Exemple parfait du « Sega-Hero » charismatique qui a énormément contribué au succès des consoles de la firme japonaise, The Revenge of Shinobi fut le premier épisode à voir le jour sur la 16-bits de Sega, après un premier opus mythique sur Master System et un Cyber Shinobi très faiblard.
Le clan Neo Zeed, ivre de vengeance à l’égard du maître ninja qui l’avait réduit à néant des années auparavant, vient de savourer sa revanche, en tuant le vieux sensei du guerrier de l’ombre et en capturant sa promise, Naoko. Il faudra un jour dresser le listing de toutes ces kidnappées compulsives pour lesquelles les personnages de jeu vidéo affrontent mille dangers, et qui se contentent de les embrasser pudiquement à la fin, comme si les dits héros s’étaient contentés de les aider à accrocher un cadre au mur.
Trêve de bavardages, Joe Musashi est bien décidé à détruire une fois pour toute le clan maléfique, et il pourra toujours compter sur ses shurikens et son katana pour se frayer un passage sanglant à travers les hordes d’ennemis à la solde du cartel. De nombreuses caisses seront disséminées au fil de la progression, renfermant des munitions, des recharges d’énergie, des power-up ou de la magie ninja… mais aussi des bombes qui exploseront à votre approche si vous n’y prenez pas garde. En parlant de magie ninja, Musashi pourra cette fois utiliser 4 techniques ancestrales pour améliorer ses capacités de combat. L’une d’entre elles le fera sauter plus haut et plus loin, la seconde lui fournira une protection à base de la puissance de la foudre, et la troisième déclenchera une tempête de feu à l’écran. Mais la magie la plus impressionnante reste celle où Musashi explosera littéralement, dévastant tout ce qui remue à l’écran. Cette dernière technique lui coûte cependant énormément d’énergie.
Musashi est également pourvu de la capacité de réaliser un double saut tourbillonnant pour atteindre des plates-formes autrement inaccessibles. Lorsqu’il tire dans cette position, ce ne sont pas moins de 8 shurikens qui seront expédiés en arc-de-cercle sur le malheureux adversaire qui avait la malchance de se trouver sur la trajectoire. Cette technique est certes gourmande en munitions mais permet généralement d’annihiler toute opposition à l’écran. Dans la base militaire ou sur l’autoroute, ce saut vous permettra même de passer devant ou derrière les grillages ou la rambarde, évitant de cette manière tous les ennemis présents du côté que vous venez de quitter. Mais gare à la chute mortelle dans le second cas !
Musashi voyagera à travers le Japon, puis aux Etats-Unis pour atteindre la base secrète de Zeed. Heureusement, contrairement au premier épisode, il ne s’agira plus de retrouver des otages, mais simplement d’avancer, d’éviter ennemis, systèmes de défense et pièges pour parvenir au terme de chaque level. Ces différents levels possèdent un design et une atmosphère dont bien peu de jeux Megadrive peuvent se targuer. Les plus mémorables d’entre eux à mes yeux sont la cascade, ses troncs d’arbre mobiles dans les chutes et ses ninjas volants ; Chinatown et le métro lancé à pleine allure, et les docks de New-York où il faudra sauter sur des bouées flottantes dans les eaux agitées du port. Quant au terrible labyrinthe final de la base secrète de Zeed, il donnera du fil à retordre aux meilleurs apprentis ninjas. On signalera encore la discothèque à l’éclairage psychédélique dans laquelle on affronte le deuxième boss, et qui rend difficile sa localisation exacte ; le convoi militaire lancé à pleine allure sur lequel il faudra détruire les points névralgiques tout en évitant les nombreux systèmes de sécurité, ainsi que quelques boss marquants : on affrontera ainsi un émule de Terminator, ainsi que Spiderman et Batman, tandis que certains autres sont d’une taille bluffante. Je me souviens encore de la stupeur provoquée par le gigantesque dinosaure cracheur de feu que l’on affronte à New-York.
Réalisation technique :
Malgré des décors parfois un peu vides, la réalisation technique de Revenge of Shinobi demeure encore plus que satisfaisante aujourd’hui. Sprites de grande taille, design superbe, bande sonore signée Yuzo Koshiro (le génial musicien de Streets of Rage) de toute beauté, avec des thèmes endiablés ou mélancoliques suivant les circonstances, il faudrait vraiment faire preuve de mauvaise foi pour reprocher quoi que ce soit de notable à cet excellent travail !
En bref : 18/20 :
Shinobi est une légende du jeu vidéo, et cette première adaptation 16-bits se montre à la hauteur de l’original, voire même plus ! Réalisation irréprochable, progression passionnante, univers et personnages charismatiques, il s’agit ni plus ni moins du premier grand jeu à être sorti sur Megadrive, et il n’a pratiquement pas pris une ride aujourd’hui !