Même si on n’en connaît pour l’instant que deux en Europe, Dragon Quest comprend huit épisodes à l’heure actuelle. Les quatre premiers sont sortis à l’origine sur Famicom, et les trois premiers forment une trilogie appelée trilogie de Roto. Ceci en est donc la dernière partie.
JE RÈGLE MON PAS SUR LE PAS DE MON PÈRE
Le jour de votre seizième anniversaire, votre mère vous réveille en sursaut et vous envoie, à peine les quinquets ouverts, parler au roi. Celui-ci vous félicite de vouloir devenir un héros - rappelons que jusqu’ici vous n’avez rien demandé, c’est votre mère qui vous a poussé au cul hein - et ainsi de suivre les traces de votre père Ortega. Votre mission vous conduira à affronter l’Archimonstre Baramos qui fout son boxon sur toute la planète.
TOI, PLUS MOI, PLUS EUX…
C’est incroyable de voir le nombre de choses qui ont changé entre cet épisode et le précédent, alors que la série des DraQue est réputée, à juste titre, statique. Seul point commun ou presque, Dragon Quest III est un RPG dans lequel il vous faudra vous frayer un chemin à travers des tartines de donjons jusqu’à la fin du jeu.
Mais pour commencer, vous ne serez cette fois pas seul. La dernière fois non plus tu vas me dire, mais cette fois l’équipe compte quatre membres. Ce qui change surtout, c’est que chaque personnage a une classe de job comme dans certains Final Fantasy. Ainsi le héros a pour classe « héros » (ouaouh !) mais à la ligue du début du jeu, vous pourrez recruter un soldat, un mage, un pélerin, un marchand… Il existe trois personnages préfabriqués par le jeu, mais vous pouvez en créer à partir de rien. Vous ne pourrez par contre prendre que trois acolytes à la fois. Chaque classe dispose de ses propres caractéristiques, que ce soient les statistiques (HP, MP, défense, force, etc.), son aptitude ou non à la magie ou encore l’équipement qu’il peut porter.
À propos d’équipement, vous pouvez bien entendu acheter ou récupérer dans des coffres les armes, armures et divers objets de soin ou items spéciaux comme d’habitude, mais comme précédemment vous êtes limités à une dizaine d’objets (équipement compris, et deux objets identiques prennent quand même deux places) par perso. Pensez à vous délester des objets inutiles soit en les revendant, soit en les confiant à la banque.
Des objets aux divers menus, il n’y a qu’un pas que je franchis allègrement. Tout d’abord, si vous vous arrêtez une seconde de marcher, une petite pop-up apparaît, vous indiquant les HP, MP et niveaux de vos persos. Ensuite en appuyant sur A, vous faites apparaître le menu de base. Vous y choisirez de voir vos stats, utiliser un sort, gérer vos objets, vous équiper, etc. Chaque validation (bouton A) ouvre une nouvelle partie du menu, alors qu’une annulation (bouton B) vous fait tout quitter d’un coup. De même lorsque vous avez fini de valider vos choix, vous sortez du menu. Ce qui signifie dans les deux cas qu’il vous faudra de nouveau tout recommencer à chaque fois. Un principe ultra-lourd, mais c’était la norme à l’époque dans la saga.
Un mot enfin sur votre environnement de jeu. Tout d’abord, fait son apparition le passage du jour à la nuit. À force de marcher sur l’atlas, le temps passe et la nuit tombe ou le jour se lève. Ceci a deux conséquences : les monstres sont plus puissants la nuit, et vous ne pourrez effectuer certaines actions ou parler à certaines personnes qu’à certains moments. Ensuite, les moyens de transport sont doublés ! Bah oui, jusque là vous ne pouviez vous déplacer qu’en bateau si vous ne vouliez pas vous farcir les trajets à pinces. Désormais vous pourrez utiliser un phénix, qui vole bien entendu, y compris par dessus les montagnes.
BADABOUM !
Les deux premiers DraQue nous avaient déjà enfermés dans une sorte de torpeur où tout était figé dans le marbre. Les habitudes prises dans le premier pouvaient être gardées dans le second, sans souci. Mais là…
Visuellement ce n’est pas la révolution, mais globalement les environnements sont quand même plus détaillés. Le jeu est plutôt joli dans son ensemble, et les thèmes qui l’accompagnent sonnent agréablement, d’autant qu’ils sont totalement dans la mouvance de ceux des autres épisodes. Du bon donc, ceci dit ce n’est pas sur la réalisation technique qu’il faut chercher la nouveauté, mais partout ailleurs.
Déjà le scénario se construit. On ne reconnaît pas notre environnement au début du jeu (les deux premiers se déroulaient dans le même monde et mettaient en scène le même héros), et on ne comprend le rapport de celui-ci avec les autres qu’à la toute fin, à la faveur d’une petite pirouette scénaristique bien amenée.
Ensuite, du point de vue du jeu lui-même, les nouveautés sont conséquentes : le système de jobs pour commencer, souffle un vent de fraîcheur dans la saga. Cela dit c’est une repompe des FF, et le système ne sera jamais repris plus tard, quoi que le neuvième épisode semble s’y remettre. Autres nouveautés, le passage du jour à la nuit et le moyen de transport volant seront, eux, repris à chaque fois et toutes ces petites choses apportent un gros plus au jeu. Seul point noir, le menu est toujours casse-burnes à utiliser et franchement lourdingue à la longue.
À côté de ça, on reste devant un jeu extrêmement difficile à terminer, où le très long levelling est totalement obligatoire, où les objets sont chers et l’argent rare et où aucune faute n’est permise. L’aventure tient pas loin de quatre-vingt heures la première fois, et pour les masos comme moi qui veulent le recommencer, comptez tout de même la soixantaine en ligne droite.
C’est certain, c’est toujours très roots. Les nouveautés sont bien vues mais n’attireront pas le joueur de FF, la faute à un emballage trop fruste. Par contre n’oublions pas que c’est le jeu qui a obligé le gouvernement japonais à pondre une loi interdisant la vente de nouveaux jivés le mercredi sur l’archipel (l’absentéisme scolaire a été tel à la sortie du jeu qu’on se demandait ce qu’étaient ces étranges établissements appelés écoles), et très honnêtement on comprend pourquoi. Pour peu que l’on s’en donne la peine, on participe à l’un des premiers RPG nippons vraiment intéressants sur - presque - tous les points. Je ne le répèterai jamais assez : chaque épisode des DraQue devrait être joué au moins une fois par qui se dit amateur de RPG, et celui-ci plus que tout autre sur NES.