Imaginés par Sega of America et un temps pressentis pour devenir les mascottes de la Megadrive avant que Sonic ne s’impose, Toe Jam & Earl figurent parmi les personnages les plus originaux et sympathiques de la console. Toe Jam est une espèce de tripode rouge chaussé de baskets, et dont les yeux globuleux peinent à rester ouverts au bout de leurs pédoncules. Mais peu importe, avec sa casquette vissée à l’envers et son pendentif à ses initiales, il a la classe, man ! Earl, quand à lui, tient plutôt du surfeur spatial grassouillet. Avec son short à pois roses, ses grosses pompes et ses lunettes tendances, on tient là un émule de Brice de Nice à la consistance de mayonnaise tournée. Nos deux crétins de l’espace se sont écrasés sur Terre (la faute à Earl qui voulait essayer de piloter) et doivent maintenant retrouver les morceaux éparpillés de leur vaisseau pour pouvoir regagner la planète Funkotron. Enfin sur Terre, c’est vite dit. La planète que découvrent Toe Jam et Earl n’a que peu à voir avec notre monde. Il s’agit en fait de bandes de terres recouvertes d’herbe et de quelques routes et lacs, flottant dans le vide intersidéral et reliées entre elles par des ascenseurs. Les dix pièces du vaisseau sont disséminées à travers les nombreux étages de cette planète, chacun étant infesté de créatures indigènes. Entre les petits diablotins bedonnants, les Cupidons qui chantent faux, les vahinés qui vous forcent à danser dès que vous vous en approchez, les hamsters géants dans leur boule ou les dentistes psychotiques, la population terrestre semble intégralement issue d’un delirium tremens particulièrement grave.
Pour passer d’un niveau à l’autre, il suffit de découvrir où se trouve l’ascenseur local. Pour redescendre, c’est encore plus simple. Il suffit de se laisser tomber d’une falaise pour atterrir au niveau inférieur (ou 3 niveaux plus bas, si vous avez mal calculé votre coup ). Chacun des joueurs peut explorer la zone de son côté, l’écran se scindant alors en deux parties. Il est même possible d’évoluer dans deux niveaux différents, sans que cela pose le moindre problème.
L’essentiel du déroulement du jeu est simple : on explore la zone, on bouffe de la junk-food pour récupérer de l’énergie, et on passe son temps à cavaler pour éviter les ennuis, puisque nos deux héros peace & love ne savent pratiquement pas se défendre, et que les armes disponibles sont rares et assez peu utiles. On les trouve généralement dans des colis-surprise disséminés un peu partout. Mais afin de ne pas avoir une mauvaise surprise en déballant le présent, il vaut mieux trouver d’abord l’étrange « homme-carotte » qui, contre monnaie sonnante et trébuchante, vous révélera ce qui se trouve à l’intérieur de l’emballage.
Heureusement pour Toe Jam & Earl, la plupart des créatures terriennes sont de grosses feignasses qui roupillent toute la sainte journée. Il est alors possible de passer discrètement à côté d’elles sans les réveiller. Le jeu se termine quand on a récupéré toutes les pièces du vaisseau. Il existe également un level de « cool attitude », que l’on augmente en ramassant ces fameux cadeaux, et qui incite à rejouer au jeu afin d’arriver au grade ultime d’extraterrestre branché.
Graphismes : Rien de bien terrible, les zones ont tendance à se ressembler toutes et pires, elles ne contiennent que peu d’éléments mémorables (sauf si on est un grand amateur de pelouse). De plus, les sprites, très petits, sont un peu baveux et fouillis.
Animation : Rien à signaler. L’écran splitté en mode deux joueurs n’est pas écrasé comme cela pouvait être le cas pour Sonic 2. Le scrolling est néanmoins un peu haché.
Jouabilité : Pas grand chose à maîtriser sauf les déplacements des deux zigotos. Pas difficile, même si sans patins à roulettes, les deux playboys de l’espace se déplacent à la vitesse d’un escargot grabataire.
Son : : Des musiques euh cool pour rester dans le ton général, majoritairement à tendance funk. Et plein de petits bruitages idiots. Du bon boulot.
Intérêt : 17/20 Assez curieusement, alors que Toe Jam & Earl semble destiné à lasser très vite, puisqu’il est pratiquement dépourvu d’action, c’est tout le contraire qui se produit Les moyens de neutraliser les adversaires sont très limités et, à première vue, le jeu s’apparente plus à une longue promenade dans des décors plutôt moches. Seul, le jeu n’a pas grand intérêt, c’est vrai. Mais pour peu que l’on prenne la peine de jouer avec quelqu’un d’autre, les parties virent rapidement au délire. Fuir à deux, c’est tout de même nettement plus fun que de fuir tout seul ! Une petite compétition ne tarde pas à s’installer entre les deux joueurs. C’est à qui dénichera le premier la pièce du vaisseau ou l’ascenseur vers le niveau suivant. Qui plus est, les deux aliens passent leur temps à avoir des conversations idiotes, s’ils sont assez proches l’un de l’autre ! Bref, si Toe Jam & Earl ne paye franchement pas de mine à la base, il s’agit d’un des programmes les plus originaux et attachants de la Megadrive. Dommage que par après, cette série ait évolué vers un style beaucoup plus classique et passe-partout.