Peurs et cauchemars
Je dois vous avouer que j’avais un très gros préjugé envers Prince of Persia version Mega Drive, à cause d’une expérience assez traumatisante avec le même jeu sur la console Sega de la précédente génération, la Master System.
Néanmoins, je me dois de faire mon devoir, au péril de ma vie et de ma santé mentale. Je me suis donc mis à jouer, la mort dans l’âme.
Ici, l’histoire (une banale histoire de princesse en détresse que vous devez sauver dans l’heure) est racontée avec des vignettes animées du plus bel effet. Même la musique, qui, à mon goût, est très mal faite sur les Prince of Persia en général, a l’heur de me plaire.
En démarrant la partie, on a le droit à une dernière vignette animée montrant les gardes du méchant vizir vous poussant en bas des marches menant au cachot, dont vous devez vous échapper, et l’aventure commence…
La version Mega Drive de Prince of Persia est la première à inclure une musique d’ambiance lors de la partie… quel dommage qu’elle soit aussi horrible et répétitive ! Heureusement, elle est désactivable.
Après un peu d’exploration, force est de constater que cette version est de loin la plus belle que j’aie vu jusqu’à présent.
Un simple test des contrôles confirme mes craintes : plutôt que de reprendre le maniement des versions micro-ordinateur (où il suffit de pousser le joystick vers le haut pour sauter) ; ici, le saut est attribué à un bouton pour effectuer des sauts vers la droite ou la gauche, et en poussant la manette vers le haut pour les sauts verticaux… Mouaiff…
Soixante minutes chrono
Vous avez donc une heure pour franchir quatorze niveaux et rejoindre votre belle. Le premier niveau est une formalité et vous enseigne les bases. À savoir que tomber de trop haut vous fait perdre de l’énergie, et que tomber de très haut vous tue directement. Rapidement, vous mettrez la main sur une épée, qui vous permettra de tuer le garde devant la sortie permettant d’accéder au niveau suivant.
Le second niveau vous fera livrer plusieurs combats faciles avant la première grande difficulté : un garde vous tuant avant que vous n’ayez pu dégainer votre épée. Mais bon, deux solutions existent pour le passer et aucune n’est particulièrement difficile à trouver ni à mettre en œuvre.
Non, l’enfer commence au niveau 3. Trouver la sortie est facile, mais il n’existe AUCUN moyen d’accéder au mécanisme permettant l’ouverture de cette satanée porte ! Enfin, pour être honnête, aucun à première vue. Et c’est là que vos neurones vont commencer à chauffer… Comment ouvrir cette **CENSURÉ** de porte ?! Bon, de nos jours avec Internet, c’est facile de trouver l’astuce, mais imaginez à l’époque l’enfer que c’était… surtout que ce n’est que le début ! Les pièges deviennent de plus en plus vicieux et retors, vous tuant à la moindre erreur.
Sur une échelle de 1 à 10, le machiavélisme de certains passages atteint facilement 12.
Mais soyons honnête : évident ou pas, il y a toujours un moyen de s’en sortir.
La seule chose ‘compensant’ la difficulté est le fait que vous ayez un nombre de vies infini ; vous pouvez mourir autant de fois que vous voulez. À chaque décès, vous revenez au début du niveau en cours, que vous devez bien sûr totalement recommencer. À première vue, on se dit que c’est sympa. Le problème c’est que l’heure, elle, continue à tourner… Et lorsque vous avez mis cinquante-sept minutes pour franchir les cinq premiers niveaux, en sachant qu’il vous en reste encore neuf encore plus difficiles et tordus à faire en trois minutes, vous vous doutez que ce n’est cette fois là que vous aller réussir. Heureusement, un système de mots de passe vous permet d’éviter de reprendre tout du début. Mais attention à bien l’utiliser : le mot de passe vous fait recommencer au niveau souhaité, certes, mais avec le temps qu’il vous restait au moment où vous l’avez obtenu. Il est donc parfois préférable de recommencer un niveau déjà franchi avec peine et tâtonnements, pour le refaire beaucoup plus rapidement et gagner du temps.
Moi, j’aime pas les boutons
Malgré la difficulté de Prince of Persia et son système de déplacement que je hais, j’ai pris beaucoup de plaisir à y jouer. Le prince répond au doigt et à l’œil et il n’a pas besoin d’une course d’élan de dix kilomètres pour faire des bonds, contrairement à la version Master System. Certes, dans le feu de l’action, on peut se tromper de bouton et voir notre héros se jeter joyeusement dans le vide au lieu de sauter. Mais une fois les commandes en main, il n’y a plus de problèmes.
De même, les décors sont plus variés que dans les autres versions, par l’ajout de petit détails d’arrière-plan : des squelettes, des chaînes, des rideaux et autres accessoires qui rendent les lieux moins vides.
Par contre, comme les niveaux sont les copies exactes de ceux des autres versions du jeu, ne vous attendez pas à des centaines d’objets bonus différents. Il y en a trois principaux : l’épée que vous récupérez au premier niveau, des potions rouges vous redonnant un point de vie, et de grosses potions rouges augmentant votre total de points de vie maximum. Comme vous ne débutez qu’avec trois points de vie, et que le moindre événement douloureux ne vous tuant pas instantanément vous en fait perdre au moins un, ce n’est pas du luxe de les trouver pour les boire, même si parfois il faut faire un petit détour et prendre tout un tas de risques mortels pour pouvoir goûter à la précieuse potion.
Vous avez aussi droit aux potions vertes, qui vous font perdre de la vie si vous les buvez… le piège à cons de base, quoi.
Ajoutez à cela une petite souris malicieuse qui vous aidera et un doppelganger qui vous pourrira (encore plus) la vie, et vous obtenez un jeu qui marqua les années 90 et est encore incroyablement jouable et prenant de nos jours.
L’heure de vérité
Graphismes : De toutes les versions auxquelles j’ai joué, c’est celle-ci qui possède les plus beaux graphismes, et de loin.
Son : La musique d’introduction est acceptable, mais celle diffusée durant le jeu est simplement atroce ! Les bruitages, eux, sont tout à fait corrects.
Animation : C’est fluide, c’est beau, c’est parfait. On ne peut que regretter (mais bon, c’est le cas de toutes les versions) qu’il n’y ait pas de scrolling et que l’on passe abruptement d’un écran à l’autre.
Difficulté : C’est dur. Le jeu ne fait preuve d’aucune pitié à votre égard ; la moindre erreur est sanctionnée. Néanmoins, le jeu est parfaitement jouable et peut être terminé largement en moins d’une heure… si on le connaît bien et que l’on ne s’emmêle pas les pinceaux avec ces saletés de boutons dans le feu de l’action.
Richesse : Avec jusque quelques plates-formes et des bonus ne se comptant même pas sur les doigts d’une main, on pourrait dire que ce jeu n’a pas grand-chose. Mais non : sa richesse provient des énigmes et des pièges qu’il vous faudra déjouer pour progresser. À aucun moment on n’a l’impression de refaire la même chose encore et encore.
Ergonomie : Le héros répond au doigt et à l’œil, sans temps mort. Bref, c’est presque parfait, car le bouton ‘saut’ reste un point noir pour moi.
Scénario : Et on est reparti pour libérer la princesse…
Longévité : Théoriquement, le jeu se finit en même pas une heure. Mais pour en voir le bout il vous faudra des jours, des mois, des années, voire des siècles. J’espère que vous n’êtes pas pressés.
En bref : Cette version de Prince of Persia est une excellent pioche. Même si mon cœur continue d’aller vers les versions développées sur micro-ordinateur, je suis forcé de reconnaître que mon principal grief envers celle-ci (la maniabilité du héros) est purement subjectif. Ce qui fait que pour quelqu’un ne connaissant absolument pas le jeu, cette version est probablement la meilleure pour le découvrir.