A l’instar de Speedy Gonzales, le duo constitué par Sylvestre et Titi n’a pas été souvent exploité dans les jeux vidéo. Cette lacune est assez surprenante dans la mesure où le principe de base de ces cartoons est très similaire à ce qu’on peut voir chez Beep-Beep et le coyote, ou Tom et Jerry, ces derniers ayant été adaptés sur à peu près tous les supports existants. Quoi qu’il en soit, plus qu’un classique jeu de plates-formes, c’est à une course-poursuite dans la plus pure tradition des cartoons de la Warner que nous convie ce Sylvester & Tweety. Contrairement au Roadrunner de la Super NES, le joueur n’est plus ici dans le rôle de la proie mais bien dans celui du prédateur. La mission est claire : dans une succession de décors familiers, Sylvestre doit attraper Titi, tout simplement. Le petit oiseau passe son temps à fuir le matou et va se poser dans les endroits les plus improbables pour échapper à son poursuivant. Dès que Sylvestre se rapproche un peu trop près de Titi, ce dernier s’envole et va se poser un peu plus loin. Si on se montre assez adroit, il est néanmoins possible de filer quelques méchants coups de griffes à Titi au moment où on le rattrape. Au bout d’un certain nombre de coups et après un très grand nombre d’occasions manquées pour Sylvestre, Titi se posera à un endroit précis en n’en délogera plus. Il faudra l’attraper à ce moment pour clôturer le niveau. Si on ne parvient jamais à toucher Titi, le jeu fonctionne comme une boucle qui se répète à l’infini. Si en chemin, on perd la trace de l’oiseau, Sylvestre n’a qu’à utiliser ses jumelles pour repérer instantanément l’endroit où se cache le volatile.
Titi se posera parfois dans des endroits que Sylvestre ne peut atteindre par un simple saut. Comme il est vital de rejoindre l’horripilant petit oiseau pour qu’il se déplace, le Gros Minet devra parfois réfléchir un tout petit peu pour rejoindre sa victime. Le plus souvent, il s’agira simplement d’empiler caisses et objets divers les uns sur les autres pour créer un escalier artisanal. On peut également récupérer de nombreux objets incongrus (maillet, sardine, bâton sauteur, gants de boxe, parapluie, etc ) qui trouveront tous leur utilité tôt ou tard dans l’esprit des effets comiques des cartoons de la Warner. Par exemple, le parapluie permettra de ne pas se faire mal dans le cas d’une chute importante, les gants de boxes ou le marteau serviront à assommer les quelques adversaires présents, comme Spike le Bulldog, et la sardine de se débarasser d’un matou de gouttière mal embouché et désireux d’attraper Titi le premier.
Réalisation technique :
Malgré une certaine originalité dans les décors et la présence de nombreux éléments amusants, le trait graphique global reste assez grossier, mais les couleurs sont très vives, et correspondent parfaitement à ce qu’on peut attendre d’une adaptation d’un cartoon. Le scrolling a parfois tendance à saccader très légèrement, mais Sylvester & Tweety est très généreux en animations burlesques et amusantes : Sylvester boxe, agite un poisson pas frais devant les chats de gouttière, plane d’un air serein avec son parapluie, tombe sur le crâne en battant frénétiquement des bras et perd tous ses poils après s’être électrocuté. Du très bon travail, nul ne le niera. Après tout, l’essentiel n’était pas de réaliser des prouesses graphiques et techniques mais de coller de près à l’atmosphère des dessins animés. De ce point de vue, le cahier de charges a été parfaitement rempli. Niveau son, rien à souligner qui sorte de l’ordinaire : les bruitages sont standards et les discrètes musiques sont à l’image de ces petites mélodies de circonstances dont sont truffés les dessins animés. Finalement, la principale faiblesse de Sylvester & Tweety réside dans la maîtrise du personnage principal : l’ergonomie des commandes est mal pensée et les sauts sont très imprécis. Heureusement que les risques de décès impromptus de Sylvestre soient finalement peu fréquents. Mais ce qu’on peut râler quand on doit recommencer un saut pour la 10e fois !
En bref : 12/20
Quel dommage que Sylvestre soit aussi peu maniable, car Sylvester & Tweety est réellement un jeu de plates-formes qui sort de l’ordinaire. La progression varie l’immortel principe des jeux de plates-formes de manière intéressante, l’atmosphère est attrayante et le léger parfum de réflexion présent apporte un plus bienvenu. Ceci dit, si les premiers niveaux sont très amusants, le gameplay a rapidement tendance à se mordre la queue, et la lassitude s’installe au bout de trois ou quatre stages. Un rien plus varié et mieux soigné au niveau du gameplay, Sylvester & Tweety aurait été un excellent jeu. Dans la réalité, il ne s’agit que d’un jeu moyen.