Rampart, logiciel incontournable de l’histoire du jeu de stratégie et même de l’histoire du jeu vidéo tout court, repose sur un principe relativement simple, mais très original. On pourrait d’ailleurs le définir comme la rencontre de Cannon Fodder et de Tetris. Sur votre territoire, vous commencez par déterminer la position de votre forteresse parmi quatre possibilités et un rempart carré se construit immédiatement. Les tours de jeux commencent à ce moment. Dans un laps de temps imparti, vous devez placer vos canons à l’intérieur du château-fort. L’assaut maritime de vos adversaires débute juste après. Depuis leurs navires, ils tirent au canon sur vos remparts pendant que vos bombardes, dont vous dirigez le viseur, font de même à leur encontre. Cette séquence très courte (une dizaine de secondes) nécessite de sacrés réflexes pour couler le plus de navires possibles et ainsi, limiter le nombre de boulets de canon qui percutent vos remparts.
Après cela arrive la deuxième phase : dans un laps de temps tout aussi court, il vous faut reconstruire vos remparts détruits et combler la moindre fissure dans vos murs sous peine de perdre la partie. Pour ce faire, des blocs aléatoires apparaissent. La complication provient de la forme de ces blocs, similaire à celle des blocs de Tetris, et qui ne s’encastrent pas nécessairement bien dans les espaces vides des remparts. Il vaut donc mieux balancer la pièce récalcitrante n’importe où en espérant que la suivante soit plus facile à placer rapidement.
Une fois vos murs réparés, s’il vous reste un peu de temps, vous pouvez placer les blocs/murailles en dehors de votre forteresse. Les trois autres emplacements que vous aviez négligé au début doivent eux aussi être ceints de murailles. La méthode est donc identique : alignez correctement les blocs qui arrivent de manière à construire une énorme forteresse que cette saleté de flotte s’empressera d’essayer de bousiller au tour suivant.
Le paramètre le plus stressant provient évidemment de la brièveté du temps imparti qui nécessite une coordination main/il impeccable et surtout, une bonne dose de chance dans les blocs géométriques qui vous sont attribués.
Les tours se succèdent jusqu’au moment où vous parvenez à entourer tous les emplacements de murs impénétrables. En revanche, vous perdez si vous ne parvenez pas à combler dans les temps tous les dégâts infligés à votre forteresse de base. Un gameplay simple mais qui, comme beaucoup de gameplay simple, s’avère salement addictif, du moins en duel avec un copain
Réalisation technique :
Techniquement, il n’y a rien à voir. Un territoire en damier, très sobre et des structures géométriques. Une fois le tour de jeu enclenché, la représentation de la forteresse s’affine un peu mais pris dans le feu de l’action, on n’a guère l’opportunité d’en profiter. C’est très sobre et clean lors des séquences de bataille, mais ça devient un peu fouillis lors des phases de reconstruction, d’autant plus qu’il n’est pas toujours facile de déplacer le curseur avec célérité pour reconstruire les remparts à temps.
En bref : 13/20 seul 17/20 à deux :
Lorsqu’on joue seul, Rampart est déjà plutôt sympathique. Malgré la pauvreté technique, on accroche vite à son principe diaboliquement simple. Empêcher l’armada ennemie de débarquer devient vite une mission sacrée et tous les joueurs appréciant le couplage des facteurs stress et réflexes dans les jeux vidéo devraient grandement apprécier. On s’en lasse néanmoins un peu trop vite de ce principe pour que Rampart en vaille vraiment la peine en solitaire. C’est à deux joueurs que le jeu prend toute sa saveur. Chacun possède sa propre forteresse et le principe reste identique, à savoir cerner tout son territoire et amocher suffisamment les remparts de l’autre joueur pour qu’il ne parvienne pas à les reconstruire à temps. De quoi provoquer des parties endiablées qui se termineront généralement par un hurlement de rage d’un côté ou de l’autre ! Dans ce mode de jeu, il est possible de régler le nombre maximum de tours de jeu pour remporter la victoire, et de jongler avec les paramètres du temps limité pour corser un peu la partie. En conclusion, seul, c’est pas mal mais un peu lassant ; à deux, Rampart est passionnant et générera des mouvements d’humeur à profusion et à terme, une franche haine entre les deux joueurs !