Grand gimmick du cinéma d’action quand il est en panne d’idées et que les réalisateurs ont besoin d’argent, les affrontements entre créatures et héros légendaires du petit et du grand écran sont une manne tombée du ciel, principalement parce qu’ils touchent une corde particulièrement sensible chez l’être humain mâle ivre de plaies et bosses, celle qui fait que, tout petit déjà, on se pose très vite la question de savoir qui est le plus fort entre le rhinocéros et l’éléphant. Ensuite parce qu’il faut bien reconnaître que, mis en scène sérieusement, ces films ne sont que moyennement convaincants (voir par exemple un Alien vs Predator) mais que cela n’empêche nullement les spectateurs d’aller les voir en masse, quand bien même ce serait dans le but de se conforter dans l’idée que ce sont effectivement des navets. Mais pour peu que l’on quitte le terrain de la superproduction hollywoodienne, on découvre des chefs d’œuvre méconnus à prendre au quatorzième degré : King Kong contre Godzilla, Kiss contre les fantômes, Maciste contre Zorro,…Des œuvres éternelles à réserver aux apôtres de l’humour pervers, aux aficionados de la médiocrité cinématographique, aux militants de la reconnaissance de la connerie en tant qu’art mineur. Dans un jeu vidéo, tout cela a nettement moins d’importance : on ne recherche pas systématiquement dans nos chers passes temps vidéoludiques quelque chose de profond ou d’au moins un tantinet logique. Tant que ça explose de partout et qu’on y prend plaisir, on est prêt à avaler à peu près n’importe quoi comme prétexte foireux à un jeu d’action. …
D’un autre côté, je ne sais pas pourquoi je raconte tout ça puisque Robocop vs The Terminator est un sacré bon jeu. Il se base sur un scénario alternatif dans lequel le funeste système Skynet est conçu sur la base des protocoles et de la technologie de Robocop, seul couplage réussi homme/machine mené à bien jusqu’alors. On connaît la suite : Skynet acquière une telle autonomie qu’il finit par considérer l’humanité comme un bug, déclenche un conflit génocidaire afin d’éradiquer une bonne fois pour toute ce misérable primate mal dégrossi qu’est l’être humain.
On ne sait pas très bien pourquoi mais il se fait que Skynet, face à la résistance inattendue de la race humaine, finit par arriver à la conclusion qu’il lui serait profitable d’uploader à nouveau le CPU originel de Robocop. Un escadron de Terminator est donc envoyé à Détroit dans les années 90, dans le but d’attirer Robocop dans un piège mortel contre son vieil ennemi ED-209 (le droïde du film Robocop 2). Bien entendu, « Mes amis m’appellent Murphy » guidé par vos mains expertes de gamer renverra promptement ce robot à la casse. A ce moment, on ne comprend plus très bien les relations de cause à effet entre les évènements mais Skynet parvient à s’attribuer les protocoles qui lui faisaient défaut. Pas grave : le flic cybernétique emprunte une machine à voyager dans le temps et se retrouve en 2029, dans les ruines de la civilisation humaine, afin d’aller en personne reformater Skynet une bonne fois pour toutes.
En l’occurrence, ce n’est pas dramatique puisque ce scénario bien mal monté ne sert de prétexte qu’à une séquence de défouloir de base dans la peau du flic de choc de Detroit. On traverse zones urbaines, friches industrielles, bâtiments administratifs et ruines post-apocalyptiques l’arme au point en tirant comme un furieux sur tout ce qui s’agite à l’écran, ce qui comprend malandrins en tout genre, vigiles de sécurité, drones, tourelles et canons pivotants et bien entendu, les fameux T-800, exosquelettes et Schwarzy couturés de cicatrices qui, comme dans le film, ont une fâcheuse tendance à se relever plusieurs fois avant de court-circuiter définitivement.
Au départ équipé d’un gros pistolet genre Magnum 357, Robocop découvrira toute une panoplie d’armes dévastatrices, actuelles ou futuristes, parmi lesquelles lance-roquettes, lance-roquettes à tête chercheuse, lance-flammes, lance grenades téléguidées, pistolet laser, mitrailleuse lourde, et ainsi de suite…
Outre le fait de progresser dans les décors en dévastant tout, Robocop vs The terminator propose également quelques mini objectifs annexes comme délivrer des otages (qui n’ont même pas la décence d’être cachés, il se trouvent toujours sur votre route), éliminer des caméras de sécurités, les ordinateurs de chez Cyberdine system, etc…Etant donné que les munitions, y compris celles des armes spéciales, sont illimitées, on a en réalité tendance à tirer en continu et à ravager tout ce qu’il est possible de ravager à chaque pas que l’on fait.
Graphismes : Extrêmement corrects pour une Megadrive. Les sprites sont de grande taille, et si les décors restent globalement très sombres, ils retranscrivent parfaitement l’univers violent des deux films.
Animation : Fluide, réaliste et sans beaucoup de défauts, même si de micro-ralentissements sont à dénoter lorsque 25 projectiles se baladent à l’écran. Quelques petits effets gores à signaler, évidemment assez bon enfant aujourd’hui, mais à l’époque, on se satisfaisait comme on pouvait.
Jouabilité : La lourdeur - voulue - de Robocop n’entache certainement pas la bonne maîtrise du cyber-flic. On est très loin de la médiocrité épouvantable de Robocop III sur Super Nes. La possibilité de tir multidirectionnel améliore beaucoup le confort de jeu. Les munitions illimitées, si elles permettent de se défouler comme jamais, facilitent cependant beaucoup la progression.
Son : : Des bruitages tonitruants et des musiques correctes dans l’esprit des films.
Intérêt : 17/20
Robocop vs The Terminator est un défouloir de très bonne qualité, comme on en trouve peu sur megadrive. D’une réalisation irréprochable et doté d’une ambiance très fidèle aux univers respectifs de Robocop et de Terminator, on passe de nombreuses heures de violence libératrice à taquiner du T-800 et à disséquer de l’exosquelette au 44 parabellum. Dommage que le nombre illimité de munitions ait tendance à faciliter la progression. Souvent, on ne se préoccupe pas tellement d’éviter les balles ennemies, et on préfère tabler sur le fait qu’en tirant comme un forcené, le nuisible s’écroulera avant Robocop. Quoi qu’il en soit, Robocop vs Terminator est un jeu d’action de haute volée, violent et impressionnant, qui se hisse sans difficultés au rang des meilleurs spécimens du genre sur megadrive.