Légendaire jeu d’arcade de Capcom, Strider fut l’un des premiers véritables hits de la firme japonaise, bien avant que Street Fighter II ne s’impose comme une référence absolue et installe Capcom dans les pantoufles de l’éditeur de qualité. Le Strider est une sorte de ninja futuriste équipé d’un sabre laser, et dont les capacités surhumaines lui permettent de s’accrocher aux murs et d’escalader n’importe quelle surface. Le jeu se déroulait au milieu du XXIe siècle, dans des lieux aussi variés que Moscou, la Sibérie ou l’Amazonie, face aux légions d’une entité maléfique appelée Grandmaster Meio. Strider connut un succes jamais démenti sur toutes les supports où il fut adapté. Le charisme du personnage, ses acrobaties, son arme élégante et le design des différents niveaux transformèrent instantanément cette réalisation en un classique du jeu d’action. Une telle mine d’or potentielle ne tarda pas à attirer la convoitise d’autres éditeurs, au premier rang desquels se trouvait U.S. Gold.
Après avoir racheté la license, l’éditeur américain se mit en devoir de programmer sa propre version de Strider. Cette fois, le Strider Hiryû est de passage sur la planète Magenta, où il décide comme c’est son habitude de se mêler de ce qui ne le concerne pas, à savoir l’oppression des indigènes par une armée de cyborgs dominateurs. Les capacités du héros n’ont pas changé, pas davantage que son armement, la forme des bonus, le style d’ennemis rencontrés ou l’architecture générale des niveaux. Seuls les décors placent le Strider dans un contexte différent. Plus qu’une suite à proprement parler, ce Strider II est surtout une tentative peu réussie d’exploiter la réputation du jeu Capcom en se contentant de modifier vaguement le scénario et les différents niveaux. Et ce, de la part d’un éditeur qui a rarement brillé par le génie de ses réalisations.
Réalisation technique :
La grande taille du ninja du futur peut faire illusion pendant quelques secondes, mais cette version de Strider à la sauce US Gold pâtit cruellement de la comparaison avec le jeu original. Les décors sont très vides quand on y regarde de plus près et, pire, absolument dépourvus d’originalité. Là où le Strider de Capcom nous emmenait sur les toits de Moscou, dans la salle du présidium, dans les montagnes de Sibérie et dans bien d’autres lieux exotiques, Strider II se contente de repomper certains des niveaux du premier jeu sans la moindre touche personnelle qui compte. Oui, on y retrouve une jungle ou un croiseur volant, mais il leur manque tout le charme du premier épisode. Même triste constat pour les boss : oubliez les créations originales qu’étaient le gorille mécanique ou le serpent communiste, l’opposition ici ne sera constituée que d’amas de ferraille et de boulons sans imagination. Pour ne rien arranger, US Gold a réussi à foirer ce qui n’aurait logiquement dû causer aucun problème. L’animation souffre le martyre dès que Strider saute et que quelques projectiles traversent l’écran simultanément. La bande sonore le commentaire le plus sympathique qu’on puisse lui faire est qu’on préférerait qu’elle n’existe pas. Seule la jouabilité n’a pas trop mal vieilli depuis l’épisode précédent : elle est toujours aussi délicate à gérer ! Strider II étant encore plus difficile à vaincre que son grand frère tout en procurant beaucoup moins de plaisir et d’envie d’en venir à bout, on n’éprouve pas autant de patience envers la longue prise en main requise par le jeu.
En bref : 07,5/20
Une déception est toujours plus difficile à avaler quand elle concerne un jeu légendaire. Déjà l’idée qu’US Gold retravaille un jeu Capcom n’augurait rien de bon. Et on peut constater que finalement, on récolte exactement ce à quoi on s’attendait. Strider II n’est qu’une pâle copie du premier épisode, sans classe, sans charisme, mal animée et mal programmée. Seule la difficulté très élevée pourrait faire naître une vague envie de s’accrocher au jeu mais vu la catastrophe globale que constitue Strider II, il faut vraiment ne pas être exigeant sur la marchandise !