Gun.Smoke est un scrolling shooter vertical ayant pour cadre le Far West.
Le jeu est tiré de la série américaine éponyme, qui a connu 635 épisodes (dire que je n’en ai jamais entendu parler…) entre 1955 et 1975 (ceci explique cela). La série n’a été diffusée en France qu’à partir de 1975.
Cette série télé met en scène les aventures du marshal Matt Dillon à Dodge City dans le Kansas, après la guerre de Sécession. Pour être exhaustif, signalons que la série Gunsmoke était au départ radiophonique. On notera l’apparition du « . » entre Gun et Smoke, pour des questions de marque déposée.
Gun.Smoke est apparu en 1985 sur borne arcade, développé et édité par Capcom. Il a ensuite été porté sur Amstrad (87), MSX, NES (88), puis plus tard inclus dans des compilations Capcom sur PC, PS, PS2, PSP, Saturn, Xbox, etc.
Il était une fois dans l’Ouest…
« En Amérique. C’était l’année 1849. Cette année-là, je chantééé pour la premièèère fois. Hum pardon. Je disais : dans la petite ville de Hicksville, où les pionniers ont travaillé dur pendant l’époque de la ruée vers l’or. Un jour, une bande de hors-la-loi, les Wingates, arrivèrent à Hicksville. Ils tuèrent le shérif et prirent le contrôle de la bourgade, terrorisant les villageois. Mais par une fin d’après-midi venteuse arriva un cowboy solitaire, avec le soleil couchant dans le dos, bien résolu à libérer Hicksville du cruel joug des Wingates…»
Mon nom est personne
Vous campez le chasseur de primes Billy Bob (selon mes sources, mais le gus est uniquement nommé « the lone gunman », le tireur solitaire, dans la version NES et en arcade) qui arrive à Hicksville.
Votre boulot est donc de restaurer la paix, et si vous pouvez gagner quelques sacs d’oseille en même temps, vous n’allez pas vous en priver. Les têtes des chefs des bandits sont en effet mises à prix, avec un joli pactole si vous ramenez la tête de Mister Wingate himself, morte ou vive.
Votre périple vous mènera dans 6 régions : Hicksville, contrôlée par le bandit Bill, as de la carabine ; les rochers, sur lesquels règne Cutter Boomerang (devinez avec quoi il attaque) ; le village comanche, dont le chef Devil Hawk vous lancera des boules de feu ; la montagne de la mort, au sommet de laquelle vous attend Ganon… euh je veux dire, le Ninja Darts, qui tentera de vous transpercer de ses shurikens meurtriers ; la rivière cheyenne, avec Fatman Joe qui se bat avec un genre de bazooka ; et enfin Fort Wingate, au terme duquel vous attend de pied-ferme Mister Wingate, qui a planqué une mitraillette sous son sombrero.
Vaincre le boss recherché permet d’accéder à la région suivante, non sans avoir empoché la prime.
I’m a poor lonesome cowboy
Vous entamez votre périple à pied, avec vos 2 fidèles colts pour seuls compagnons de voyage. Par chance, ils sont magiques ces flingues. Ils ont des munitions illimitées, ce qui ne sera pas le cas des armes que vous allez vous saigner à acheter par la suite, mais faut bien pimenter le jeu non ?
Vous pouvez vous déplacer n’importe où sur l’écran (de droite à gauche, de haut en bas, en diagonale), qui lui-même se déplace verticalement. Les ennemis affluent par le haut ou les côtés de l’écran, donc autant que faire se peut restez vers le bas de celui-ci (en plus, vous ne pouvez pas tirer derrière vous ni vous retourner). Avec ça, vous mourez à la première balle reçue, donc attention.
Les ennemis qui passent leur temps à vous canarder sont donc les Wingates, sorte de Horde Sauvage ayant donné des cauchemars à Henri Fonda, sauf qu’il y en a plus de 150. Mais on retrouve aussi des Indiens dans le niveau 3. Les peaux-rouges vous attaquent probablement parce que, euh… ben vous passez par leur village et ils se sentent menacés, quoi.
Les méchants attaquent avec des revolvers, fusils, arcs, mitraillettes, etc. Certains sont mobiles, d’autres sont postés sur un toit ou à une fenêtre et vous snipent.
Pour les contrer, la seule commande à disposition est le tir (un double tir en fait puisque vous avez un pistolet dans chaque main). Bouton B, vous lancez le double tir à 45° sur votre gauche ; Bouton A, à 45° sur votre droite. En appuyant simultanément sur ces 2 boutons, vous tirez verticalement, droit devant vous. Par contre, il n’est pas possible de tirer un coup à gauche et un coup à droite simultanément, on part du principe que Billy Bob ne peut pas viser avec la tête tournée. Assez réaliste ce jeu finalement, ça change des films où Charles Bronson ou John Wayne tuent 3 mecs avec un seul coup de feu.
Le double tir est parallèle quand vous tirez devant vous, mais avec un angle quand vous flinguez sur les côtés.
En général, une balle suffit à mettre à terre un méchant (sauf les bosses, bien sûr).
Les décors sont jonchés de sortes de caisses ou tonneaux. Tirer répétitivement dessus permet de faire apparaître un item. Il y en a 5 ou 6 différents : des sacs d’oseille, ce qui vous donne du fric on est ok ; des cartouches pour les flingues autres que ceux du départ ; des fusils qui permettent d’allonger la portée des tirs ; des bottes qui permettent de courir plus vite. On peut stocker jusqu’à 4 fusils et bottes (leurs bienfaits se cumulent). Inversement, le crâne de buffle est un item vous faisant perdre un fusil et une botte, à éviter donc. Enfin, le yamashi, sorte de symbole cruciforme cher à Capcom, vous donne 1 vie supplémentaire s’il est rouge, et vous rend temporairement invulnérable s’il est bleu.
Les bandits vaincus laissent de temps en temps des cartouches en passant l’arme à gauche.
Aux sombreros de l’amer
Trouver des sacs de $ et vaincre des bandits dont la tête est mise prix vous permet d’amasser un petit magot, que vous allez pouvoir dépenser dans des magasins. En fait de magasins, vous abordez des commerçants situés en bordure d’écran. Ceux-ci (2 par niveau) vont vous étaler leur catalogue et il n’y a plus qu’à faire ses emplettes. Il est ainsi possible d’acheter de nouvelles armes chez le 1er ou bien des items spéciaux chez le second. Comme un cheval. Un peu cher, votre fidèle destrier blanc devenu un brin vénal à force de traîner avec vous va prendre les coups à votre place. Ah ben voilà pourquoi il voulait pas venir. Lorsqu’il est touché 3 fois, il périt et vous devez continuer à pied. À noter que dans le niveau 1, il est possible de ramasser l’item cheval en tirant dans une caisse.
Dans la version NES, le levelling se répète à plusieurs reprises (une fois arrivé au bout de la région, on repasse au début sans discontinuation). En effet, pour arriver au boss de fin de niveau, il vous faut l’objet «wanted», sorte de photo de l’individu en question. Les wanted s’achètent auprès du commerçant qui vous vend le cheval. À noter qu’ils sont très chers, et de plus en plus onéreux à mesure que vous progressez dans le jeu. Si vous n’avez pas les thunes ou rechignez à allonger la monnaie, vous pouvez toujours espérer en ramasser un sur le sol. Effectivement, lorsque vous traînez trop dans une région, cet objet va apparaître tout seul. Il n’y aura plus qu’à se baisser pour le ramasser (mais il n’est pas toujours évident à voir et parfois difficilement accessible).
Le monde se divise en 2 catégories : ceux qui ont des (bons) flingues chargés et ceux qui sont dans le caca
Je disais donc qu’il est possible d’acquérir de nouvelles armes, pour varier un peu les plaisirs et laisser refroidir vos 2 flingues de départ. Il y en a 4 à acheter (prix fixe à chaque niveau) :
Shotgun : 6.000$. Max : 120 cartouches. Sorte de fusil à pompe, il tire dans 4 directions différentes à chaque fois, avec un angle de 90° en tout. Appuyez sur B, il va vous quadriller toute la partie gauche, sur A la partie droite, et avec A+B le champ de tir s’étend de 45° gauche à 45° droite.
Une bonne arme, indéniablement, idéale avec beaucoup d’ennemis près de vous, notamment sur la même ligne, et pas chère avec ça.
Machine Gun : 10.000$. Max : 400 cartouches La mitraillette. Vos 2 flingues de base avec tir automatique. Ou comment se défaire de 5 ou 6 bandits avec une seule pression de bouton. Particulièrement jouissif.
Magnum : 20.000$. Max : 100 cartouches. Le magnum est un revolver particulièrement puissant et meurtrier. Comme vos 2 flingues de base sauf que les balles sont beaucoup plus grandes et font donc plus mal. Notamment, elles traversent les ennemis, donc une cartouche peut dégommer 3 ou 4 mecs, c’est bon ça (euh, c’est moi qui vantait le réalisme du jeu ? passons…). Bien sûr, le magnum est très intéressant contre les bosses ; pour le reste du niveau j’avancerais que le rapport qualité/prix est moindre que la mitraillette ou le shotgun.
Smart Bomb : 8.000$. Max : 1. Alors ne me demandez pas d’explication rationnelle concernant cet objet. Sachez juste que si vous la portez, vous bénéficiez d’un joker si vous êtes touché : au lieu de mourir, la balle reçue va déclencher la bombe qui va exploser tous les ennemis à l’écran. Pratique, notamment quand on n’est pas à cheval. Pendant que vous la portez, vous tirez avec les flingues standards.
Vous achetez ces objets sans munitions. Il faudra donc ramasser des cartouches avant de pouvoir s’en servir. Si une arme équipée n’a plus de carburant, vous passez par défaut sur les flingues standards. Par contre, une cartouche ramassée vient augmenter les munitions de toutes les armes (comme dans Metal Gear). À noter que pour charger la Smart Bomb, il faut ramasser une cartouche.
De quoi bien s’amuser en somme. Rayon mauvaise nouvelle, on perd le flingue équipé quand on se fait descendre (sauf l’équipement de départ bien sûr).
Du coup, la gestion des armes équipées doit tenir compte de ce paramètre : si vous êtes à pied, il est bon de prendre la Smart Bomb, ça fait un joker. Si vous la perdez, vous pouvez prendre une arme efficace et pas chère comme le shotgun. Parce que risquer de perdre le magnum à 20.000$ c’est toujours désagréable. Par contre, une fois à cheval, vous pouvez vous lâcher et prendre les meilleures armes.
Résumé
Gun.Smoke est un jeu fort sympa, sans prise de tête. Ça défoule bien, et c’est plutôt fun de se retrouver dans un environnement type Far West (c’est assez rare finalement).
Bon, y a rien d’exceptionnel non plus, on passe de bons moments à y jouer de temps en temps.
Notes
Graphismes : pas mal. On retrouve un environnement typique avec saloons, vêtements et bâtiments d’époque, teepees… L’animation est de qualité, les ennemis sont variés et colorés, ils ont des armes et des séquences de tir différentes. Aucun ralentissement n’est à déplorer, même avec plus de 5 balles à l’écran, ce qui est assez remarquable.
Son : le thème musical change à chaque niveau, et la bande-son est très agréable à écouter en mettant complètement dans l’ambiance. Les bruitages sont classiques mais de qualité (on notera pas mal de similitudes avec ceux de Bionic Commando, autre jeu NES made in Capcom).
Gameplay : honorable. On ne peut que tirer. Heureusement il y a 5 armes différentes. Plus les objets à collecter (ou acheter) dont le cheval, les wanted et les objets bonus. Il n’y a pas forcément besoin de plus.
Difficulté: bonne car progressive. Les premiers niveaux sont assez simples, ça se corse par la suite (à partir du niveau 3, dès le 4 ça devient très dur !). Les bosses constituent un challenge intéressant. Ils ne sont pas spécialement forts, mais lorsque vous les affrontez, vous devez aussi vous débarrasser des ennemis standards qui continuent à vous canarder. Mention pour le boss de fin, qui a un jumeau caché dès que vous le supprimez !
Un petit mot pour dire que si vous vous faites descendre, vous redémarrez au même endroit avec une vie de moins (et l’arme équipée en moins donc). Si vous épuisez toutes vos vies, vous pouvez prendre un continu et redémarrez au début du dernier niveau, mais sans arme ni thunes. En clair, il sera presque impossible de revenir dans le coup ; il vaut mieux compter finir le jeu avec le 1er game over (ou avec un émulateur bien sûr).
Durée de vie: un poil limitée. C’est marrant de faire le jeu une voire deux fois, plus une fois de temps en temps, mais ça s’arrête là. Cette faiblesse tient à la répétitivité de l’action (run and gun) et également à la répétition du levelling. En plus il n’y a que 6 niveaux, on arrive au bout assez vite.
Verdict
15/20. J’hésite entre 7 et 8… bon je vais quand même mettre 8, parce que le jeu a pas mal de qualités et presque pas de défauts ; il n’a pas trop d’ambition mais la remplit complètement.
Autres versions
J’ai testé vite fait les versions Amstrad et Arcade.
Amstrad : nom : Desperado - Gun.Smoke. Jeu presque injouable. Longs temps de chargement avant de commencer, graphismes médiocres, jouabilité mauvaise (on ne peut tirer que verticalement et pas sur les côtés). Les niveaux et les bosses changent de la version NES. Sans avoir trop poussé l’étude, je mettrais 4/10.
À noter qu’une suite a été faite uniquement pour le CPC : Desperado 2.
Arcade : la version originelle. Jeu agréable, assez proche de la version NES côté réalisation technique (en un peu mieux bien sûr).
On note que la version Arcade comporte plus de niveaux (10 contre 6) et que l’ordre, le nom et l’apparence des bosses ont été modifiés sur NES. Cette version est réputée pour être l’un des jeux Capcom les plus difficiles.
Les bosses et leur armement : Master (Winchester), Roy (poignard), Ninja (shurikens), Cutter (Boomerang), Pig Joe (Dynamite), Wolf Chief (Shotgun), Goldsmith (double fusil), Los Pubro (double flingue), Fat Man (mitraillette), Wingate family (mitraillette et fusil). La famille Wingate (le père et les 2 fils) constitue les bosses de fin, alors que sur NES c’est Los Pubro qui a pris le nom de Wingate.
Autres différences : en Arcade, une seule arme disponible pour le héros, pas de scénario, musiques différentes, les munitions servent à augmenter la rapidité des tirs et non à donner des munitions pour les nouvelles armes, pas de possibilité d’achat auprès des commerçants, et enfin pas de répétition du levelling (une fois arrivé au bout du niveau, on tombe sur le boss sans avoir besoin de wanted).