La seconde parmi les anciennes séries de jeux de combats signés SNK (après Fatal Fury et avant Samurai Showdown), World Heroes fut également celle qui récolta le moins l’assentiment des joueurs, de par ses personnages originaux mais peu charismatiques, son manque de mythologie interne, et sa jouabilité un peu lourde. Le premier épisode de cette série occupa pourtant brièvement la position de meilleur jeu de combat de la Neo Geo et, par conséquent, de l’histoire du jeu vidéo avant que Samourai Showdown et Fatal Fury II ne viennent le remettre à sa juste place. Le scénario de World Heroes est très passe-partout et les personnages n’ont aucune petite histoire ou rumeur qui circule entre eux. Un grand savant vient de réunir les 8 meilleurs combattants de l’histoire de l’humanité, et décide de les faire s’affronter afin de déterminer qui est le meilleur guerrier de tous les temps. Ces 8 combattants sont Hanzo et Fuuma, deux ninja venus d’écoles rivales ; Janne (avec une belle faute d’ortographe) la femme chevalier venue de France ; J. Carn un pillard des steppes de Mongolie ; Dragon le petit frère de Bruce Lee ; M. Power le catcheur américain ; Rasputin le mage russe dont les membres sont composés d’énergie pure et Brocken le cyborg de l’armée allemande. Quant au grand méchant de l’histoire, il est bien décidé à montrer que le meilleur guerrier de l’histoire, c’est lui et personne d’autre. Son petit nom est Geegus et il s’agit d’un extraterrestre métamorphe qui peut se transformer en n’importe lequel des 8 autres combattants. Un plagieur, quoi.
World Heroes propose deux modes de jeux. Le premier est tout à fait classique. Le personnage choisi ira affronter les 7 autres sur leurs territoires et devra gagner deux manches pour remporter la victoire. Le deuxième mode se nomme le « Deathmatch ». Les rings sont beaucoup moins originaux que dans le mode normal mais beaucoup plus redoutables : les murs sont hérissés de pointes, les barreaux sont électrifiés ou enflammés ou des mines antipersonnelles jonchent le sol. On peut donc s’amuser sadiquement à coincer son adversaire dans un coin et à attendre que les systèmes défensifs du ring fassent leur effet.
Réalisation technique :
Graphiquement, World Heroes n’accuse pas trop son âge. Les sprites sont grands, assez originaux pour certains (Rasputin, Brocken et Carn sortent tout de même de l’ordinaire), et les décors sont de bonne facture. On regrettera simplement que les rings du Deathmatch ne soient pas aussi esthétiques. En revanche, on retrouve déjà sur cet épisode les principaux défauts de la série des World Heroes, qui l’empêcheront toujours d’être aussi intéressante que les Fatal Fury ou les Samurai Showdown : une trop grande raideur des personnages et une jouabilité pas assez souple. Lorsqu’ils sautent, les personnages donnent un peu l’impression d’être en apesanteur et les combats en deviennent un peu lents. Rien de catastrophique et pas de quoi gâcher le plaisir de jeu, mais c’est avec des petits détails de ce style qu’on sépare les bons jeux des grands jeux. C’est d’autant plus dommage que les attaques spéciales ne sont pas mal fichues du tout. Elles sont originales en tout cas, à défaut d’être très impressionnantes. Enfin, la bande sonore offre comme toujours de bons bruitages et des voix digitalisées de qualité mais les musiques restent plutôt fades.
En bref : 13/20
Avec son faible nombre de personnages, sa relative lenteur et sa jouabilité légèrement en-dessous de la moyenne, World Heroes est loin de pouvoir concurrencer les autres jeux de combats de la Neo Geo, y compris ses contemporains. Fatal Fury ou Samurai Showdown sont nettement plus excitants et charismatiques, malgré l’originalité du mode « Deathmatch » de World Heroes. Si vous voulez vraiment jouer à un exemplaire de cette série, préférez lui le numéro 2 ou le Jet, mieux conçus et plus fournis en personnages.