Premier titre à être disponible sur Neo Geo, Magician Lord est un jeu d’action / plates-formes heroic-fantasy dans la veine d’un Rastan ou d’un Cadash, l’aspect RPG en moins. Le joueur incarne le magicien Elta dont l’objectif est de récupérer plusieurs tomes de pouvoir détenus par de puissants démons. Chaque niveau se présente comme une succession de sous-levels, avec des plates-formes, de redoutables adversaires et de non moins redoutables pièges, ainsi que des portes qui permettent souvent de prendre un raccourci à travers le stage.
Pour défaire ses opposants, Elta tire des projectiles magiques. Mais la principale caractéristique de Magician Lord réside dans les orbes magiques qu’on peut dénicher dans des coffres. Ces orbes permettent à Elta de se transformer en plusieurs types de combattants aux capacités plus ou moins efficaces : parmi celles-ci, un homme-lézard cracheur de feu, un ninja et un samouraï au puissant katana. Ne vous réjouissez cependant pas trop vite : si sur le papier, ces transformations laissent supposer que la quête d’Elta sera une simple promenade de santé, la sauvagerie des adversaires et la difficulté mortelle des nombreux pièges vous ramèneront bien vite à la dure réalité : Magician Lord fait partie de ces jeux dont on se demande s’il est réellement possible d’en venir à bout ailleurs que sur émulation…
Réalisation technique :
Même s’il s’agit d’un des tous premiers jeux disponibles sur la Rolls des consoles, il est évident qu’en 1990, Magician Lord surclassait déjà tous ses concurrents directs. Malgré des sprites relativement petits, la majesté des décors et de certains boss en impose instantanément, de même que l’originalité de certains des environnements proposés. Je pense tout particulièrement à ce stage qui se déroule dans une étrange caverne constituée de matière vivante. Les boss eux-mêmes sont aussi hideux qu’énormes, et on s’attendrait d’ailleurs plus à les rencontrer dans un
shoot them up que dans un jeu d’action (créature fossilisée dans un mur, sphère entourée d’un bouclier de flammes, etc…). Au niveau du style global, pas de surprises : on nage en pleine heroic-fantasy revue et corrigée à la japonaise avec des simili-trolls, des bestioles volantes, des morts-vivants, des falaises, des châteaux perdus dans les montagnes, et des thèmes musicaux ronflants et épiques. En résumé, Magician Lord est une belle réussite de ce point de vue. Malheureusement (ou heureusement pour les hardcore gamers), certaines de ses autres caractéristiques le mettent définitivement hors de portée du joueur standard. Tout d’abord, le personnage est lent. Rien de plus énervant qu’un héros qui avance à petit pas précautionneux et ne sait pas courir pour échapper au danger. Deuxièmement, ses capacités physiques ne sont pas fabuleuses et on patauge pour lui faire éviter promptement un projectile ennemi d’un misérable saut. Troisièmement, Magician Lord est d’une difficulté hallucinante, quasiment à l’égal de celle de View Point mais transposée dans un jeu d’action. Si le magicien est assez lent, les ennemis sont, eux, très vifs, tirent des projectiles à un rythme impressionnant, et déboulent souvent de nulle part sans prévenir. Les combats contre les boss, faits d’esquives et d’attaques successives, se négocient au centième de seconde près. Une fois touché, il n’est pas rare de se retrouver pris dans un engrenage fatal où le héros se fait toucher jusqu’à en perdre toute son énergie.
En bref : 11/20
Classique mais bien fichu, Magician Lord frise malheureusement l’injouabilité, tant la barre de difficulté a été placée haut. Un jeu atrocement difficile, ce n’est pas dramatique quand la totalité de ses composantes sont irréprochables. C’est le cas de View Point par exemple. Dans Magician Lord, on ressent malheureusement un gouffre entre ce héros vraiment pas dégourdi et des adversaires et obstacles qui ne lui laissent pas une seconde de répit. Avec la fonction de sauvegarde des émulateurs, il est cependant possible de progresser trèèèèèss lentement, en rechargeant de très nombreuses fois, et en faisant une réussite ou un peu de yoga entre chaque stage. Avec sa réalisation un peu démodée et son player fun qui s’apparente davantage à une épreuve expiatoire, Magician Lord ne contentera que les hardcore gamers blasés par la facilité des autres jeux vidéos.