En principe on reconnaît facilement un jeu Taito. Taito, c’est une boîte qui faisait de super bons jeux, techniquement très réussis et agréables à jouer, mais avec le charisme d’une moule. Bref, des jeux auxquels on ne peut objectivement rien reprocher, mais pour lesquels il est difficile de s’enthousiasmer. Le « en principe » du début a toutefois une utilité, puisqu’il existe des exceptions.
C’EST LA CHENILLE QUI REDEMARRE
Il y a fort longtemps, le roi des démons Dark Fiend s’est dit qu’un peu de vacances ferait du bien à son teint épouvantable, et il décida d’aller au club Med local afin de participer à diverses activités ludiques, telles que démembrages d’enfants, viols en série ou arrachages de colonnes vertébrales de vieux, tout ce qu’un démon peut attendre d’un séjour de plaisance. Mais il y a toujours quelqu’un pour aller faire chier le voisin et un beau jour, un mec décida d’aller planter son épée tout juste forgée dans les trois yeux de Dark Fiend.
Trouvant le malotru particulièrement malpoli, Fiendounet s’en retourna penaudement chez lui et se dit qu’on ne l’y reprendrait plus. Mais il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis, alors mille ans plus tard Darkouille, pensant qu’il avait assez boudé, réserva la semaine pour un nouveau séjour touristique. C’est désormais un certain Victar qui dispose de l’épée nommée Demon Sword, et le bougre compte réitérer l’agression perpétrée par son lointain aïeul. La rancune a la vie dure.
LE SECRET DES POIGNARDS VOLANTS
C’est à un jeu d’action/plates-formes que nous avons affaire, où l’on dirige Victar à travers quatre mondes. Les trois premiers sont constitués de deux niveaux chacun, le dernier d’un seul, et tous les stages comportent un boss en fin de parcours.
Les environnements font irrémédiablement penser à Chinese Ghost Stories, et on traversera une forêt de bambou, un cimetière lugubre ou encore une pagode hantée, agressés par des flots infinis d’ennemis morts-vivants qui ont la curieuse habitude de vous sauter dessus à tout va, même si vous n’avancez pas.
Mais qu’importe car Victar, expert en arts martiaux, est capable de véritables prouesses. Il frappe à l’épée au moyen du bouton A et envoie des shurikens (en quantité illimitée) avec le B. Dès lors au premier ravin venu on se demande comment sauter. Très simple, une bête pression sur la direction haute et Victar bondit comme un cabri. Il monte… monte encore… ma parole, il vole ou quoi ? Oui, Victar est capable de faire des sauts démesurés et nous voilà d’un coup plongés en plein Tigre et Dragon. On manie un de ces super-héros asiatiques qui défient les lois de la gravité et, manette en main, le résultat s’avère assez jouissif, d’autant qu’en plus le héros peut s’accrocher à des tas de choses (troncs d’arbres, poteaux, etc.) et y grimper pour sauter d’encore plus haut ! Il court aussi comme dans les dessins animés nippons, bref on s’y croit à bloc malgré les trois pixels sur deux du bonhomme.
A force de taillader ses ennemis, il découvrira aussi des armes magiques. En appuyant sur Start, vous appelez le menu vous permettant de choisir l’une des quatre armes, que vous activerez ensuite en appuyant sur A et, de retour au jeu, vous l’utiliserez en appuyant sur Select.
Parmi les autres objets que vous dégotterez, se trouve de quoi vous soigner, mais aussi des shurikens plus puissants, un item qui vous rend invincible tout en vous créant deux clones (vous ne pouvez alors plus utiliser de magies) ou encore un phénix qui vient vous sauver si vous tombez dans un trou (seulement dans les deux premiers stages).
Enfin, vous trouverez parfois des clefs. Dès lors, si vous vous approchez d’une des portes du niveau (elles ne sont pas vues de face mais de profil, et elles sont surmontées d’une tête de démon) et si vous appuyez vers le bas, vous entrez dans la Dimension Mystique. Parfois ce sera un endroit sans ennemis où vous pourrez récupérer l’un des pouvoirs magiques, parfois ce sera un donjon où vous devrez battre un boss pour vous échapper.
C’EST D’LA BOMBE BABY !
Tout concordait à faire de ce Demon Sword un autre jeu bien fait mais chiant : la jaquette avec son bodybuilder schwarzeneggien, le titre qui fait peur aux n’enfants, le scénario sorti d’un Livre dont Vous êtes le Héros et le logo Taito, tout était là.
Mais cette fois-ci il n’en est rien. D’abord parce que l’ambiance est assez unique pour l’époque : on est vraiment dans une sorte d’Histoires de Fantômes Chinois vidéoludiques, les décors rappellent d’ailleurs bougrement les films et le jeu est globalement fort joli, même si les couleurs utilisées sont parfois un peu étranges.
Les animations aussi permettent de s’y croire, avec ces sauts démentiels, tant des ennemis que du héros, et cette faculté qu’ils ont tous à s’accrocher un peu partout. Même la bande sonore est en accord, les limitations de la machine ne suffisent pas à gâcher le plaisir.
A jouer aussi, Demon Sword est un petit bonheur. C’est un véritable plaisir que de courir comme un ninja et de traverser les écrans du jeu en sautant comme un cabri et en frappant tout ce qui se jette sur nous, même si les réflexes devront être affutés pour gérer la vitesse des adversaires.
Et leur nombre infini. Et certaines phases retorses. Et les boss résistants et violents. Car oui, si Demon Sword est vraiment plaisant, sa difficulté peut en rebuter plus d’un. Pourtant le jeu n’est pas bien long, car même si les stages sont étendus, on les traverse tellement au pas de charge qu’ils ne font pas long feu. Et vu qu’ils ne sont que sept, Demon Sword tient au final une heure maximum une fois qu’on a pris les bons réflexes.
Je suis rarement enthousiaste quand je teste un jeu Taito. Poli et respectueux envers leur travail, oui, mais c’est pas pour autant que je m’enflamme. Là oui. Et si vous aimez les jeux au challenge un poil relevé, n’hésitez pas à le tester.