A la grande époque de la NES, si vous aviez des ronds à perdre vous pouviez les claquer dans tout un tas de cartouches qui ne servaient à rien d’autre qu’à être coincées sous le pied d’une table pour faire une cale. Pour être sûr de ne pas vous tromper, il vous suffisait de vérifier le logo sur la jaquette : si c’était écrit Vic Tokai, vous pouviez foncer tête baissée.
SEUL AU MONDE
Connu sous le nom de « Totsugeki! Machoman » au Japon, le jeu vous met dans la peau d’un rouquin, encore un, et un qui respire l’intelligence en plus. Heureusement notre simplet aura plus besoin de ses muscles que de son cerveau puisque, dans sa glorieuse quête de la Sainte Copie Parfaite de Monseigneur Marceau, Vic Tokai élabore Amagon en repompant le principe de Contra, mais en plus éloigné qu’un Time Slip par exemple.
L’histoire est tout de même identique : des extraterrestres ont débarqué sur une île paumée et vous êtes envoyé pour rayer la menace de la carte. Pourquoi vous ? Parce que Bruce Willis était en vacances en Egypte alors que Schwarzy était en visite officielle au Brésil.
I’VE GOT TO BE A MACHO MAN
Amagon est donc à mi-cheval entre le jeu de plates-formes et le run ‘n gun, et il se compose de six stages de deux rounds chacun. Au terme du second vous affronterez un boss.
Vous visualisez votre périple sur une carte de l’île. Vous commencez votre périple dans la plaine puis continuez dans la jungle. Ensuite viendront la rivière, la jungle de nouveau mais la nuit, la montagne et la plage où ont débarqué les petits aliens. Face à vous, des hordes d’animaux anthropomorphosés par les potes à E.T.
Mais pour vous défendre, vous n’êtes pas parti les mains vides. Vous êtes armé d’une mitrailleuse et tirez avec le bouton A, B servant à sauter. Manque de bol, la mitrailleuse n’est pas éternelle et les munitions finiront vite par manquer à l’appel, d’autant que les lapins tueurs et autres canaris vampires sont bien souvent assez résistants.
Heureusement, vous trouverez parfois, sur le cadavre encore fumant, tripailles à l’air et gémissant ses derniers coin-coin dans un gargouillis sanguinolent (c’est qu’on en avait de l’imagination, à l’époque, fallait bien…) de l’ennemi, des recharges. Vous trouverez également des extra points, des vies supplémentaires ou encore des méga-clefs.
Ces dernières sont les plus intéressantes, puisqu’elles font à elles seules tout l’attrait du soft. Si vous disposez d’assez de points, ramasser une mega-clef vous transformera en Machoman ! Mieux que celui des Village People qui n’avait d’ailleurs que le nom lorsqu’il se maquillait pour aller au bois, celui-là est un monstre : muscles saillants, le bonhomme saute plus haut et est nettement plus puissant. Néanmoins il n’est pas invincible, si bien qu’à chaque touche vous perdrez un peu des extra points que vous aviez glânés. Une fois revenu à zéro, la transformation disparaît.
COLONEL ? CETTE FOIS ON Y VA POUR GAGNER ?
Cette fois ça dépend de toi, joueur. Et de ta complaisance envers Vic Tokai. Amagon dispose d’un scénario intégralement repompé sur celui de Contra, qui déjà n’inventait rien. Mais le traitement est totalement différent.
Les visuels sont très colorés, rapprochant le jeu du premier Wonder Boy. Mais par contre c’est particulièrement laid. Sans rire, les différents designs auraient tous pu être réalisés sous Paint par mon fils, pour peu que j’en aie un, Dieu m’en préserve.
Les animations sont assez vives, néanmoins on reprochera au jeu des clignotements pénibles pour les yeux parce que vraiment très rapprochés. La partie sonore est imbuvable, je ne supporte plus ces piaillements suraigüs censés être musicaux à l’époque (vous comprenez pourquoi je veux pas de gosses…).
A jouer, Amagon est assez agréable. Le personnage répond bien, seuls certains sauts qui doivent être déclenchés au bord du bord de la limite du bout de la plate-forme pour réussir, sont un peu pénibles. A l’inverse, le régulier manque de munitions vous impose de courir vous planquer quand vous voyez débarquer un gros ennemi, pour conserver vos quelques balles restantes pour les petits qui, prions, vous laisseront un chargeur de rab.
Bref, on n’a jamais ce sentiment de sécurité dans Amagon, sauf quand on se transforme, et encore. Et c’est très bien, parce qu’on pourrait se sentir blasé devant la difficulté loin d’être insurmontable. En gérant bien ses sauts et ses munitions, on arrive au bout sans trop de problèmes, d’autant que les stages sont très courts.
Du coup ça fait deux fois de suite qu’un jeu Vic Tokai mérite de ma part autre chose que des insultes. Ca me fait bizarre, va falloir que je pense à enlever la cartouche de sous le pied de la table du salon.