rivières, et les deux suivants une sorte de bunker ma foi bien difficile à décrire. Dans la jungle, vous devrez parfois traverser quelques étendues d’eau ou marais qui feront avancer votre personnage encore moins vite (si si, c’est possible…). Dans les bunkers, des ennemis peuvent être cachés dans des barils et vous bombarder, mais à part ça, le principe reste le même dans tous les niveaux : vous devez avancer et encore avancer, tout en tuant des soldats bleus qui n’arrêtent pas de sortir d’on ne sait où.
Au cours de vote parcours, vous pouvez récupérer quelques items en tuant les ennemis. Certains vous feront avancer plus vite (ce qui n’est pas un luxe, croyez-moi…), d’autres augmenteront la puissance de feu de votre mitraillette ou de vos grenades (là non plus ça fait pas de mal). Vous avez d’ailleurs intérêt à profiter de ces power ups, parce qu’une fois que vous aurez perdu une vie, vous pourrez leur dire adieu et recommencer avec votre équipement de base.
Trop rarement, vous aurez l’occasion de vous faire plaisir en vous retrouvant aux commandes d’un tank ou d’un hélicoptère, ayant une puissance de feu largement supérieure à votre pauvre mitraillette. Profitez-en bien car ces moments seront de courte durée, et une fois que vous vous serez fait toucher, il vous faudra repartir sans véhicule et avec la pauvre mitraillette à débit limité…
Gimme gimme gimme… des vies infinies !
Une fois descendu de votre avion après la séquence d’introduction, vous pouvez commencer à avancer dans la jungle. Les ennemis ne tardent pas à arriver et à vous tirer dessus, et c’est là que commence le drame… Vous commencez à bouger votre personnage, et faites face à une maniabilité très médiocre. Après une rapide analyse de la vitesse des balles adverses et de celle de votre personnage, vous vous rendez compte que vous avez toutes les chances de devoir mourir souvent, et vous avez raison…
M’enfin, si la vitesse de votre personnage était le seul problème, ça irait encore à peu près, mais c’est surtout sa maniabilité qui risque de vous faire râler. Vous aurez toutes les peines du monde à faire ce que vous voulez de votre Rambo en herbe et à bien viser, ce qui fait que les dés sont pipés dès le départ. Votre personnage ne peut pas changer de direction correctement, c’est-à-dire que si vous vous dirigez vers le haut et que vous voulez aller vers le bas, il va tourner dans tous les sens en faisant son demi-tour, et s’écarter de la trajectoire initiale. Du coup, il est très difficile de s’orienter dans la direction voulue, et encore plus de viser correctement vos adversaires. On finit alors par tirer dans tous les sens en faisant n’importe quoi, pourvu que ça touche quelque chose.
Bref, vous avez un sérieux handicap dès le départ, et le seul moyen d’y remédier est de devenir fan d’un groupe de disco suédois célèbre dans le monde entier (d’où le titre.. hé hé). En effet, lorsque vos trois pauvres vies seront épuisées, l’écran de jeu restera quelques secondes avant d’afficher Game Over (sans option Continue bien sûr…). Vous pouvez profiter de ce laps de temps pour taper ABBA sur votre manette, et votre personnage réapparaîtra sur l’écran avec trois nouvelles vies. Et croyez-moi que si vous voulez avancer un peu dans ce jeu, vous allez devoir répéter cette manip’ souvent, tellement la difficulté est rendue horrible à cause de la maniabilité.
Et le reste alors ?
Vous l’avez déjà compris, le principal défaut d’Ikari Warriors est sa maniabilité, ce qui le rend injouable et lui alloue déjà le statut de daube . Mais c’est malheureusement loin d’être le seul défaut du jeu…
Les graphismes sont moches, peu variés et peu détaillés, l’animation est tellement pourrie que vous avez l’impression de voir une paire de ciseaux se déplacer quand vous bougez votre personnage de droite à gauche, et les ennemis (presque tous les mêmes) meurent dans une espèce de flottement jamais vu avant ; les couleurs n’ont rien de fantastique, et vous aurez très souvent des clignotements et autres ralentissements à l’écran.
Quant à la bande-son, elle va vous casser les oreilles pendant longtemps puisqu’il vous faudra la supporter pendant la demi-heure de scrolling vertical nécessaire pour finir un niveau. Oui, vous avez bien lu ! Il faut une demi-heure de cet enfer pour voir le bout d’un niveau sans boss ! Ah si, la musique change un peu lorsque vous arrivez à des espèces de barricades qui servent de check point. Maigre consolation… Et ce ne sont malheureusement pas les bruitages qui vont améliorer la bande son…
Passez votre chemin m’sieur dame…
Je pense que vous l’avez déjà compris : il n’y a pas grand chose de positif à dire sur Ikari Warriors version NES, surtout quand on sait qu’il est possible de faire des shoot ‘em all bien plus réussis que ça, comme Probotector par exemple. Ce jeu est mal fait, inintéressant, et trop répétitif, à tous les points de vue…
Ah si, un petit détail insolite… La couleur rose est omniprésente dans le jeu : le bandana et la mitraillette du héros, les explosions, certains soldats, quelques éléments du décors, et les tanks que vous aurez le droit de piloter. À se demander si notre Rambo n’est pas plus de la jaquette que de la gâchette ;-). Ca ne dérange pas en soi, mais je trouve que du rouge aurait été plus approprié, surtout pour les explosions.
Bref, si vous vous retrouvez devant une cartouche d’Ikari Warriors dans un magasin d’occasion, vous pouvez vous dire qu’elle peut bien y rester, dans ce magasin. SNK nous a pondu une daube, une vraie, ce qui est assez inhabituel de la part des créateurs de la Neo-Geo. Si vous êtes collectionneur et que vous voulez absolument vous procurer la cartouche, faites-moi le plaisir de ne pas souiller votre NES avec et de la laisser au placard.
J’ai eu le jeu dans un lot, et me suis empressé de le revendre après y avoir joué suffisamment pour pouvoir écrire ce test. Après une partie d’ une heure et demie de jeu, on se retrouve à la fin du niveau trois devant une espèce de personnage qui disparaît après avoir reçu une grenade, et on finit par mourir sous des attaques de roquettes venues d’on ne sait où.
Rendu à ce point, l’astuce pour avoir des vies infinies ne marchait plus, donc je n’ai pas vu le dernier niveau. J’ai essayé une deuxième fois, avec le même résultat. Et puis j’ai laissé tomber, parce que ce jeu n’en vaut vraiment pas la peine…