Fist of the North Star est un jeu vidéo NES publié par Taxanen 1989 .

  • 1989
  • Beat them all

Test du jeu vidéo Fist of the North Star

0/5 — Nul !! par

Je viens de me retrousser les manches. J’attaque en effet le test d’un jeu de merde, soyons francs, et c’est d’autant plus douloureux qu’il est tiré d’une excellente licence, l’un des rares mangas que j’aime : Hokuto no Ken (Ken le Survivant chez Dorothée). Ceci est d’ailleurs le deuxième jeu du nom au Japon.

MOI JE LÈVERAI LE POING ENCORE PLUS HAUT ENCORE PLUS LOIN

D’après le livret du jeu, sic transit : « Ken doit se frayer un chemin à travers huit scènes pour sauver ses amis de la tyrannie de l’Emporer (oui, o avant et e après) Heaven. Utilisant ses poings d’ours (!), ses boules de feu et son Gento Karate, Ken doit affronter et vaincre huit ennemis vicieux qui attaqueront… » Blablabla. Oui ça fait mal, presque autant que le Hokuto de cuisine. Mais croyez-moi, c’est loin d’être le pire.

I WANT TO BE YOUR LUCKY STAR

Fist of the North Star est un beat ‘em all. Il comprend huit stages au cours desquels vous affronterez des ennemis, des sous-boss parfois et, de toute façon, un boss à la fin du niveau. Jusque là tout va bien.

Concernant les environnements que vous allez traverser, c’est déjà plus compliqué. Sur le papier, vous êtes censés traverser un camp de concentration, une base militaire, un hôpital ou encore une forteresse. Dans la vraie vie, vous vous retrouverez au milieu de décors bancals, faits d’amas de pixels de différentes couleurs et qui se ressemblent à peu près tous.

Ken dispose d’un bouton pour les coups de pieds (A) et d’un pour les coups de poings (B). Là encore, l’intérêt de la chose peut laisser pantois puisque les coups de pieds frappent loin et fort, tout le contraire des coups de poings. Mais il y a une raison tout de même : il faudra à un moment du jeu casser des murs de briques. Dans ce cas le coup de pied ne peut détruire que les briques du haut et du bas, pas celle du milieu. Wouh, heureusement que Ken n’est pas manchot…

Hormis cela, vous vous servirez de la direction haute de la croix pour réaliser un saut de folie jusqu’en haut de l’écran si ça vous amuse. Enfin, vous utiliserez A et B en même temps pour réaliser une boule de feu. Mais pas n’importe quand.

En effet, il faut d’abord remplir la jauge d’étoiles en haut d’écran (sept étoiles en version U, dix en version J). Et ce n’est pas si simple. Il faudra récolter les étoiles creuses qu’abandonnent parfois les ennemis, pour arriver à remplir la jauge de moitié. Après, inutile de continuer puisqu’il vous faudra des étoiles pleines ! Celles-ci sont aussi abandonnées par les ennemis ; le problème c’est qu’ils peuvent très bien commencer par vous filer des étoiles pleines (qui ne servent à rien tant que vous n’avez pas rempli votre jauge de moitié), puis des vides quand vous n’en aurez plus besoin, si l’ordinateur a envie de vous faire chier ! Bref, une fois la jauge pleine, vous vous transformez en monsieur muscle et pouvez envoyer des boules de feu. Vous pouvez aussi laisser le bouton de coup appuyé pour frapper sans discontinuer et vous réalisez des enchaînements de fou.

Mais ce n’est pas si simple, qu’est-ce que vous croyiez ? Vous ne pouvez balancer qu’un nombre de boules de feu dépendant de votre jauge d’aura. Ah, v’là aut’ chose. La jauge d’aura se remplit d’un cran pour chaque vingtaine d’ennemis tués. Sachant qu’il doit y avoir dix-neuf ennemis dans chaque niveau, vous allez bien vous amuser.

Dernier point amusant : vous ne pouvez récupérer de la vie qu’en battant un mini-boss, ou en récupérant un drapeau. Le truc rigolo, c’est que les drapeaux sont obligatoirement dans une salle du niveau, jamais en extérieur. Premier truc sympa, la manip’ pour passer une porte a été pensée pour être simple : il faut appuyer en même temps sur A et B et aller vers la droite. Deuxième point fort logique : on ne peut pas passer une porte si l’on est invincible, de même qu’on ne peut pas non plus grimper à un escalier. Pourquoi ? Bah c’est comme ça. Troisième point : il y a des niveaux qui se déroulent uniquement en extérieur ! Donc pas de porte. Et pour peu qu’il n’y ait pas de demi-boss non plus, vous devrez vous démerder sans regagner de vie.

SURVIVANT DE L’ENFER ?

Nous voici donc devant une aventure des plus traumatisantes. Rien que d’imaginer que j’aurais pu, par mégarde, calculer ce jeu dans un rayon de mon Leclerc à l’époque, me file rétrospectivement des frissons.

Fist of the North Star n’est pas un jeu. N’est rien. Est moins que rien. L’amas de pixels informes aux couleurs criardes qui se forme sur votre écran n’a pour but que de prouver la véracité de la théorie qui disait à l’époque que le jeu vidéo rendait épileptique et qu’on se prenait pour un kangourou sous acides sitôt qu’on appuyait sur le bouton de mise en marche de la console.

Les sprites ne sont même pas détourés, histoire de bien se faire chier à reconnaître qui est où, et l’écran clignote à la moindre apparition d’un sprite (sprites qui sautent depuis le haut de l’écran sans s’arrêter à de bêtes considérations physiques comme « il y a un mur, faut pas que je le traverse »), pire qu’un stroboscope dans une boîte à Jacky.

La bande-son a été réalisée par un singe sur un xylophone électrique, et le résultat est agréable. Enfin, il est agréable si, comme moi, vous êtes un adepte des concerts de scie égoïne sur chat vivant en miaulement mineur, parce que les piaillement suraigüs et les basses grésillantes ne sont pas à même de rentrer dans le tympan d’un mélomane sans lui arracher la moitié de l’oreille et un bout du cerveau en passant.

Mais tout ceci n’est rien. Non, ce n’est même pas grave, pas si on le compare à l’expérience ressentie manette en main. Outre les bugs pré-cités (les ennemis traversent vraiment murs et plafonds, sans oublier ceux qui tombent en bas d’écran pour mieux réapparaître en haut), la gestion des collisions a été confiée à Line Renaud, si bien que traverser un ennemi sans le toucher ou se faire traverser par un de ses coups est tout sauf rare. C’est un trip hein. Faut aimer, quoi. Faut aimer aussi les sauts qui prennent tout l’écran, les passages d’un quart d’heure sans le moindre ennemi, la platitude du level-design, la difficulté surhumaine lorsque surgissent, après trois kilomètres de cueillette de champignons, des dizaines d’ennemis huit fois plus rapides que votre pathétique héros et douze fois plus résistants… Faut aimer l’aberrant système de bonus à géométrie variable, faut aimer ne pas prendre le moindre plaisir lorsqu’on joue à un jeu vidéo.

C’est un concept. Voilà, c’est ça. Toei a inventé le véritable non-jeu, mille lieues en dessous du génial Superman 64. La cartouche réservée dans les hôpitaux psychiatriques pour punir les occupants trop nerveux. La cartouche que même la fameuse secte des arracheurs de poils pubiens au scotch double face a refusé d’acheter. La cartouche que, même chez Toei, on a eu honte de la souiller en y mettant le jeu. La cartouche qui fait que, définitivement, je préfère mille fois à Ken le Survivant ce bon vieux Chuck Norris.

Fist of the North Star