Dans un monde réaliste, la perfection n’existe pas. Dans mon monde à moi, qui se déroule principalement dans mon petit cerveau patraque, les Spice Girls n’ont jamais existé, Chuck Norris est président du monde à vie et la vodka a été déclarée boisson d’utilité publique. Bref, la vie y est belle et la perfection y existe, en matière de vidéoludisme en tout cas : elle s’appelle Vectorman.
Créé par Blue Sky pour le compte de SEGA, le jeu a été porté sur Virtual Console après un passage pas forcément remarqué dans la compil’ Megadrive Classics Collection.
I, ROBOT
Dans le monde de Vectorman par contre c’est plutôt la merde. Dans un futur proche, les orbots (terme local pour désigner les robots, sans doute que Joey Starr a pris la présidence) servent les humains et nettoient tout le boxon que nous autres, à peine plus évolués que des singes, avons laissé. Leur chef était cool jusqu’à ce que des robots de maintenance se plantent et lui remplacent sa tête par une ogive nucléaire qui lui a sérieusement atteint les circuits imprimés. Depuis il est très en colère et a ordonné à tous les orbots de zigouiller les sacs à viande que nous sommes. Un seul robot résiste encore et toujours à l’envahisseur wifi, vous, Vectorman.
Pour vous décrire, disons que vous êtes en gros le prototype de Pinocchio, mais en chauve, sans nez, vert et surtout sans ficelles nulle part. Et si ça ne vous parle pas, relevez un poil les yeux, vous avez une image au-dessus, qui équivaut paraît-il à mille mots, pourquoi je me fais chier ?
SENSITIVE MOTION BATTLE SYSTEM
Nul doute que si les marketteux de chez SEGA avaient trouvé un nom aussi pompeux que celui que je viens d’écrire, il se serait vendu des tas de copies auprès des djeunnz amateurs de noms ronflants. Mais en l’état Vectorman est resté un run’n gun plutôt confidentiel.
Il vous faudra traverser seize niveaux en shootant sur tout ce qui bouge, y compris quelques boss, mais attention ! Contrairement à la plupart des run’n gun, les stages ne sont pas linéaires du tout. Ce sont des labyrinthes, et il vous faudra sans arrêt sauter de plates-formes en plates-formes. Vectorman n’est pas pour autant un jeu de plateaux, puisqu’il n’y a pas de principe du genre un saut raté égale une vie en moins, c’est juste que les niveaux sont tordus. Il existe aussi des stages vus de dessus, voire en 3D, oui m’sieurs-dames, où vous devrez vous débarrasser d’un boss encore.
Je sais pas si je suis super clair depuis le début du test, mais le concept de Vectorman est assez original. Ce qui n’est pas le cas du gameplay puisque vous avez un bouton C pour sauter (rappuyez pour double-sauter) et deux boutons au choix, A et B, pour tirer, et ce dans les huit directions.
Pour le reste, rien que du très classique. Vous avez des tas de trucs à ramasser à travers les niveaux ou sur les carcasses des ennemis, à savoir : les photons qui ne servent qu’à augmenter les points, de quoi restaurer tout ou partie de votre jauge de vie, voire l’augmenter, des vies supplémentaires, du temps en plus (les niveaux sont chronométrés), des multiplicateurs, de nouvelles armes (tir rapide, 5-way, tir qui traverse les ennemis), un bouclier, des smart bombs, et des checkpoints sous forme de V bleu. Tout ça est décompté en fin de stage et fait péter la banque.
Vous avez également à votre disposition diverses transformations bien utiles : le poisson nage mieux dans l’eau, le buggy peut casser certains murs, le marteau-piqueur détruit certains sols, etc.
Pensez aussi à détruire les antennes satellites (il faut d’abord détruire leur bouclier), cela vous permettra d’accéder à un bonus stage assez amusant.
PEUT MIEUX FAIRE, MAIS VA FALLOIR S’ACCROCHER
Sur le fond, Vectorman est un run’n gun assez basique. L’histoire du jour où les machines se révolteront est vieille comme Jeanne Moreau, le perso est à peu près aussi charismatique qu’un plat de nouilles et le principe du run’n gun n’est pas des plus cérébraux.
Mais là où Blue Sky (Mister SFR ?) a fait fort, c’est sur la forme. L’aspect visuel est assez énorme, voire même hénaurme. On se prend à vérifier qu’on ait pas lancé un émulateur Saturn ou Pléstéchionne par mégarde tant on reste sur le cul. Les décors assez minimalistes, les couleurs froides qui se mélangent à d’autres carrément fluos, les effets de lumière agressifs, tout cela contribue à ce qu’on entre de plain pied dans ce futur désenchanté définitivement plus Blade Runner que I, Robot où tout était aseptisé.
Non content de cela, le jeu se paye le luxe d’animations ultra fluides. Le héros a une démarche chaloupée à rendre jaloux l’Abe d’Oddworld, il dispose d’une palette insensée d’animations et ses ennemis ne sont pas en reste ! Encore mieux, tout ce monde a beau se balader en même temps, avec une vitesse de progression intense (le rythme du jeu est souvent bluffant), jamais la console ne s’essouffle !
Ca fait discours de commercial jusque là hein ? Ben figurez-vous que c’est même pas fini. Parce que même à l’oreille ça pète : de la techno transe en fond sonore, des gros bruitages qui tâchent… Je sais bien qu’on est en 95 et qu’en général les derniers jeux du cycle de vie d’une machine sont hallucinants, mais là on verse carrément dans la quatrième dimension mieux qu’avec les champignons de Billy the Kick.
Et la jouabilité, on en a pas encore parlé de la jouabilité hein ? Haeing ?! Si je vous dis qu’on est à deux doigts de la tâche dans le calebute tellement Vectorman est maniable, vous me croyez ? Si je vous dis que le rythme frénétique de l’action vous laissera plus pantelant que la blonde que vous avez enfin réussi à ramener dans votre lit ? Si je vous dis qu’en plus de ça le jeu est bien long comme on les aime - sisi, la taille ça compte aussi, désolé de vous décevoir messieurs les petits joueurs - et qu’il est loin d’être une partie de plaisir ?
OK, je m’emballe. Vectorman n’est pas exempt de défauts. Par exemple le logo SEGA est bleu sur fond bleu sur la jaquette du jeu, c’est pas terrible ça. Et puis le designer du jeu s’appelle Rich Karpp, c’est pas un nom ça. Voilà voilà… Bien. Bon bon bon. Sans transition, la conclusion.
On va faire court. De tous les jeux que j’ai noté à 10 jusque là, Vectorman est sans doute le seul qui mériterait 11. Réaction à chaud parce que je l’ai fini tout à l’heure, mais il y’a peu de chances que je revienne sur mon avis le temps passant. Ca a été une grosse surprise pour moi parce que je n’en avais jamais entendu parler, tout juste l’avais-je débloqué il me semble dans le Megadrive Classics Collection sur PS2, sans y prêter attention. Essayez-le, vous ne pouvez pas être déçus. Ce sera le mot de la fin. Ouais je sais, d’habitude j’insère une blagounette mais là je suis vidé, c’était mieux qu’un coït. Non attends chérie, je disais pas ça pour toi…