Développé par Saurus, édité par SNK.
Le destin de Saurus est pour le moins lié à celui de SNK, puisqu’après être passé maître dans les portages de jeux de baston Neo-Geo sur les autres consoles du moment, la petite structure se lance elle-même dans le développement de jeux d’arcade. Shock Troopers sera probablement leur titre le plus connu et le plus estimé. Le but plus ou moins avoué : concurrencer Nazca Corporation en matière de run ‘n gun. Pourtant, passer après Metal Slug est un exercice plutôt casse-gueule.
COKE EN SHOCK
Un vieil inventeur, et accessoirement dirigeant d’une puissante milice paramilitaire, a inventé une drogue capable de contrôler les esprits. Las, sa petite-fille vient de se faire enlever par un dangereux groupuscule terroriste, et doit leur servir de monnaie d’échange pour obtenir la substance, qui leur permettra de prendre l’ascendant sur la milice. Mais ce n’est pas au vieux singe qu’on apprend à faire la grimace, et un commando est vite dépêché pour retrouver la damoiselle en détresse. Et tant qu’à faire, pour buter tout le monde au passage. C’est ça, les Shock Troopers.
SHOCK DA SYSTEM !
Shock Troopers est un run ‘n gun vu de dessus à la manière du vénérable Commando. Cependant, il ne s’agit pas d’avancer bêtement du bas vers le haut, puisque des passages de profil sont également prévus au programme. En ce sens, l’inspiration serait plutôt à chercher du côté de Pocky & Rocky, le côté kawaii en moins.
L’aventure s’étale sur six niveaux. Cependant, les cinq premiers peuvent être abordés selon trois routes différentes : la jungle, la montagne ou la vallée. Ceci nous donne donc un total de seize niveaux, et il faudra au minimum trois parties pour tous les explorer. Chaque stage est gardé par un boss.
Face aux nombreux soldats et véhicules militaires qui vous attendent, vous pourrez choisir parmi huit (8 !) personnages, chacun ayant ses propres attaques. Vous pouvez jouer à deux et, mieux encore, choisir de vous la jouer solitaire ou commando. Dans le premier cas, vous ne contrôlez qu’un seul personnage, mais dans le second vous en sélectionnez trois : vous pourrez switcher entre chacun d’entre eux mais tous se partagent la même jauge de vie.
Vous dirigez votre personnage, généralement à pieds, au moyen du stick directionnel, et pouvez l’orienter dans n’importe quelle direction. Vous utiliserez ensuite quatre boutons : le premier permet de tirer dans la direction à laquelle vous faites face, le second d’effectuer une manœuvre d’esquive, le troisième de déclencher une attaque spéciale (c’est celle-là qui est différente d’un avatar à l’autre) et le dernier pour changer de personnage, si vous avez décidé de jouer en équipe.
Shock Troopers offre un large éventail de situations, et s’il est vrai que vous passerez la majorité de votre temps à courir et à tirer partout, il vous arrivera aussi d’enfourcher une moto, de vous retrouver à l’arrière d’un camion lancé dans une course folle, ou encore de vous prendre pour Frison-Roche en faisant de la varappe à vingt mètres du sol.
Côté bonus, Shock Troopers est une nouvelle fois généreux. En plus de votre arme de base aux munitions infinies, vous récupèrerez également de nombreuses armes telles que le lance-flammes, le fusil à pompe (monstrueux !), la mitrailleuse, le tir en cône ou encore le lance-missiles. Bien évidemment, les projectiles pour cet arsenal sont eux disponibles en quantité limitée. Vous trouverez également des bombes (nécessaires pour déclencher les attaques spéciales), de la nourriture pour restaurer votre santé et des joyaux aux divers effets : si les bleus ne font que gonfler votre score, les jaunes vous rendent momentanément invincible et les rouges détruisent toute opposition présente à l’écran.
EN ÉTAT DE SHOCK
C’est premièrement sa réalisation qui fait de Shock Troopers un grand jeu. Les graphismes sont d’une grande finesse, les couleurs sont chatoyantes, les animations sont globalement fluides malgré quelques saccades lorsque trop de monde est présent à l’écran, les effets d’explosion abondent et une bande-son nerveuse baigne l’ensemble. Tout cela donne une atmosphère digne des meilleurs films d’action hollywoodiens, et d’ailleurs le scénario est tout aussi inepte que dans ce genre de blockbusters.
Mais plus encore que son savoureux écrin, c’est son système de jeu en or massif qui propulse Shock Troopers au rang de star. Nerveux, bourrin, le jeu promet une aventure intense bien servie par une maniabilité instinctive et une opposition de tous les instants. Et si la durée de vie n’est somme toute pas vraiment exceptionnelle, la rejouabilité est par contre énorme avec trois chemins possibles et huit (8 !) personnages jouables. De quoi passer quelques heures derrière son écran.
Grâce à son physique attrayant et à son fond de jeu bien maîtrisé, Shock Troopers s’impose comme le pendant naturel de Metal Slug. Et Saurus se rattrape bien après avoir abreuvé les joueurs de conversions généralement médiocres (Samurai Shodown ou Art of Fighting sur Super NES, c’est pas vraiment ça) et de titres ennuyeux au possible.