Ganryu est un jeu vidéo Neo Geo publié par Viscoen 1999 .

  • 1999
  • Action

Test du jeu vidéo Ganryu

3/5 — Très bien par

Partenaire de choix de la Neo-Geo avant de fonder une alliance avec Seta et Sammy, depuis lors dissolue, Visco n’est désormais plus rien dans le monde du jeu vidéo. Grandeur et décadence d’une petite société dont on se souvient pour ses jeux franchement inspirés de la concurrence (on fera ainsi le rapprochement entre son Breakers et Street Fighter II, ou entre son Captain Tomaday et Twin-Bee), sans être de bêtes clones pour autant. Qu’en est-il de ce Ganryu, qui lorgne pour sa part du côté de Shinobi ?

OPÉRATION… NINJA !

Le brave ronin Musashi - inspiré du célèbre personnage historique Miyamoto Musashi, incarné entre autres par Toshiro Mifune dans la Trilogie du Samouraï - a vaincu sa Némésis, Sasaki Ganryu Kojiro. Il rentre donc au bercail retrouver sa chère et tendre Otsu, histoire de remettre l’épée dans le fourreau (on en rigole encore, de celle-là, au pays des samouraïs). Seulement voilà, le temps qu’il arrive sur place, il ne peut que constater la disparition de sa belle, ainsi que de nombreuses autres personnes. Le responsable de ces enlèvements n’est autre qu’un gang de ninjas inconnu jusque là, et sur lequel Musashi va bien malgré lui devoir enquêter. Enfin « enquêter », c’est histoire de dire, hein : le terme exact ça serait plutôt « charcuter ».

OPÉRATION CORNED BEEF

Ganryu est un jeu de plates-formes/action dans la pure veine des Shinobi/Shadow Dancer : le but est d’avancer quasiment en ligne droite tout en tranchant des ennemis qui ont la fâcheuse tendance de se jeter sur votre épée. Le jeu n’est pas linéaire pour autant, et vous pouvez découvrir plusieurs chemins au cours d’un même niveau. Des chemins qui vous mèneront tout de même tous au boss.

Ce sont cinq stages qui vous attendent. Ils sont plutôt longs et cela a l’avantage de vous faire voir du pays, puisque vous pouvez traverser plusieurs décors au sein d’un même niveau. Par exemple vous passerez d’un village à une forêt, puis à un lac lors du premier monde, alors que le second fait défiler en arrière-plan une plaine, une cascade ou une montagne. Ce ne sera pas une promenade de santé pour autant, votre route étant parsemée de ninjas, de démons et de ninjas-démons.

Vous dirigez Musashi - ou sa sœur Suzame si vous préférez - au stick, vers la droite ou la gauche, et utilisez trois boutons. Le premier permet de sauter, le second de frapper au katana. Le dernier est déjà plus spécifique : tel un Bionic Commando médiéval, vous utilisez une sorte de grappin pour vous suspendre aux troncs d’arbres ou autres, puis pour vous balancer vers des hauteurs vertigineuses. Vous pouvez aussi vous en servir pour passer au-dessus des immenses précipices du dernier niveau.

Sur votre route, vous collecterez dans des coffres quelques items qui peuvent vous être d’un grand secours, comme les recharges d’énergie ou des vies supplémentaires, mais aussi de nouvelles armes. Des armes de jet pour être plus précis, par exemple des étoiles ninjas. Et comme de bien entendu, ces projectiles ne sont pas disponibles à l’envi : vous n’en récupérez qu’un stock limité, et lorsque celui-ci passe à zéro vous reprenez votre bonne vieille lame.

OPÉRATION SÉDUCTION

De manière assez étonnante, ou tout du moins amusante, Ganryu est sorti sur MVS (la version borne d’arcade de la Neo-Geo) mais pas sur AES (son pendant de salon). Non en fait vous avez raison, c’est ni étonnant ni amusant, c’était juste pour vous prouver que moi aussi, je sais chercher des infos sur Wikipedia. Enfin bref.

Quoi qu’il en soit, c’est incroyable comme on pouvait se contenter de pas grand-chose dans les années 80. Des petits sprites tout pixellisés, des couleurs tristounettes, des animations bâclées et on s’amusait quand mê… Pardon ? Le jeu est sorti en 1999 ? Nom d’une queue de gerboise ! Eh oui c’est un fait, Ganryu n’est certainement pas le jeu qui aura poussé la Neo-Geo dans ses derniers retranchement, comme disent les rédacteurs de Femme Actuelle. Le jeu semble être arrivé une décennie trop tard, et c’est peut-être ce qui explique sa confidentialité, à l’heure où la 2D jetait ses dernières - et superbes - forces face à une 3D encore balbutiante mais qui promettait monts et merveilles.

Pourtant, en faisant abstraction de cette réalisation datée, voire périmée, le joueur curieux pourrait découvrir un jeu non pas révolutionnaire - ça reste du Visco - mais tout au moins prenant. La prise en mains est immédiate (sauf peut-être pour ce qui est d’utiliser le grappin, qui vous demandera une certaine dextérité), l’action suffisamment virulente pour vous accrocher et la difficulté suffisamment élevée pour vous pousser à finir l’aventure. Une aventure hélas un peu courte, puisque même si les niveaux sont assez longs, ils ne sont qu’au nombre de cinq.

De fait, Ganryu ne remplacera certainement pas Shinobi dans le cœur des joueurs, et a fortiori dans celui des segamaniaques. Mais avec un peu de bonne volonté, vous pourrez peut-être lui accorder une heure ou deux entre votre apéro saucisson-pinard et le rendez-vous de dix-sept heures à la réunion des séparatistes anonymes.

Ganryu