En arcade, Dragon Unit avait connu un succès bien mesuré, alors qu’il était pourtant impressionnant graphiquement et agréable à jouer. Sur NES, le jeu rebaptisé Castle of Dragon ne connaîtra pas non plus la gloire, mais c’est déjà plus compréhensible.
BEAU BOULOT (saint) GEORGE
Si vos souvenirs de catéchisme ne vous trompent pas, il va être ici question de dragons. Et en effet, l’infâme saurien volant Darklarza terrorise le royaume de Wenlary depuis des années. Pire, alors que le bon roi Geraden planifiait une attaque contre la forteresse du cracheur de feu, ce dernier s’invite au château et enlève la reine. Diantre ! Le sang de Geraden ne fait qu’un tour et il décide de partir seul à l’assaut du fort ennemi. Comme quoi non seulement l’amour rend aveugle, mais il rend un peu con aussi.
MON ROYAUME POUR UN CHEVAL À BASCULE
La noble quête se traduit par un jeu d’action/plates-formes étalé sur trois niveaux. Mais si cela vous paraît un peu court, dites-vous que chacun est constitué de plusieurs parties. Et que les boss affluent.
Plus précisément, vous commencez dans votre château, d’un seul bloc. Ensuite vous traversez la forêt sur deux niveaux, et vous finissez par la forteresse du dragon qui comporte cinq stages.
Les cinq parties de la forteresse ennemie peuvent être visités dans l’ordre que l’on souhaite. Vous pouvez même directement affronter le boss final, mais vous mourrez. En effet il faut d’abord récupérer, dans les quatre autres zones, les quatre reliques qui vous protègeront suffisamment pour affronter Darklarza à armes égales.
Sur votre route, vous croiserez des tonnes d’ennemis, et certains vous laisseront un petit cadeau bien utile une fois vaincus. Il existe pour commencer trois types d’armes : l’épée, les dagues et la masse d’arme. La première est équilibrée, les secondes sont rapides et touchent de loin mais sont peu puissantes, et la dernière est destructrice mais très lente. Vous passez de l’une à l’autre des armes en appuyant sur Start, la pause s’effectuant en appuyant sur Select (comme Batman sur le même support).
Il existe aussi d’autres armes, d’origine magique, qui à la différence des trois pré-citées ne durent pas éternellement mais disparaissent au bout de quelques coups. L’épée orange vous permettra de projeter un arc d’énergie avec votre épée, alors que l’épée bleue vous permettra de faire frapper la foudre sur vos adversaires.
Enfin, il existe l’armure. Mais pour bien l’expliquer il faut comprendre comment fonctionne la jauge de vie. Vous ne disposez que d’une seule vie pour tout le jeu, représentée par la jauge orange qui, au départ, ne dispose que de seize échelons. A côté, la jauge bleue est votre jauge d’expérience. A chaque adversaire détruit celle-là monte d’un cran. Une fois pleine elle fait doubler la jauge d’énergie, et vous passez à trente-deux échelons. Sachant que l’armure vous fournit une deuxième jauge de vie, vous pouvez donc, pour les plus matheux d’entre vous, atteindre le très respectable nombre de soixante-quatre échelons.
Et quand bien même cela ne vous suffirait pas, lorsque vous aurez récupéré les quatre reliques les dégâts que vous recevrez seront divisés par deux.
ET ON LUI PÈLERA LE JONC…
Si l’histoire du jeu n’est à retenir que par ceux qui tiennent absolument à savoir pourquoi il se battent, Castle of Dragon est en tout cas une belle réussite graphique.
Moins impressionnant que sur arcade forcément (difficile pour la NES de rivaliser avec un 68000 pétaradant), le jeu est malgré tout très beau pour le support, avec des décors fouillés et variés et de gros sprites imposants.
Revers de la médaille, l’écran clignote comme un sapin de Noël, et ralentit suffisamment pour qu’on puisse voir le rafraîchissement. La partie sonore n’est pas non plus à tomber par terre, que ce soient les thèmes musicaux agressifs pour l’oreille du joueur ou les bruitages assez ridicules.
A jouer par contre l’aventure se montre plutôt plaisante. L’épisode arcade original était une refonte de Haunted Castle et cette version NES conserve l’aspect lourdaud du chevalier, si bien qu’on avance assez lentement. Mais malgré tout Geraden répond bien aux injonctions de la manette, ses coups portent bien et les rares sauts à réaliser ne posent pas de problèmes malgré, encore une fois, la molesse du personnage.
La difficulté est très importante. Même avec les quatre reliques et soixante-quatre échelons de vie, vaincre le dernier boss relève plus de la chance que du talent, et arriver jusqu’à lui est déjà un miracle en soi. Pourtant les stages sont très courts. L’aventure en elle-même tiendrait au maximum en une petite demi-heure, mais les tartines de streums velus la rendent haute en couleurs.
Castle of Dragon est donc un jeu viril. Sur NES la durée de vie d’un jeu se mesurait généralement à sa difficulté, et cette dernière était donc réglée au plus haut. C’est encore le cas ici, même si les plus patients sauront apprécier le charme de ce jeu vieillot.