Bon, je venais à peine de proposer mon test de ce même jeu, mais je fus pris de court. Qu’à cela ne tienne : peu désireux de perdre le fruit de tant de labeur et de sueur, je vous le colle ici en tant que commentaire ; z’aurez deux tests pour le prix d’un, elle est pas belle la vie ?

Ceci aurait pu être un test :

Le film de Tim Burton du même nom est un chef d’œuvre. Paru en 1989, il a engendré un regain d’intérêt pour le justicier masqué créé par Bob Kane et Bill Finger en mai 1939, alors que l’Europe se trouvait aux portes du second conflit mondial.

Contrairement à la plupart (si pas tous) des ‘super heroes’ américains, Batman, connu à la ville sous le nom de Bruce Wayne, ne possède aucun super pouvoir. Pas de mutation génétique à la Spider-Man, pas d’origines extra-terrestres comme Super Man, pas d’influence cosmique à la Fantastic Four, que nenni non point ! Il compense cela par une aisance financière et des moyens technologiques conséquents.

Notre justicier est un être humain ordinaire, frappé par un drame (le meurtre de ses parents) très jeune, et portant depuis lors ce trop lourd fardeau. Solitaire, dépressif à ses heures, Batman ne semble exister que pour permettre à Bruce de faire face à ses démons, dans une lutte interne permanente et perdue d’avance.

Il s’agit très certainement du personnage de comics le plus fouillé psychologiquement, et un des plus intéressants. Batman me fascine.

Du grand écran à la petite lucarne

L’industrie vidéoludique a de tout temps capitalisé (ou tenté de le faire) sur le succès des films/dessins animés populaires du moment… Les Tortues Ninja, Rambo, Indiana Jones, Star Wars, les Schtroumpfs, G.I. Joe, les Goonies, Dracula, sans compter la panoplie à peu près complète des multiples super héros made in USA.

Batman avait déjà bénéficié d’un –bon -jeu en 3D isométrique sur CPC 464, sorti en 1986 (avant le film génial de Tim Burton, donc) et basé sur la série datant des années 60, dont vous avez peut-être eu la chance de voir des rediffusions, et ainsi admirer les collants mauves très sexy de l’homme chauve-souris et la tenue rouge de Robin des Bois de son acolyte Robin (ne lui manque que l’arc).

En 1988 sortit sur Amiga, C64 et ZX Spectrum ‘The Caped Crusader’, aussi basé sur la série et le comic original.

Mais le succès de ce nouveau film ne pouvait laisser de glace le monde du jeu vidéo. Lequel nous offrit donc cette cartouche un an plus tard. Examinons…

Trame (social ?)

Batman sur NES comporte cinq niveaux, eux-mêmes subdivisés en plusieurs parties. Il suit plus ou moins le film (on a droit aux rues de Gotham City, à la ‘Axis Chemical Factory’, au laboratoire abandonné que Batman fait sauter dans le film pour ensuite se faire narguer par le Joker, fanfaronnant en sécurité dans son hélicoptère, sans oublier le niveau dans la cathédrale de Gotham City), mais il y aussi un niveau dans les égouts qui est propre au jeu.Les niveaux sont entrecoupés de cinématiques (assez limitées ; on est quand même sur 8 bits).

Par rapport au film, on constate quand même quelques différences, notamment le fait que pas mal d’adversaires, en ce compris plusieurs boss, sont plus futuristes et hi-tech que dans le film, où il s’agissait principalement des hordes de cinglés –mais humains- à la botte du Joker. Celui-ci aussi, d’ailleurs, bénéficie de la capacité à carboniser sa Némésis capée avec des pouvoirs bien peu humains.C’est probablement un mal nécessaire pour rendre l’action du jeu plus spectaculaire que de simples coups de poings et de pieds, avec des armes conventionnelles. Why not ?

Et en pratique ?

Batman est un jeu difficile. Les attaques ennemies relèvent souvent du harcèlement, ils en veulent et reviennent à la charge. Les boss représentent à eux seuls un défi vraiment considérable, mais de nombreux ennemis ordinaires donnent du fil à retordre.

On dispose de trois armes différentes, en plus des poings : le fidèle batarang, le pistolet et le shuriken à triple tir. Le passage d’une arme à la suivante s’effectue avec Start, vu sa position plus proche de A et B. Select sert à faire une pause. C’est vraiment bien vu et cela devient très vite un automatisme.

Les munitions sont obtenues en battant des adversaires, lesquels laissent derrière eux un item (pas toujours mais souvent) donnant droit à dix tirs, toutes armes confondues.Parmi les autres boni abandonnés par des ennemis vaincus, notons les cœurs qui remplissent votre énergie vitale (composée de huit barrettes).Une petite remarque à propos des armes : elles sont bien sûr pratiques pour se débarrasser des ennemis, mais mieux vaut les économiser pour les boss (j’en ai fait l’amère expérience). Utilisez vos poings lors des passages pas trop chauds.

Les niveaux sont agencés de manière à nous faire faire des tours et détours : il faut souvent grimper dans un conduit puis repartir vers l’arrière mais une niveau plus haut. Cela reste linéaire mais apporte une variété bienvenue et casse la monotonie de toujours rester au sol. Batman peut d’ailleurs grimper dans des conduits étroits en bondissant d’un mur à l’autre.

Réalisation technique

Elle est très bonne. Les graphismes sont très détaillés, les sprites de taille honorable.Les couleurs des décors sont bien choisies, dans des teintes sombres typiques de l’univers du justicier masqué, et cela rend une atmosphère glauque et vraiment à propos.L’animation est elle aussi fort bien faite, avec une décomposition des mouvements agréable à regarder.

La maniabilité est très bonne aussi ; le personnage répond très bien aux commandes, la sélection des armes se fait très aisément. Il est à noter cependant que lors d’un saut, Batman s’accroupit légèrement pendant une fraction de seconde pour prendre l’impulsion nécessaire. C’est fort déconcertant au début (particulièrement si on est habitué aux sauts de Super Mario) car ce petit laps de temps suffit trop souvent à permettre à un méchant de nous toucher.

Les musiques, malgré le côté un peu crachotant de la NES, sont bien réalisées et accompagnent l’action de belle manière. Elles sont entraînantes, rapides, voire épiques par moments, ce qui est bien la moindre des choses pour Batman !

En bref

Batman est un excellent jeu. Difficile, certes, notamment les boss, mais qui procure un grand plaisir de jeu et qui, visuellement, est plaisant à regarder. Pas qu’il soit flashy ou très coloré, non, mais c’est de Batman dont il s’agit, pas des Bisounours.Il fait honneur au film dont, vous l’aurez sûrement compris, je suis fan.