Ce soft assez particulier, produit par un petit studio inconnu, aura brillamment renouvelé le genre éculé et mille fois revisité sur Megadrive du shoot them up. Une fois de plus, c’est une invasion d’aliens qui sert de casus belli à la flotte spatiale humaine pour déclencher un petit conflit galactique de derrière les fagots, conflit qui assurera à n’en pas douter les vieux jours de leur meilleur pilote. Une fois n’est pas coutume, les aliens ont revu leurs ambitions à la baisse. Faut dire qu’avec les dérouillées à répétition qu’ils se prennent d’ordinaire les pauvres, ils ont dû se dire que pour une fois, mieux valait goupiller un petit coup de force discret et espérer que ça passe inaperçu. Bref, au lieu de concentrer une gigantesque armada spatiale à l’autre bout du système solaire, nos pseudopodes préférés se sont contentés de capturer une mine. Oui, une toute bête mine de minerais située sur un quelconque astéroïde égaré au beau milieu de la galaxie. Les humains, qui ne ratent pas une occasion de faire la fête, envoient néanmoins leur meilleur pilote (je vous l’avais dit qu’on le reverrait celui-là) à bord d’un petit vaisseau d’exploration adapté à la configuration des lieux. Sa mission va être bien entendu de déloger les squatteurs spatiaux qui entravent la bonne marche du commerce humain et de libérer les mineurs pris en otage.
Sub-Terrania est un shoot d’un genre assez particulier. Il se présente comme un mélange de Desert Strike et de Choplifter. Loin de proposer une progression continue avec moult bonus à chaque escadrille ennemie abattue, les niveaux de Sub Terrania se présentent comme de vastes cavernes truffées de coins, de recoins et de passages tortueux, dans lesquelles on pilote le vaisseau suivant une légère perspective isométrique. Avant chaque mission, vous aurez droit à un briefing vous indiquant les objectifs à atteindre pour réussir la mission et l’ordre dans lequel les accomplir. Il peut s’agir par exemple de détruire un système de sécurité mobile qui libèrera l’accès à des améliorations pour le vaisseau, ou bien d’aller chercher un déflecteur qui, une fois largué sur un véhicule de reconnaissance, orientera le tir d’un canon laser vers un mur à détruire. Comme dans Choplifter, une part importante du gameplay consiste à se poser délicatement près des otages pour les secourir et les ramener au point de larguage.
Les niveaux comprennent de nombreux containeurs qui doteront votre vaisseau d’armement varié (comme des lasers plus puissants ou des missiles à tête chercheuse), des recharges pour le bouclier du vaisseau, ainsi que du carburant supplémentaire. Le carburant est une denrée absolument vitale dans Sub-Terrania car, plus que l’opposition ennemie ou la complexité des missions à accomplir, votre plus redoutable adversaire sera la gravité. En effet, si vous ne touchez à rien, votre vaisseau s’immobilise, tombe vers le sol et y explose sous l’impact. Même si la chute n’est pas importante, le vaisseau ne peut se poser que sur les points d’aterrissage. Sur les roches, ils subit graduellement des dommages. La seule manière de se déplacer est d’utiliser les propulseurs avant et arrière, de manière plus ou moins forte suivant le distance que l’on souhaite parcourir. Ainsi, si vous appuyez brièvement sur le bouton des propulseurs, le vaisseau se contentera d’un minuscule déplacement dans la direction voulue. Si vous maintenez le bouton appuyé, il accélérera progressivement jusqu’à atteindre sa vitesse de croisière, mais gare alors au crash contre une paroi ! Le seul problème est que les propulseurs consomment du carburant, beaucoup de carburant. Il est par conséquent vital de répérer rapidement la position des réserves de carburant de chaque stage et d’en faire le meilleur usage possible.
Réalisation technique :
Même s’il ne paye pas de mine au premier contact, SubTerrania peut se targuer d’une réalisation efficace et sans chichis. Le vaisseau est de petite taille mais certains ennemis compensent cela par une taille impressionnante. Les décors sombres en arrière plan ne varient guère mais sont de bonne facture et retranscrivent correctement l’atmosphère oppressante d’une mine (même si la plupart du temps, on dispose quand même de pas mal d’espace pour voleter à son aise). Le scrolling défile avec aisance, même si le jeu n’est pas non plus centré sur la vitesse pure, et la bande sonore est réussie avec des thèmes hargneux comme dans tout shoot them up qui se respecte. De toute façon, SubTerrania n’est pas un shoot them up dont l’objectif est d’en mettre plein la vue. Ce qui déterminera la réussite ou non de ce jeu atypique est sa jouabilité. Et à ce niveau, force est de reconnaître que tout est résolument impeccable. Certes, on râle devant la difficulté de manuvrer correctement le vaisseau lors des premières tentatives, mais le réalisme est total, et on ne pourra pas incriminer les programmeurs pour les inévitables crashs qui ne manqueront pas de survenir au détour d’une gallerie plus étroite que les autres. L’effet de gravité est parfaitement rendu, les réactions du vaisseau à chaque poussée des propulseurs aussi, le carburant limité incite à la prévoyance et fait de SubTerrania un jeu haletant et délicieusement stressant.
En bref : 15/20
SubTerrania évoque une version simplifiée de Descent adaptée aux conditions des consoles 16-bits. A la fois difficile et original, SubTerrania était un soft qu’on n’attendait absolument pas sur Megadrive, et qui se révèle une bien agréable surprise. Reprenant à son compte le principe de Desert Strike, SubTerrania le transpose dans le contexte bien claustro d’une mine, en gomme les défauts de jouabilité et y adjoint le principe de la propulsion pour créer un gameplay qui requiert calme, précision et une certaine dose de réflexes. Outre son intérêt conséquent, le principe original apporté par SubTerrania était assez unique pour l’époque, et rien que pour ça, n’hésitez pas à rendre hommage à ce sympathique petit jeu.