Après un premier épisode assez décevant, SNK ne perdit pas de temps à sortir une suite, histoire de corriger les problèmes de jouabilité et le manque de charisme du premier épisode. On ne découvre même pas la plus petite effluve d’un scénario dans ce deuxième opus de World Heroes et on suppose donc être qu’il s’agit de l’édition suivante du tournoi opposant les meilleurs guerriers de l’histoire. Bien évidemment, de nouveaux personnages se sont ajoutés aux huit champions de l’édition précédente. Ces six petits nouveaux sont Shura le boxeur thaï, Ryoko la judoka, Maximun le colossal Quaterback, Erick le viking, le terrible Capitaine Kidd et Mudman, un chaman venu de Papouasie. En ce qui concerne les boss, on retrouve ce plagieur de Geegus, ainsi que Dio, une créature de la même race mais autrement plus rapide et dangereuse. Pas de surprise au niveau du mode de jeu classique : il s’agit toujours de classiques matchs en deux rounds. Seuls les décors ont changés et les anciens personnages se sont dotés de nouvelles techniques séculaires.
En revanche, le mode Deathmatch a été légèrement réorganisé. Les deux combattants qui s’affrontent disposent d’une seule et unique barre de vie qui prend toute la largeur de l’écran. La jauge d’énergie, équilibrée au milieu au début du match, avance ou recule suivant que le joueur blesse son adversaire ou au contraire, est blessé par ce dernier. Le combat se poursuit tant que la barre d’énergie n’a pas atteint l’une des deux extrémités de l’écran. Les rings du Deathmatch, différents de ceux du mode normal, présentent toujours l’une ou l’autre particularité pour corser la sauce : cabine de téléphérique très exiguë, hangar où des scies circulaires traversent la salle, campement constellé de mines antipersonnelles, égoûts où le courant entraîne les adversaires dans une direction, … Tout est bon pour empoisonner la vie des deux adversaires.
Réalisation technique :
La réalisation graphique de World Heroes a bien logiquement été améliorée depuis l’épisode précédent mais finalement, cette amélioration n’est pas particulièrement visible au niveau des personnages, qui restent globalement identiques à ce qu’ils étaient dans le World Heroes d’origine. Néanmoins, sur les six nouveaux personnages, quatre d’entre eux sont résolument originaux : ce n’est pas tous les jours qu’on peut combattre avec un quaterback, un pirate ou un sorcier primitif ! Les décors ont également été retravaillés et sont à la fois plus fouillés et plus représentatifs des combattants. Jeanne a tout de même davantage sa place dans un château médiéval que dans un cirque et Raspoutin dans une rue enneigée typiquement russe que dans les mécanismes et les engrenages d’un clocher ! Pour continuer dans le registre des améliorations visibles, les coups spéciaux sont plus nombreux et parfois très esthétiques, surtout chez les nouveaux personnages. Ainsi, Erick déclenche une énorme vague, le capitaine Kidd lance un projectile magique sous la forme d’un requin ou d’un galion pirate, Maximum shoote à pleine puissance dans un ballon de rugby bourré d’énergie, tandis que Mudman se lance dans une danse tribale faisant apparaître de petits lutins fantômes. Le principal reproche que l’on pouvait adresser au premier World Heroes a également été corrigé : les personnages sont beaucoup plus souples et rapides, et les combats sont nettement plus trépidants que dans le premier épisode. Si on n’atteint toujours pas le stade de merveilles comme Samurai Showdown ou Fatal Fury Special, il n’en reste pas moins que World Heroes II se situe – enfin - dans une très bonne moyenne. Seule la bande sonore souffre toujours d’un certain manque d’envergure : les bruitages sont réussis mais les musiques persistent à ne pas se montrer inspirées…
En bref : 16/20
Un grand bond en avant a été réalisé dans cet épisode, qui parvient enfin à prendre son rang parmi les innombrables jeux de combat de la Neo Geo. La principale force de World Heroes réside dans ses personnages très originaux, ses décors qui sortent de l’ordinaire et ses coups spéciaux impressionnants et esthétiques. A noter aussi que le jeu ne se prend pas trop au sérieux et que certains coups sont également plutôt amusants, comme Ryoko qui assène une volée de petites gifles ou Mudman qui met ses doigts dans les yeux de ses adversaires. On remarque aussi pas mal d’autres petits détails un peu kitchs qui font de World Heroes II un jeu à l’esprit plutôt sympatoche (la tronche d’ahuri du vieux moine dans le stage bonus où il faut détruire une colonne, le chat siamois qui saute au plafond dans le décor de Shura, …). Si la rapidité et le gameplay du jeu ont fait l’objet de beaucoup de soins, on n’atteint pas encore tout à fait le niveau des références du genre que sont les Fatal Fury et les Samurai Showdown. Sans davantage parvenir à squatter le podium du meilleur jeu de combat Neo Geo que son grand frère, World Heroes II possède néanmoins suffisamment de caractère, de combattants et de qualités techniques et ludiques pour devenir un jeu de combat tout à fait consommable.