Viewpoint est un jeu vidéo Neo Geo publié par SNKen 1992 .

  • 1992
  • Shoot Them Up

Test du jeu vidéo Viewpoint

4.5/5 — Exceptionnel ! par

Introduction

En guise de prélude à ce test, il est fort opportun de rappeler que pour bon nombre de joueurs (du moins, les plus de 20 ans), nous abordons ici l’étude d’un de ces jeux de légende qui, autant par ses qualités esthétiques que par son concept, a su révolutionner le petit monde de l’arcade et, a fortiori, celui des rares possesseurs de Neo-Geo – console que l’on désignait à juste titre comme la Rolls – joueurs privilégiés qui purent, lors de nombreuses nuits blanches, s’attaquer à ce monument du « shoot them up » : nous avons nommé Viewpoint.

Ce test n’ayant pas la vocation de retracer l’historique du jeu ou de ses autres versions (PlayStation, Neo-CD), nous laisserons de côté cette perspective (voir l’article concernant Zaxxon sur WikipediA) pour nous focaliser sur les points importants que devra aborder notre analyse, à savoir, les qualités mais aussi les défauts (infimes) qui parsèment l’œuvre d’art créée par Sammy Studios. En l’occurrence, il s’agira de se montrer partial tout en respectant la corde sensible de ceux (dont votre serviteur fait partie) pour qui le premier contact avec « la bête » fut le début d’une longue histoire d’amour mêlée de haine…

Viewpoint sera jugé en fonction des critères suivants, en hommage au premier magazine que j’ai eu le loisir de lire dans ma jeunesse :

  • La Présentation

  • Les Graphismes

  • La Bande-son

  • La Jouabilité

  • La Durée de Vie

  • L’Intérêt

  • L’Avis personnel

Présentation (pas d’évaluation)

Inutile de trop s’attarder sur ce point ; nous sommes en effet en présence d’un « shoot them up » et, même si de nos jours les concepteurs ont amélioré la donne, il n’y a aucune présentation dans Viewpoint si ce n’est l’écran-titre et une petite modélisation 3D de l’appareil (spatial), affectueusement nommé « Byupo », que vous allez utiliser. Enfin, ce n’est pas vraiment un mal, me direz-vous avec un sourire narquois.

Profitons-en aussi pour rappeler que le scénario est… inexistant, quoique si vous possédez le manuel du jeu, vous aurez au moins le nom de quelques « Boss » de fin de niveau. Vous êtes donc directement envoyé dans le feu de l’action, ce qui fait de ce jeu un « shoot » qualifié de pur et dur par la majorité.

Graphismes 94%

Sans vouloir paraître trop excessif, nous sommes en 1992, à la limite du choc visuel et bien que la représentation en 3D isométrique ne soit pas une chose nouvelle (cf Zaxxon), le travail accompli par Sammy sur une console, il faut le souligner, qui est incapable de gérer une véritable interface en trois dimensions est, du point de vue esthétique, une pure merveille pour les mirettes (sauf erreur, il s’agit d’une modélisation 3D convertie en « sprites »). Pour ne rien gâcher, les décors sont tout bonnement superbes et il n’est pas rare que, perturbé par la beauté du stage, assemblage à la fois hétéroclite et bigarré de couleurs chatoyantes, on en oublie d’éviter les tirs adverses. A noter que même si certains ennemis réapparaissent au fur et à mesure du jeu, chaque niveau bénéficie de sa propre « faune sauvage », entendez par là que les aliens du deuxième tableau, résolument aquatique, seront différents du troisième, plus tourné vers un milieu tropico-végétal. Et d’ajouter que chaque « Boss » de fin est en harmonie avec le stage qui vient d’être traversé, ce qui est un plus non négligeable. Par ailleurs, l’affichage des différents « sprites » et autre tirs se fait d’une manière quasiment parfaite, exception faite des quelques ralentissements générés par une surcharge d’éléments en mouvement à l’écran ; ceci dit, vous serez sans doute sauvé plus d’une fois par ces ralentissements, véritables « bullet-time » vous permettant de vous sortir de situations pour le moins délicates.

Bande-son 96%

Là encore, rien à redire. Les capacités sonores de la Neo-Geo sont exploitées avec maestria, ce qui donne en définitive des musiques de fond véritablement travaillées et agréables à l’oreille. En outre, vous serez bercé par des morceaux d’anthologie allant du jazz à l’élektro-techno-tribal avec pour point d’orgue une musique commune aux « Boss » qui saura vous faire atteindre des pics de tension à la limite de la crise cardiaque tant votre cœur sera mis à rude épreuve dans ces moments clés du jeu. On se surprend d’ailleurs à fredonner encore longtemps après y avoir joué les musiques du jeu, ce qui tend à prouver qu’elles ne constituent pas qu’un simple « fond d’ambiance » et nous ne parlons même pas de la version CD.

Jouabilité 85%

Pour ceux qui s’étonneront d’une telle évaluation de la jouabilité, il convient d’amener quelques explications supplémentaires ; comme cela fut souligné en introduction nous sommes dans une catégorie de « shoot them up » pur et dur, ce qui sous-entend un game-play relativement rigide mais qui n’en demeure par moins efficace. Vous disposez dans votre arsenal du tir dit « classique », par pressions répétées sur le bouton ainsi que d’un tir concentré que vous pouvez jauger en vertu de trois niveaux de puissance différents (cette idée sera reprise dans bon nombre de jeux) ; viendront ensuite deux petits modules qui vous permettront de tripler votre tir et qui vous offriront, par ailleurs, une protection supplémentaire. Ajoutez à tout cela trois bombes différentes et vous aurez fait le tour de votre puissance de feu. En l’occurrence, c’est bien sur ce point que le bas blesse, car si l’on y ajoute le fait que votre « Byupo » est relativement lent (encore que les avis divergent), eh bien tout cela ne vous laisse que peu de chances pour « survivre », le terme est loin d’être trop fort, au milieu de cette jungle de vaisseaux ennemis qui vous arrosent copieusement de « boulettes » comme diraient les méchants de Nicky Larson. Plaisanterie mise à part, c’est aussi ce qui fait toute la force du gameplay car, en réduisant votre capacité d’attaque au minimum, le jeu n’en devient que plus « cru », axant la survie sur les capacités du joueur en tant que telles et grâce à une gestion des collisions qui reste sans faille, votre dextérité et votre technique seront justement récompensées.

Durée de vie 91%

En ce qui concerne ce domaine, il est inutile de couper le cheveu en quatre : on peut diviser le groupe des personnes s’étant déjà frottées aux « shoot them up » en deux catégories distinctes, à savoir les joueurs occasionnels et les acharnés. Si vous vous considérez comme faisant partie des premiers, veuillez changer mon évaluation et y mettre un 65%. Si par contre vous êtes de ceux qui ne seront satisfaits que lorsqu’ils auront réussi à plier un « shoot » avec une seule vie, alors vous serez admis dans le cercle très fermé des individus pouvant se mesurer au « challenge » proposé par Viewpoint. Vous l’aurez sans doute deviné, ce jeu est extrêmement difficile ; d’une part, vos armes sont tout de même assez restreintes et d’autre part, la partie adverse a de quoi répondre à vos attaques. Il ne sera pas rare que vous deviez recommencer dix, voire même vingt fois un passage délicat d’un niveau donné, et s’il est encore possible de creuser son chemin jusqu’au troisième stage, chaque pas supplémentaire dans le jeu peut être considéré comme un véritable exploit, sachant que les « Boss » de fin peuvent être définis à très juste titre comme de véritables montagnes lorsqu’il s’agit de les vaincre. Pour cette raison, les « petits » joueurs auront tôt fait de jeter leur cartouche de jeu fraîchement achetée au rebus car c’est en y laissant vos tripes que vous aurez l’insigne honneur de boucler les six niveaux que compte le jeu. Six niveaux, le jeu semble court mais quels niveaux ! A ce propos, on pourrait critiquer le cinquième stage car il s’agit là d’un tableau qui a été mis en place pour prolonger artificiellement la durée de vie du jeu tellement la difficulté en est ridiculement élevée et surtout, il s’agit de vaincre à nouveau des « Boss » que vous aviez déjà envoyés en enfer (la pensée d’être à nouveau confronté à « Tête de mort » pourrait en faire frémir plus d’un). Dernière petite chose mais non des moindres: ceux qui ont la chance d’avoir une Neo-Geo dont le BIOS a été modifié auront le privilège de pouvoir débloquer le mode deux joueurs simultanés; dans le cas contraire vous devrez vous contenter du mode en alternance, ce qui est légèrement navrant.

Intérêt 92%

Le verdict que l’on peut tirer de tout cela est en vérité assez simple : Viewpoint est un jeu que l’on se doit de réserver aux puristes du « shoot them up » car la difficulté poussée à son paroxysme ainsi que la sobriété du jeu en font une sorte de « chasse gardée », un mythe que peu d’entre-nous peuvent appréhender comme il se doit. Pour autant, lorsque vous aurez vaincu toutes vos frustrations, lorsqu’enfin défilera le générique de fin devant vos yeux tiraillés par la fatigue, vous pourrez, et c’est bien la moindre des choses, considérer que vous êtes un maître en la matière.

Avis personnel

Pour ceux qui ne l’auraient pas encore tout à fait saisi, je voue un véritable culte à ce « shoot ». Il ne s’agit pas de revenir sur ce qui a été dit mais d’exposer ici l’essence de ce qu’est Viewpoint. Sans vouloir blesser l’orgueil des individus qui auraient à émettre des critiques, notamment sur le délicat problème de la difficulté du soft, je voudrais être clair : les personnes qui ne savent pas s’accrocher aux obstacles ne peuvent prétendre à un quelconque jugement du « challenge » en face duquel vous êtes lâchés. En effet, il ne s’agit ni plus ni moins que de se fixer comme objectif le fait de vaincre Viewpoint en une seule vie ; vous avez bien lu, une seule vie. Pourquoi ? me direz-vous. Et bien, le jeu est ainsi fait : mieux vaut ne pas mourir car vous serez mieux à même d’affronter la difficulté toujours croissante de la suite. C’est particulièrement vrai du fait que la seule manière de bénéficier du bouclier, ô combien salvateur pour battre, allez, « Tête de mort », c’est de survivre, encore et toujours, afin, et c’est là tout le paradoxe, de diminuer la difficulté du jeu. Du reste, c’est aussi vrai pour les bombes dont il ne faut pas hésiter à faire usage pour que le jeu vous en distribue de nouvelles. Bref, et c’est par ces mots que je terminerai, avant de faire l’achat de Viewpoint (qui est encore assez côté de nos jours), je vous conseille fortement de le télécharger pour vous faire une idée ; il va de soi que les véritables sensations du jeu vous sont toutefois uniquement transmises par l’énorme manette arcade Neo Geo, raison pour laquelle l’achat du jeu est de règle pour toute personne qui est à la fois en possession de la console et prête à écourter ses nuits de manière drastique en s’essayant à un défi « à l’ancienne », chose que je ne peux déclarer sans éprouver un vif sentiment de nostalgie.

PS : A toutes les personnes qui seront arrivées jusqu’au bout de la lecture de mon test, j’adresse de vifs remerciements.

Viewpoint