Art of Fighting est l’une des séries phare de jeux de combat made in SNK, et est principalement renommée pour la taille très imposante de ses sprites. Le premier épisode, sorti fin 92, souffrait cependant de nombreuses faiblesses de jouabilité dommageables, qui nuisaient au rythme et à la souplesse des combats. Plutôt que de résoudre les faiblesses, Art of Fighting II a pris le pli de pousser dans leurs derniers retranchements les points forts de la série. Avec comme résultat de proposer le plus magnifique jeu de combat jamais vu à cette date, mais pas forcément le plus intéressant ni le plus jouable. Question jouabilité, il y aurait en effet beaucoup à dire sur cette suite mais le moment n’est pas encore venu de sévir. Passons donc sans plus attendre à une rapide description de cette nouvelle fête de l’esprit.
A l’instar de l’évolution entre Fatal Fury et Fatal Fury II, le principal apport de Art of Fighting II tient surtout au plus grand nombre de combattants disponibles. Les personnages sélectionnables du mode solo ne sont plus limités à Ryo Sakazaki et Robert Garcia et la plupart des adversaires du premier épisode sont de retour en tant que personnages jouables. Bienvenue donc à Lee Paï Long (le petit chinois masqué avec des griffes) ; au sergent des Marines John Crawley ; à King la serveuse (enfin, officiellement LE serveur) ; au boxeur Micky Rogers ; à Jack Turner le voyou obèse et débraillé et bien entendu, à Mr Big, le boss du premier jeu avec sa dégaine de mac et ses deux matraques de combat. Parmi les nouveaux venus, on découvre Eiji Kizaragi, un ninja assassin d’une école rivale de celle des Sakazaki, Temudjin, un docker d’origine mongole, ainsi que les membres précédemment disparus de la famille Sakazaki : Takuma, le père gonflé aux anabolisants qui avait été obligé de combattre son fils sous la contrainte dans le premier opus, et Yuri la fifille kidnappée (à se demander d’ailleurs qui était parvenu à neutraliser cette furie à l’époque.. !). Chacun de ces personnages aura sa petite histoire personnelle et une bonne raison de taper sur tous les autres mais malgré tout, le scénario reste assez succinct. On apprend juste que cette fois, le Big Boss à abattre est une étoile montante du crime organisé du nom de…Geese Howard. Geese Howard ? LE Geese Howard de Fatal Fury ? Tout juste : il faut savoir que Art of Fighting se déroule lui aussi dans la ville fictive de South Town, une dizaine d’année avant les événements rapportés dans Fatal Fury (à noter que dans les King of Fighters, ce décalage temporel n’a plus cours).
En dehors de ce vague nouveau scénario, toutes les principales caractéristiques de la série sont au rendez-vous. La jauge de puissance (qui diminue à chaque fois qu’on réalise une attaque spéciale mais qu’on peut recharger en se concentrant pendant environ cinq secondes) est toujours présente, de même que la Super-Attaque (pour Ryo par exemple, il s’agit d’une vague d’énergie qui doit bien occuper la moitié de l’écran), complexe à réaliser mais dévastatrice. De retour également, la possibilité de railler l’ennemi (et de diminuer de la sorte sa jauge de puissance) et les zooms incessants suivant que les deux adversaires s’éloignent ou se rapprochent l’un de l’autre.
Réalisation technique :
L’erreur stratégique d’Art of Fighting II, c’est qu’il sublime des caractéristiques vouées à une obsolescence rapide – la technique – et qu’il ne fait aucun effort pour remédier aux défauts qui ont fait de la série la moins acclamée des séries de combat de la Neo geo. Graphiquement, Art of Fighting II est une claque, encore aujourd’hui. Si d’autres jeux de combats proposeront une profusion de détails encore supérieure – les Samuraï Showdown ou les Kings of Fighters – et si d’autres s’achemineront après vers un look cartoon plus agréable (Garou Mark of the wolves par exemple), Art of Fighting II propose sans hésiter les sprites les plus colossaux jamais vu sur la console. Les décors eux-mêmes frisent la perfection tant ils offrent un rendu prodigieux et parfois, une certaine originalité (la salle de muscu, par exemple, est truffée de petits détails amusants). La bande sonore est tout aussi impressionnante mais son principal défaut serait néanmoins de ne pas proposer de mélodies réellement inoubliables, contrairement à Samuraï Showdown ou Fatal Fury par exemple. On sera légèrement moins indulgents sur l’animation des combattants. Si les coups spéciaux en mettent évidemment plein la vue, les lutteurs de South Town n’ont pas abandonné cette légère raideur dont ils étaient affligés dans l’épisode précédent…ce qui me permet d’en venir à LA grosse faiblesse d’Art of Fighting, celle qui ruine considérablement le profil jusqu’ici très intéressant de ce jeu de baffes : la jouabilité. Rien à faire, le n°2 est aussi pénible à pratiquer que le premier épisode à ce niveau. Les personnages sont rigides, lourds et patauds à contrôler. Les coups spéciaux sont ardus à effectuer, et les coups «normaux» laissent cette désagréable impression (qu’on retrouve dans d’autres softs) de générer une demi-seconde de «stase» lorsqu’ils portent, ce qui semble peut-être insignifiant mais brise complètement la cadence des matchs. Les grands sprites limitent l’espace disponible pour le combat rapproché et, vu la lourdeur des combattants et le manque de rythme des affrontements, les combats ne sont de toute façon guère palpitants et se limitent le plus souvent à balancer un coup et à filer se mettre à l’abri en espérant tenir jusqu’à ce que le compteur atteigne zéro. Les combos et autres manoeuvres complexes sont en outre difficilement réalisables avec une telle raideur de jeu. Dernier point déplaisant : Art of Fighting II est extrêmement difficile en solo.
En bref : 13/20
Passer après Fatal Fury Special et Samurai Shodown ne fait pas de bien à Art of Fighting II. Malgré sa superbe réalisation, le deuxième opus de la série reste un jeu de combat pas très agréable, pesant et sans souplesse, qui ne permet pas d’élaborer grand-chose en terme de stratégie de combat, et dont les personnages manquent toujours de charisme. La séduction visuelle n’est pas tout dans la vie, Art of Fighting le prouve amplement. Préférez lui, et de loin, les deux softs pré-cités, voire même le décrié World Heroes II qui a au moins le mérite de proposer des combattants hauts en couleur.