Karnov's Revenge est un jeu vidéo Neo Geo publié par Data Easten 1994 .

  • 1994
  • Combat

Test du jeu vidéo Karnov's Revenge

2.5/5 — Moyen par

Karnov’s Revenge (aussi appelé Fighter’s History Dynamite) est un des rares jeux de combat de la Neo geo à ne pas être signé SNK et, comme par hasard, il s’agit également d’un des moins réussis. La principale faiblesse de Karnov ne réside cependant pas dans une quelconque carence technique mais plutôt dans son absence totale d’originalité. Certes, les jeux de combat ne sont pas la sous-espèce de jeux vidéo où on détecte le plus de principes innovateurs et d’originalité mais quand les personnages, les décors, les attaques et les éléments du gameplay semblent avoir été repiqués à gauche et à droite sans même que les programmeurs se soient fatigués à dissimuler leur forfait, il y a tout de même un léger problème. L’impression persistante de plagiat fut telle que Capcom intenta sans succès un procès à Data East, soupçonné d’avoir piqué l’essentiel des éléments de Karnov’s Revenge à Street Fighter II. La victoire juridique des concepteurs de Karnov ne changea malheureusement rien à la mauvaise réputation de leur jeu, généralement considéré comme une copie sans âme et sans imagination des jeux de combat à succès.

A proprement parler, il n’existe pas vraiment de scénario dans Karnov’s Revenge. La douzaine de combattants impliqués dans le championnat souhaitent simplement ravir son titre de champion du monde à Karnov, et il n’existe aucune micro-histoire de soap-opera à se mettre sous la dent. Non que savoir que trucmuche a une liaison avec machin, ou que Bidule est en réalité le neuveu par alliance de Trucmuche change quoi que ce soit au bon déroulement de la partie, mais ce genre de niaisieries fait partie intégrante du décorum de tout jeu de combat qui se respecte. Bref, parmi les combattants, on retrouve l’habituelle brochette de maîtres d’arts martiaux orientaux : Liu Feilin et Lee Diendo pour la Chine, Mizoguchi, Yungmie et Ryoko (transfuge de World Heroes II) pour le Japon, ainsi que Samchay le boxeur Thaï. Le reste du monde est représenté par Ray McDougal (l’inévitable street fighter américain… tiens, on dirait Ken !), Zazie (le lutteur africain), Marstorius (le catcheur italien qui ressemble comme deux gouttes d’huile de corps à Zangief), Matlock (le punk anglais à mi chemin entre Billy Idol et Johnny Rotten) et Jean-Pierre le Français (un combattant efféminé qui aime les roses, les bracelets tricolores et ressemble un peu à Lambert Wilson). Les deux méchants de l’histoire sont Clown le… euh… clown, et Karnov, un personnage tellement récurrent dans les jeux Data East qu’il a fini par devenir la mascotte officieuse de la société japonaise. On rencontre en effet ce lutteur sibérien replet dans d’autres jeux de combat, mais aussi en tant que boss de fin de niveau dans certains jeux comme Baddudes vs Dragoninja, et même en tant que personnage principal d’un vieux jeu de plates-formes à sa gloire.

Parmi les éléments plus que visiblement influencés par d’autres jeux célèbres, on retrouve le principe des décors qui changent suivant le round (soit la nuit tombe, soit le climat change, soit certains éléments s’ajoutent au décor originel, comme un défilé de fêtards japonais dans le stage de Ryoko). On notera aussi l’existence, aux extrémités du ring, d’éléments qui peuvent être détruits lors d’une mauvaise chute (caisses, amphores, rochers, et même une 2CV dans le stage français !). Les ennemis peuvent être assommés quelques instants lorsqu’ils se ramassent une mandale particulièrement brutale et perdent une partie de leur costume.

Réalisation technique :

Le principal défaut de Kanorv’s Revenge tient à son absence d’imagination et de détails attachants. Le boulot graphique est bien torché dans l’ensemble, mais on éprouve la sensation d’être en face d’une simple synthèse des poncifs du genre. Quelques décors sortent du lot (le concert punk du stage de Matlock, l’ambiance cliché très typée “Vieille France” de Jean-Pierre, …), quelques combattants sont relativement sympathiques (Jean-Pierre, Clown, …) mais dans l’ensemble, on ne se montre guère émerveillé par ce que Karnov’s Revenge a à nous proposer. Rien que le boss final, Karnov, gagne la palme du boss le plus anecdotique et ridicule de l’histoire de la Neo Geo. Reste que techniquement le jeu tient relativement bien la route : les sprites sont grands, les couleurs sont impeccables, les décors sont relativement fournis en détails. Si les concepteurs avaient rajouté l’inventivité à leur goût du travail bien fait, on aurait sans doute tenu un soft réellement enthousiasmant. Cependant, si les graphismes sont à la hauteur de la Neo Geo, on ne peut pas en dire autant des autres caractéristiques techniques. Le jeu est rapide, mais sujet à de nombreux ralentissements, les attaques spéciales sont peu impressionnantes et toujours pompées sur celles d’autres jeux. La jouabilité est assez perfectible avec un temps de réaction pas vraiment optimal qui vous vaudra quelques belles défaites et autant de séquences d’arrachage de cheveux, et la bande sonore, malgré des bruitages corrects, ne laisse aucun souvenir particulier.

En bref : 11/20

Fade est le mot qui convient le mieux à Karnov’s Revenge, œuvre de programmeurs paresseux qui ont pensé qu’il suffisait d’agencer ensemble le meilleur de ce qu’on trouve chez les concurrents sans rien rajouter par eux-mêmes pour que la sauce prenne. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il se sont royalement fourré le doigt dans l’œil. Malgré quelques éléments sympathiques ici et là, Karnov’s Revenge sent le déjà-vu à plein nez, dévoile des effets spéciaux inférieurs à ce que peut réaliser la Neo Geo, et souffre de bugs dans l’animation et d’une jouabilité très moyenne. Sur Super NES, Karnov’s Revenge aurait été un Beat them up potable (il existe d’ailleurs sur ce support, sous le nom Fighter’s history dynamite) mais sur Neo Geo où la concurrence est quand même un peu plus rude, il passe complètement inaperçu. On pourrait résumer la situation par la sentence suivante : “Karnov’s Revenge, tout ce que vous proposent les autres jeux de combats, mais en moins bien”

Karnov's Revenge