Dans le domaine des jeux de plates-formes jouables à deux, il existait par le passé une recette quasi-parfaite qui a fait les beaux jours des consoles et des micro des années 80 avant de disparaître presque complètement à l’arrivée des consoles 32-bits : il s’agissait des jeux de tableaux. Ces softs étaient constitués d’une succession de tableaux fixes qui comportaient un grand nombre de plates-formes géométriques à l’agencement varié, et des décors d’arrière plan enfantins, avec un boss de temps à autre. Les tableaux étaient peuplés de petits ennemis ridicules qui laissaient derrière eux des bonus après avoir été éliminés. Et bien entendu, le player fun de ces softs était assez limité en solo mais se muait en franche partie de rigolade, avec compétition forcenée, traîtrise et coups fourrés en nombre dès qu’on dénichait un ami pour participer à l’aventure. Les représentants les plus emblématiques du genre furent le célèbre Bubble Bobble de Taito et ses suites Parasol Stars et Rainbow Islands.
Mais Taito ne régna pas seul sur cette amusante sous-variété du genre plates-formes : d’autres éditeurs s’engouffrèrent très vite dans la brèche, à commencer par Toaplan avec Snow Bros. Dans ce dernier jeu, ce ne sont pas des petits dragons cracheurs de bulles, ni de petits personnages créateurs d’arcs-en-ciel qui tiennent la vedette. Non, Nick et Tom, nos deux héros d’un jour, sont deux petits bonshommes de neige en salopette colorée. En tirant un certain nombre de petits projectiles sur un ennemi, les deux personnages peuvent enfermer ce dernier dans une boule de neige. Il ne leur reste alors plus qu’à pousser la boule de neige à l’endroit souhaité et à lui donner l’impulsion nécessaire pour qu’elle dévale tout le tableau, écrabouillant au passage tous les promeneurs situés sur son chemin. S’ils n’y prennent pas garde, Nick et Tom peuvent eux aussi être emportés par la boule de neige et dévaler l’écran en sa compagnie, ce qui a au moins le mérite de leur permettre de voyager plus vite. Les ennemis écrasés laissent parfois derrière eux une fiole qui donnera des pouvoirs spéciaux aux deux héros, comme le fait d’enfermer les ennemis plus rapidement dans une boule de neige, ou une vitesse de déplacement accrue. Snow Bros se subdivise en mondes de 10 écrans chacun, avec un boss au dixième tableau. S’ils traînent trop à débarrasser l’écran de ses occupants, un ennemi invincible apparaîtra (comme dans Bubble Bobble) mais il s’agit cette fois d’un spectre à tête de citrouille.
Réalisation technique :
Toaplan avait bien appris ses leçons de ses aînés. Pour faire un jeu convenable de tableaux, il faut de petits personnages attachants, des ennemis un peu ridicules, des couleurs très vives, et des arrière-plans qui, si on ne sait pas toujours très bien ce qu’ils représentent, doivent aussi être bourrés de couleurs tape-à-l’œil. Sauf quand le boss arrive (la photo) : pour montrer qu’il est vraiment méchant, le décor s’assombrit. Les musiques doivent être énervantes, c’est la règle pour tous les jeux de tableaux… suffisamment en tout cas pour énerver les deux joueurs et leur donner l’envie de jouer un sale tour à leur partenaire pour se détendre. Il n’y a qu’au niveau de la jouabilité que Toaplan n’a pas respecté les règles du jeu : les deux petits héros sont vifs et rapides, et on est loin du côté un peu pataud de Bubble Bobble ou Parasol Stars.
En bref : 13/20
Très lassant seul, très amusant à deux joueurs, Snow Bros possède les mêmes qualités et les mêmes défauts que n’importe quel autre jeu de tableaux. Avec le sympathique principe des boules de neige, il n’est en tout cas pas le moins amusant de sa catégorie.