Les épisodes de la série des Strike se suivent et se ressemblent. Urban Strike est le dernier épisode « à l’ancienne» de la série (qui continua ensuite sur les consoles 32-bits avec une réalisation technique nettement améliorée). Contrairement à ce que son titre laisse supposer, Urban Strike ne se déroule pas exclusivement dans un environnement urbain (la première mission se déroule au dessus d’une jungle tropicale), pas plus que Jungle Strike ne se déroulait exclusivement dans la jungle (on débutait le jeu à Washington. Comprenne qui peut… !).
Pour cette troisième mission au service de la démocratie américaine, les puissants esprits de chez Electronic Arts ont imaginé un danger interne. Plus question d’aller casser de l’Arabe ou du Sud-Américain, le danger provient cette fois de l’intérieur même des États-Unis. Les services secrets ont en effet découvert qu’un leader populiste du nom de H.R. Malone mettait au point, en secret, une arme dévastatrice avec laquelle il compte menacer le gouvernement américain. Tiré de vos vacances bien méritées par l’Etat-Major, vous voilà obligé de reprendre du service pour protéger votre pays, aux commandes de votre hélicoptère de combat dernier cri. Votre mission sera de détruire les nombreuses installations de Malone à travers le pays, de secourir des otages, de surveiller votre jauge de munitions et de carburant,… bref, de faire tout ce que vous aviez déjà fait dans les deux épisodes précédents. Dès la première mission à Hawaï, vous découvrirez que Malone n’est autre que ce bon vieux Carlos Ortega, le trafiquant de drogue que vous aviez affronté dans le jeu précédent. Ayant miraculeusement échappé à la mort lorsque vous avez anéanti sa base secrète, il a eu recours à la chirurgie esthétique pour se doter d’une nouvelle identité. Je me disais aussi, un véritable Américain n’aurait jamais pu faire ça…
En dehors de ce nouveau scénario, rien ou presque n’a changé. Urban Strike reprend le principe des missions à accomplir dans le bon ordre, certains objectifs se précisant au fur et à mesure de la progression. Vous pilotez donc votre appareil sur une vaste carte en 2D isométrique, accomplissez les missions dans l’ordre indiqué dans le briefing et éliminez vos cibles et les unités ennemies qui les protègent à l’aide d’une de vos trois armes (mitrailleuse lourde, roquette Hydra, Missile Hellfire), tout en surveillant du coin de l’œil vos réserves de carburant et de munitions, ainsi que l’état du blindage de votre hélico. Pour vous donner un simple exemple, la seconde mission vous demandera de détruire les systèmes de défense de plates-formes pétrolières tombées au mains de l’ennemi, de secourir les passagers d’un cargo en perdition ainsi que des sous-mariniers russes, d’anéantir le destroyer responsable de cette attaque, de vous emparer d’un kit de réparation pour aider les Russes à réparer leur submersible et de bombarder les avions de chasse ennemis avant qu’ils ne puissent décoller de leur base, tout cela en faisant un usage raisonné des bidons de carburants, caisses de munitions et kits de réparation présents dans la zone. Comme à chaque nouveau jeu, quelques nouveaux véhicules seront à votre disposition, parmi lesquels une moto, un blindé et un hélicoptère de secours qui peut prendre à son bord un grand nombre de passagers. La principale nouveauté apportée par Urban Strike repose sur les quelques séquences où vous vous déplacerez à pied, toujours en 2D isométrique, lorsque vous devrez par exemple infiltrer une base. La vue passe alors en mode rapproché afin que votre soldat n’ait pas l’air d’un acarien égaré sur une moquette. En pratique, le gameplay ne change absolument pas : vous pouvez toujours tirer des rafales de mitraillette et des roquettes grâce à votre fusil d’assaut spécial, et vous avez également un certain nombre d’objectifs à accomplir pour réussir la mission.
Réalisation technique :
Dommage qu’au fil des épisodes, la réalisation technique des Strike ne se soit pas améliorée. On ne retrouve rien de plus agréable qu’au temps de Desert Strike : couleurs un peu ternes, structures des bâtiments parfois un peu grossières et bande sonore réduite à la portion congrue. Tout est resté totalement similaire, de l’animation fluide mais occasionnellement sujette à des mini-ralentissements à la grande difficulté, en passant par la maîtrise des véhicules très délicate pour un novice. Alors que le jeu n’évolue pas techniquement, il tente dans le même temps d’offrir des environnements plus complexes que deux ou trois casemates plantées dans le sable. Le problème n’est donc pas qu’Urban Strike soit plus mal fichu que Desert Strike ou Jungle Strike, c’est juste qu’on remarque davantage ses faiblesses et ses imperfections techniques. Reste les séquences à pied, qui auraient sans doute pu révolutionner le gameplay si elles n’avaient pas été aussi moches : qu’on explore les soubassements d’une plate-forme pétrolière, un bâtiment gouvernemental ou une base perdue dans la jungle, tous ces nouveaux lieux sont laids, ultra dépouillés et impersonnels au possible.
En bref : 14/20
Urban Strike, comme Jungle Strike et Desert Strike avant lui, c’est un genre à lui tout seul, un style de soft que certains détestent et d’autres révèrent. Les premiers dénigreront sa technique assez limitée, sa maniabilité problématique et sa difficulté souvent excessive, les autres acclameront son principe assez accrocheur et le réalisme de l’action. Reste que trois ans après le début de la série, quelques nouveautés ou des qualité techniques supérieures n’auraient pas été de refus, les programmeurs d’Electronic Arts donnant vraiment l’impression d’exploiter le filon à outrance sans trop se fatiguer. Le seul réel apport de ce troisième épisode (les missions à pied) s’avère malheureusement moche et ennuyeux. Urban Strike reste un bon jeu à la base, mais si vous avez déjà usé les deux précédents jusqu’à la corde, celui-ci n’apporte pas grand-chose de neuf.