Développé par Kellyn Beck, édité par Cinemaware en 1987.
« Damned ! The King is dead ! How tragic !
The year is 1149, and the country is being torn to pieces through civil war. The Saxons and the Normans are fighting each other fiercely, each side longing for the vacant throne and hell-bent on wiping out the enemy… »
Hein ? Quoi ? C’est en anglais ? Ben oui, et alors ? Le jeu dont il est question aujourd’hui a pour objectif suprême la conquête du trône britannique. Donc je me mets dans l’ambiance ; English is of the essence, right ?
Non ? Rien à cirer, vous dites ? C’est en français ou rien du tout ? Ah bon… je suppute des relents d’animosité France-Angleterre derrière tout ça… enfin ! Qu’à cela ne tienne, je m’en vais vous expliquer tout ceci dans la langue de Molière.
History will teach us nothing
Revenons à nos moutons : nous sommes en l’an de grâce (ou pas) 1149, en Angleterre. Le roi anoblit six guerriers qui l’ont mené à la victoire lors d’une Croisade. Manque de pot, il se fait assassiner peu après, sans laisser d’héritier. Great Scott ! Et donc, le trône commence à faire l’objet de bien des convoitises !
En particulier, deux factions se font la guerre et ne s’arrêteront devant rien jusqu’à ce que l’une d’entre elles ait écrasé l’autre et pris le pouvoir. Il s’agit des Saxons et des Normands. Ces derniers ayant envahi le territoire britannique en 1066 sous le règne de Guillaume le Conquérant. Mais… mais ce sont des Français, quoi !!! Eh bien ici, on incarne les Saxons, qui entendent bien défendre leur île et exterminer cette racaille normande (sic). Histoire de chatouiller la fibre patriotique outre-manche, I guess.
Le jeu est une sorte de RTS avant l’heure, rudimentaire, avec des séquences d’action (le mot n’est pas le plus à propos). Ça se présente donc sous l’apparence d’une carte d’Angleterre morcelée en différents contés, parmi lesquels on voit six châteaux, trois saxons (bleus) au nord et trois normands (rouges) au sud. Après l’écran-titre, on choisit lequel des seigneurs saxons on va incarner, parmi quatre. Chacun possède trois aptitudes dans lesquelles il peut se sentir weak, average, good ou strong : autorité, tournois et épée (lire plus loin). On dispose d’un peu d’argent au début, et on en gagne un peu à chaque tour en fonction des territoires qu’on occupe et de nos forces armées, chaque tour correspondant à un mois dans le jeu.
Montjoie Saint-Denis
Il y a plusieurs actions possibles lors du déroulement de la partie. À l’écran-carte figure un menu proposant plusieurs options : le tournoi peut être organisé par vous (à vos frais), ou bien vous pouvez y être convié. L’on peut y combattre pour l’honneur (fame) (ce qui renforce votre ascendant sur vos hommes si vous gagnez) ou les terres de l’adversaire (land). À cette occasion on participera successivement à une joute (combat à la lance où les deux protagonistes se précipitent l’un vers l’autre en armure, avec pour objectif de faire vider les étriers à l’autre), où l’on est censé pouvoir diriger l’extrémité de notre lance vers le bouclier de l’adversaire avec la croix, et un combat à la masse d’armes vu de profil où on se dirige (en théorie encore) vers l’opposant à droite, en levant notre bouclier avec B et en attaquant avec A (ou A et bas pour frapper bas).
Ensuite on a la possibilité d’acheter une armée : en fonction de l’argent en notre possession, on pourra acquérir de simples soldats (efficaces pour défendre notre château et autres garnisons), des chevaliers (meilleures unités pour attaquer une armée hostile), des catapultes (pour assiéger un château ennemi) voire un château en rab.
Puis vient l’option conquête en elle-même, qui nous demandera d’abord de transférer des hommes de notre château vers notre armée. Attention, car videz entièrement le château et vous vous trouverez fort dépourvus lorsque la torgnole ennemie en vos terres sera venue. Ensuite on doit déplacer l’armée (zone inoccupée pour la réclamer sienne, zone ennemie pour l’attaquer, zone amie pour, euh… l’attaquer aussi). En cas d’agression contre un adversaire, on passe alors à un écran vraiment pauvre, au fond vert gerbant (vous haïrez le vert après avoir essayé cette cartouche, beuark !), avec deux-trois machins censés représenter qui un soldat, qui un chevalier, sommairement animé de façon à agiter faiblement les bras, jusqu’à ce que l’ordinateur décide de l’issue du conflit. Pendant celui-ci, on peut modifier la « tactique », en choisissant parmi : Hold your ground (maintenir ses positions), Ferocious attack (attaque téméraire), Bombard (bombardement), Outflank (débordement) ou Retreat (retraite). Selon le manuel, c’est pour s’adapter aux statistiques de l’adversaire (les statistiques citées au début du test auront une influence sur les batailles, une autorité forte commandant l’obéissance de vos hommes, alors qu’ils auront tendance à se méfier de vous si vous êtes une lavette ; une maîtrise décente du combat à l’épée s’avérant fort utile lors de combats ; l’aptitude « tournois » contribuant à vous faciliter la tâche lors de ces derniers). Honnêtement, je n’ai pas persévéré suffisamment dans ce jeu pour me hasarder à juger de son efficacité ; j’ai crevé à peu près tout le temps, donc ce qui est sûr, c’est que j’avais pas chopé le truc.
L’attaque d’un château ennemi nécessite de posséder au moins une catapulte. On se retrouve alors en face de fortifications qu’on doit démolir à coups de rochers, avant de pouvoir aussi balancer des projectiles enflammés voire des saloperies pleines de germes pour répandre la maladie dans les murs honnis. Une fois les murailles abattues, on se retrouve à l’intérieur à se livrer aux joies du combat à l’épée, un peu comme les duels à la masse d’armes lors des tournois, d’abord contre des sous-fifres, puis le seigneur des lieux.
Enfin, viendra un moment où l’ennemi nous défiera en nos terres et où il faudra bien défendre notre château. Ici, il s’agit d’éliminer les soldats adverses qui escaladent nos remparts et apparaissent au niveau des créneaux ou des tours, en leur tirant dessus à l’arbalète, donc on contrôle les déplacements horizontaux ainsi que l’élévation.
Je finis ici en signalant que Robin Hood himself nous prêtera main-forte par trois fois maximum pour livrer bataille, si on le lui demande. Il y a aussi une damoiselle à secourir, apparemment, mais je n’ai pas progressé suffisamment pour pouvoir choisir cette séquence (m’en fiche, d’ailleurs). Et sachez qu’une fois les Normands vaincus, il faudra porter votre attention vers vos « alliés » saxons. En gros c’est comme dans Highlander : il ne peut en rester qu’un !
Réalisation technique
Visuellement c’est moche. Mais vraiment moche ! À l’exception de certains tableaux fixes pas trop mal (approche d’un château, Robin des Bois près du feu, voire le décor lors des duels à l’épée), les couleurs sont baveuses et criardes (rhââ ce vert !), les personnages difformes et mal animés, les décors faits à la va-vite ; rien ne nous est épargné ! Les différentes phases de jeu sont entrecoupées par des écrans avec du texte difficilement lisibles car les phrases sont trop ramassées et les couleurs bavent. L’animation est pauvre et mal fichue (les combats à la masse d’arme, les duels à l’épée…), le son n’est pas en reste et nous offre une « musique » irritante lors de certaines séquences, mais heureusement aussi pas mal de moments de silence. Quant à la maniabilité, elle est ignoble : les combats sont ingérables. Que ce soit pendant les joutes à la lance (impossible de seulement percevoir une réaction quelconque dans l’arme à l’écran alors qu’on doit viser le bouclier adverse) ou les combats à la masse d’armes (on n’a pas l’impression de porter de coups ; j’ai cru regarder deux pauvres épouvantails pitoyables et piètrement animés) lors d’un tournoi, ou les duels à l’épée lors du siège d’un château ennemi (le contrôle du personnage est absent ; rien ne semble réagir, les coups portés sont risibles tellement leur portée est nase et la maniabilité morte et enterrée). On retiendra toutefois un mieux lors des séquences de défense de notre forteresse à l’arbalète, ou des attaques à la catapulte, mais sinon le seul moment où la manette répond correctement, c’est lors de la navigation dans les menus !
Cours, Robin, cours !
Un pseudo-RTS sur NES, qui a bien pu penser à un truc pareil ? Je n’en sais rien, mais le constat est là : ce jeu est absolument injouable, du fait de contrôles ingérables conduisant à une maniabilité absente, et donc une frustration et un ennui conséquents qui s’installent rapidement. Ajoutez-y une réalisation franchement mauvaise, et vous obtenez la recette de la daube ! Beurk ! Allez, mettez-moi du baume au cœur, maintenant : racontez-moi en commentaires comme ce truc vous a traumatisé à l’époque. Pleeeaaasee !!
Verdict : 2/10