Jeu développé par Rare, mais publié par Milton Bradley (MB).
L’être humain a beau maltraiter sa planète, force est de constater qu’elle reste un aimant à aliens. Combien de fois a-t-il fallu sauver cette bonne vieille Terre de ces conquistadors de l’espace depuis l’avènement des industries cinématographiques et vidéoludiques ? Impossible de le savoir avec exactitude, mais une chose est sûre, dans Captain Skyhawk sur NES, il va encore falloir chasser ces envahisseurs.
Les aliens nous ont en effet envahi et ont construit quatre bases qui drainent l’énergie terrestre vers leur propre station spatiale. Dans quelques jours, cette station aura collecté suffisamment d’énergie pour produire un rayon laser capable de vaporiser notre planète. Et devinez qui est la seule personne à pouvoir remédier à ce scénario catastrophe ? C’est bibi, alias Captain Skyhawk, dont la mission consiste non seulement à détruire les quatre bases ennemies présentes sur Terre, mais aussi la station spatiale et son énorme rayon laser. Pour lui faciliter la tâche, des scientifiques ont mis au point un F-14 VTS (à une époque ou le F-16 existait déjà, avouez que ça fait sourire) équipé des armes dernier cri. Mais ces armes ne sont pas assez puissantes pour détruire la station ennemie, et il faudra d’abord que Captain Skyhawk ravitaille les scientifiques pour leur permettre de finir le développement de leur arme secrète, la seule capable de détruire la station spatiale qui menace la Terre.
Huit missions avant l’assaut final
Captain Skyhawk devra effectivement faire voler son F-14 VTS à mach 3 pendant 8 missions avant d’être prêt à attaquer la station spatiale ennemie. Non seulement il lui faudra détruire les quatre bases qui drainent l’énergie terrestre vers la station, mais il devra également aller ravitailler et secourir les scientifiques pour permettre le développement d’une arme secrète dont il faudra récupérer les deux parties. Chaque mission comporte trois phases : la première est un shoot’em up en 3D isométrique, la seconde un shoot’em up comme dans Top Gun sur la même console (vue du cockpit, comme une simulation), et la troisième demande juste un peu de dextérité pour poser son F-14 dans la base spatiale alliée et se ravitailler en armes. C’est pendant la phase en 3D isométrique qu’il faudra remplir l’objectif principal de la mission, la seconde phase servant à gagner des crédits pour faire le plein d’armes lors de la troisième.
Dans l’ordre, il faudra :
détruire une base ennemie
approvisionner les scientifiques
détruire une base ennemie
aller récupérer un scientifique et la première moitié de l’arme secrète
détruire une base ennemie
approvisionner les scientifiques
détruire une base ennemie
aller récupérer un scientifique et la seconde moitié de l’arme secrète
détruire la station spatiale ennemie
Ces missions devront donc être remplies pendant la phase shoot’em up en 3D isométrique. Le F14 de Captain Skyhawk y croisera la route de nombreux ennemis, comme des voitures, camions, bateaux, avions, hélicoptères et autres ennemis volants ou non volants pas toujours évidents à identifier. Ce seront rarement ces ennemis qui atteindront directement le F14, mais plutôt les projectiles qu’ils lui lanceront. Il faudra donc faire preuve de dextérité pour les éviter sans s’écraser dans le décor et son relief polygonal. Les missions se termineront par une base ennemie qu’il faudra détruire en fin de parcours, sauf les missions de ravitaillement qui prendront fin quand le F14 aura approvisionné correctement les deux points définis à l’avance. S’il manque son objectif, le niveau tourne en boucle jusqu’à ce que la mission soit remplie. Il y a donc moyen de tourner longtemps en rond si on est pas très adroit.
La seconde phase de la mission est en shoot’em up vue du cockpit. Il faut alors abattre les avions ennemis pour gagner des crédits, tout en évitant de croiser la route de ceux qui arrivent en face ou d’un missile tiré dans le but d’atteindre Captain Skyhawk. Il n’y a pas d’objectif précis à atteindre ou de nombre d’ennemis minimum à abattre, juste la possibilité de gagner un grand nombre de crédits, voire une vie quand on a vraiment bien cartonné.
La troisième phase demande un tout petit peu de dextérité pour poser son avion dans la station spatiale alliée. Il faut d’abord mettre le F14 au même niveau que la fente d’atterrissage, sachant que ladite fente est en rotation permanente (un peu comme quand Roger veut prendre Jacqueline alors qu’il a trop traîné au café du coin). Une fois l’avion à la bonne hauteur, il faut appuyer quand l’avion est aligné avec la fente pour tenter l’atterrissage. Une fois celui-ci réussi, on obtient un menu où quatre types d’armes peuvent être achetés avec les crédits glanés lors de la phase précédente.
Ca passe vite 8 missions…
Tout est dans le titre, et si on ne devait nommer qu’un seul défaut de Captain Skyhawk, ce serait sa durée de vie. Pas que les missions soient particulièrement courtes dans leur ensemble, c’est juste qu’il sera aisé d’en voir le bout une fois que les neurones du pilote auront trouvé comment biaiser l’IA. Et honnêtement, ne comptez pas sur moi pour révéler comment faire, c’est franchement pas compliqué à trouver. Cette facilité n’est sans doute pas le fruit du hasard, puisque que les trois phases de chaque mission sont faciles, la seconde faisant rire ceux qui ont joué aux Top Gun sur la même console, et la troisième étant exactement la même dans toutes les missions.
Vous allez me dire qu’il reste encore la possibilité de jouer le jeu et de ne pas biaiser l’IA, mais le jeu ne résistera pas trop longtemps non plus aux coups de boutoir de Captain Skyhawk. La vitesse a beau être sacrément accélérée au début d’une ou deux missions, elle redescend immédiatement dès que le joueur perd une vie. Je pense que le jeu aurait eu une difficulté décente en supprimant ou en ne laissant qu’un seul des trois continues alloués, parce qu’en l’état actuel des choses, les armes secondaires ne serviront finalement pas souvent.
C’est d’autant plus dommage que le jeu a quand même de sérieux atouts.
Pour éviter de tomber dans la monotonie, l’idée de faire des missions avec trois phases différentes est plutôt bonne et rompt la routine qui aurait pu s’installer très rapidement. Malgré cet effort, force est de reconnaître que les missions auront quand même tendance à se suivre et à se ressembler. Un effort pour faire des missions vraiment différentes les unes des autres aurait été apprécié.
Les phases de simulation sont beaucoup plus agréables à jouer que dans les autres jeux du même type de l’époque, et les phases en 3D isométrique sont plutôt réussies techniquement, même si ce type de vue conduit inévitablement à des collisions qui auraient été évitées avec une vue de dessus. Le F-14 est très facile à prendre en main et se révèle très maniable. Seule la manip permettant de faire tourner l’avion sur lui même se révèle peu pratique puisqu’elle fait appel au bouton Select, mais comme on ne s’en servira pas souvent (voire jamais), ça n’a pas grande importance.
La musique quant à elle brillera par son absence, puisqu’il faudra se contenter de bruitages pendant les phases de shoot’em up alors que les rares musiques se feront entendre pendant les écrans de transition entre deux phases de mission. C’est le monde à l’envers, et c’est bien dommage car les quelques thèmes musicaux disponibles sont très bons. C’est un choix que j’ai vraiment du mal à m’expliquer, puisque le joueur se retrouve la plupart du temps à écouter les blip-blips des tirs ennemis, et rien d’autre.
Côté technique, le jeu est plutôt réussi, agréable à l’œil malgré certains choix de couleur discutables et les nombreux polygones de la vue en 3D isométrique, et seuls quelques ralentissements et effacements viendront gâcher la fête.
Au final, MB nous propose un shoot’em up relativement varié, agréable à jouer et plutôt bien réalisé sur le plan technique, mais qui laissera un sentiment d’inachevé à cause des missions qui se ressemblent toutes, de ce manque cruel de musique, et de la relative facilité du jeu. Je sais que certains apprécieront justement de ne pas avoir à forcer leur talent, mais une fois le jeu terminé, il n’aura malheureusement pas vraiment donné envie d’y rejouer régulièrement.