Développé par ADK, édité par SNK.
Un jeu de baston au Japon féodal ? Ben ouais, bien sûr : Samurai Shodown, ou Last Blade. Avec des ninjas ? Ah là ça se complique. Où est-ce que je vais trouver des ninjas, moi ? Ah je sais ! Chez ADK bien sûr ! Les papas de Ninja Combat et Ninja Commando s’y connaissent en matière de shinobis. Le truc c’est qu’ils s’y connaissent beaucoup moins en matière de _beat ‘em up _, en témoignent leurs World Heroes et autres Agressors of Dark Kombat.
NOBUNAGA’S AMBITION VS. GANBARE GOEMON
Une fois n’est pas coutume, Ninja Master’s Haoh Ninpo-cho s’appuie sur des faits historiques, même si à la fin la cohérence n’est plus de mise. Le jeu se déroule durant la période Sengoku, période de troubles qui s’étale grosso modo de la seconde moitié du XVe siècle au premier quart du siècle suivant. Une ère de luttes intestines qui vont favoriser le destin d’un homme, le seigneur de guerre Nobunaga Oda. Tantôt considéré comme le héros ayant unifié le Japon ou comme le traître qui s’est vendu à l’Occident, le personnage est ici considéré comme le vilain en chef qu’il va falloir défaire, afin de sauver la patrie. De nombreux justiciers en puissance se lancent dans cette quête insensée (le badass est censé détenir le pouvoir du démon), et parmi eux se trouve Ishikawa Goemon. Si vous ne connaissez ce nom que de la série Ganbare Goemon de Konami, sachez qu’il s’agit d’un véritable voleur de grands chemins, équivalent local de Robin des Bois puisque lui aussi dépouillait les riches pour donner aux pauvres. Kozuki Sasuke, le héros du jeu, est quant à lui un grand ninja contemporain des deux autres. Je m’arrête là pour les références, parce que ça ferait un peu long sinon (et puis surtout parce que les autres, je ne sais pas qui ils sont censés représenter).
NE RETIENS PAS TES ARMES
Ninja Master’s Haoh Ninpo-cho est un beat ‘em up en deux dimensions, genre dont la Neo-Geo est particulièrement friande puisqu’elle a accueilli, entre autres, les Fatal Fury, King of the Fighters, Samurai Shodown et autres Art of Fighting. Le jeu ne propose que les deux modes standards, à savoir le solo et le versus, et un panel de dix combattants auxquels s’ajoutent un boss et un personnage secret.
Comme dans tout jeu de combat sur Neo-Geo, quatre boutons sont utilisés (deux pour les coups de pied et un pour les coups de poing) en plus du joystick qui sert à diriger le personnage latéralement, à le faire s’accroupir ou sauter. Vous aurez bien entendu à votre disposition quelques techniques de base comme les projections, mais aussi et surtout toute une panoplie d’enchaînements et coups spéciaux propres à chaque personnage. Et si les seconds ne sont pas ce qui se fait de plus impressionnant sur la machine, soyez par contre sûr que si vous vous passionnez pour les combos, vous allez pouvoir vous en donner à cœur joie.
À force de frapper l’adversaire, vous remplirez une jauge de Super Special qui permet, comme on peut s’en douter, de déclencher une attaque dévastatrice une fois qu’elle sera complètement remplie. Notez enfin que si chaque personnage est muni de sa propre arme blanche au début du combat, il est possible de s’en débarrasser à tout moment histoire de se battre comme des hommes. Certaines techniques ne sont d’ailleurs disponibles qu’une fois les mains vides.
RETURN OF THE NINJA MASTER
Ninja Master’s Haoh Ninpo-cho est un jeu attirant. Les personnages sont détaillés et colorés, de bonne taille sans être aussi imposants que dans un Art of Fighting. Le reste des graphismes est à l’avenant, avec des décors presque photo-réalistes marqués d’effets visuels (rais de lumière dans la caverne, brume au-dessus du marais…) pour certains. Tout est de bon goût et, de plus, les animations sont d’une belle fluidité. Parachevant cette réalisation digne de la Neo-Geo, la partie sonore offre des thèmes aux accents orientaux de très bonne facture.
Qui plus est, Ninja Master’s Haoh Ninpo-cho est aussi agréable à l’œil et à l’oreille que manette en mains. Les coups spéciaux ne sont pas vraiment renversants, mais le titre d’ADK ne mise pas particulièrement dessus non plus. En effet, son rythme élevé et son système d’enchaînements le destinent avant tout aux amateurs de combos sans fin. Le jeu est exempt de bugs et le roster est bien balancé, même si on n’échappe pas aux stéréotypes (le héros bien équilibré, le perso rapide mais faiblard, le costaud lent, etc.).
L’ennui, c’est que dans la masse de beat ‘em up qui ont envahi les salles d’arcade dans les années 90 - et en particulier la Neo-Geo - Ninja Master’s Haoh Ninpo-cho ne se distingue pas vraiment de ses concurrents. C’est triste à dire parce qu’ADK a rendu une copie quasiment parfaite, mais tout le monde sait bien qu’il ne suffit pas d’être parfait pour convaincre le peuple, sans quoi je serais président à vie du monde depuis belle lurette.