Breakers est un jeu vidéo Neo Geo publié par Viscoen 1996 .

  • 1996
  • Combat

Test du jeu vidéo Breakers

3/5 — Très bien par

Alors que le beat ‘em up a connu sa première révolution avec Street Fighter, Breakers arrive un peu en retard, espérant surfer sur la vague.

Le système Neo Geo accueille donc ce jeu signé Visco Games, deux ans avant sa suite Breakers Revenge (qui en fait n’est qu’une version remaniée ajoutant principalement un personnage supplémentaire).

T’ES CASSÉ(E)

En bon beat ‘em up d’arcade, Breakers ne relève pas d’un scénario prolixe. En effet, neuf personnages (dont un boss) fort variés, bien que ressemblant étrangement à des têtes connues, s’affrontent dans un tournoi d’arts martiaux quelconque.

UN GAMEPLAY QUI FRACASSE

Vous pouvez choisir parmi un roster de…oulà, huit persos ! Dingue ! Alsion III est une momie de pharaon Égyptien et une copie trait pour trait de Dhalsim. Condor est le Thunder Hawk du jeu, un gros Amérindien musculeux. Pour Dao Long, il vous suffit de changer la première partie en « Fei » et vous vous retrouvez avec le même expert en kung-fu. Pour Maherl, c’est un peu moins évident au départ mais ce guerrier perse ressemble finalement beaucoup à Edmond Honda. Pielle (ça aurait dû donner Pierre si le traducteur avait bien fait son boulot), malgré un nom français est Italien, et cet escrimeur ressemble beaucoup à Balrog/Vega. Rila la femme sauvage est un Blanka au féminin. Shelly est une copie à peine masquée dans le nom de Chun Li. Et Sho est le Ryu du jeu, le héros super équilibré. Enfin, le boss non jouable, Bai-Hu, dispose de pouvoirs psychiques dignes de ceux de Vega/Mike Bison.

Alors bien sûr, neuf personnages dont un non jouable, ça fait peu comparé aux standards de l’époque. Mais là où Visco se rattrape, c’est qu’ils ne sont pas seulement variés dans leur design, ils le sont aussi dans leur gameplay.

Rien de révolutionnaire au départ : une barre de vie, une barre de spécial que l’on peut cumuler à hauteur de trois niveaux de puissance, deux boutons de poing, deux boutons de pied, et un dash avant et arrière. Point barre.

Le jeu devient intéressant au moment où l’on en arrive aux combos. En effet le timing des coups de diverses puissances est suffisamment bon pour que l’on puisse créer des chaînes de coups démentielles, y compris lorsque l’adversaire est en l’air.

Qui plus est, les coups spéciaux ne sont pas particulièrement difficiles à sortir (les manipulations classiques à base de rotation partielle ou totale…) et les choppes sont plutôt efficaces. Notons également les coups capables de casser une garde basse plutôt révolutionnaires pour l’époque, et les temps de remise – après avoir été assommé – extrêmement longs. Tout concorde pour que les combotteurs dont je suis soient aux anges.

LE CASSE DU SIÈCLE

Oui, Breakers n’est rien d’autre qu’un énième beat ‘em up. Oui, les graphismes sont plutôt grossiers et les personnages, bien que variés, semblent de pâles copies de Street Fighter (il est même étonnant que Capcom n’ait pas attaqué, le flagrant délit de plagiat est encore plus éhonté que dans Fighter’s History). Oui, les thèmes musicaux sont redondants et vite fatigants.

Oui, le roster est pauvre. Oui, la manière de jouer ne diffère pas fondamentalement des autres beat ‘em up. Oui à tout cela.

La faute à une première annulation, le jeu devait sortir initialement en 1994, et cela aurait pu tout changer. Cependant parler de catastrophe est tout sauf vrai :

Ambiance désuette, sentiment de déjà vu ? Oui mais les personnages sont suffisamment variés et appuyés par une atmosphère loufoque que l’on peut faire abstraction de cela.

Musique ennuyeuse ? Qu’à cela ne tienne, les voix digitales amusantes (par exemple les beuglements de Condor ou les petites phrases mal traduites de Pielle) compensent.

Peu de personnages ? Tant mieux, si cela permet d’appréhender plus facilement la méthode pour jouer chacun d’entre eux au mieux.

Gameplay sans originalité ? Les combos de folie et plus généralement la part belle donnée aux joueurs les plus agressifs font que l’on ne s’ennuie jamais, et cela vaut toutes les techniques du monde.

Ne nous voilons pas la face : au regard de ses congénères de l’époque, Breakers est laid et pauvre. Mais si la claque technique n’a pas lieu, le jeu s’en tire tout de même honorablement par le plaisir de jeu qu’il propose.

Les animations sont particulièrement bien réalisées, le jeu n’est ni trop rapide ni trop lent et les coups et sauts ont une portée normale, loin des abus d’un Street Fighter Alpha par exemple.

Qui plus est, le soft démontre des qualités de gameplay que l’on ne lui prêtait pas au fil des parties, malgré un système de jeu désuet. Et le fun qui se dégage des chaînes de coups que l’on peut infliger à l’adversaire n’a pas de prix.

Bien entendu affronter les huit personnages puis le boss ne prend que peu de temps, d’autant que la difficulté n’est pas vraiment de mise, mais on revient régulièrement vers ce petit jeu sans prétention, qui n’a pas eu le succès qu’il aurait mérité.

Tout ça à cause d’un mauvais timing. C’est qu’en deux ans, il s’en est passé des choses…

P.S. : chose amusante, les personnages n’ont pas le même nom selon que vous soyez le joueur 1 ou 2. Ainsi sur le screen, Shelly se nomme Tia. Donc en gros si deux mêmes persos s’affrontent, ce n’est pas illogique, ce sont des jumeaux !

Breakers