Le premier Pitfall ! est l’un des titres les plus légendaires de la vénérable Atari VCS (ou 2600 si vous préférez), et si ses deux suites, Pitfall II sorti sur le même support et Super Pitfall paru sur NES, ont connu moins de succès, cela n’a pas empêché Activision de poursuivre la série. Pitfall : The Mayan Adventure est le premier (et le seul à vrai dire, puisque l’épisode suivant arrivera sur PlayStation) à s’afficher sur les consoles 16 bits.
QUAND HARRY RECHERCHE HARRY
Le scénario de cet opus n’est pas beaucoup plus recherché que celui des précédents. Vous incarnez ici Pitfall Harry Jr, fils du héros des premiers épisodes, qui part justement à la recherche de son père mystérieusement disparu alors qu’il explorait un temple antique. À ce propos, chose amusante, Harry senior est représenté comme à la bonne époque, vous le constaterez à la fin du jeu. Bref, tout cela va conduire notre héros à traverser moult environnements hostiles dans la veine des meilleures œuvres du cinéma d’aventure.
MON AVENTURIER CHEZ LES MAYAS
Eh oui ! À la suite d’Indy ou de Jack Colton (Michael Douglas dans Romancing the Stone), Harry fut l’un des tous premiers aventuriers vidéoludiques, bien avant Lara Croft ou Nathan Drake, le héros d’Uncharted. Si bien que sous ses airs de bête jeu d’action/plates-formes, Pitfall : The Mayan Adventure propose des environnements riches en passages secrets, trompe-l’œil et chausse-trappes.
Ce sont en tout et pour tout dix niveaux qui vous attendent, aux noms aussi pittoresques que les Chutes de Xibalba ou le Lagon de Yaxchilan. Vous l’aurez compris, nous sommes en Amérique du Sud et le jeu n’évite aucun des clichés propres à ce type de décor : des jungles envahies de serpents aux crocodiles attendant de vous croquer après un saut manqué, en passant par les vieilles ziggurats bardées de pièges en tous genres, le parcours d’Harry ne sera pas de tout repos. Sans compter les quelques petites énigmes qui vous seront imposées pour pouvoir avancer, les glissades en tyrolienne, et la descente en chariot de mine, indispensable à tout émule d’Indiana Jones digne de ce nom. Les boss sont peu nombreux, vous n’en trouverez qu’à la fin de quelques stages.
Notre héros est capable de nombreuses prouesses. Il peut s’accroupir, sauter, grimper, se balancer, faire tâter du fouet à vos ennemis, ou encore leur jeter des pierres ou faire usage du boomerang. Encore faudrait-il que vous en ayez un (de caillou ou de boomerang) ! Ceci dit, vous récolterez de nombreux objets durant votre périple. Une foultitude de trésors en tous genres déjà, qui n’ont d’autre but que d’augmenter votre score, mais également des recharges d’énergie, des vies supplémentaires et, donc, un stock de cailloux ou le boomerang.
Vous croiserez également de nombreuses statues mayas qui font office de checkpoints : si vous mourez, vous reprendrez à la dernière statue rencontrée. Qui plus est, ces vestiges ont le bon goût de vous indiquer le chemin, un peu comme les panneaux du labyrinthique Cool Spot. Mais rien ne vous empêche de vous aventurer en dehors de la route balisée, histoire de récupérer des objets. Ce sera même un impératif si vous voulez découvrir le point de téléportation qui vous permet de jouer au tout premier Pitfall !, en version originale (comprenez : moche), caché dans le programme.
JE SUIS UNE CÉLÉBRITÉ… SORTEZ-MOI DE LÀ !
Ah qu’il est bon de retrouver les jungles luxuriantes et envahies d’animaux agressifs des premiers Pitfall, cette ambiance romanesque et finalement assez rare dans le domaine du jeu vidéo ! D’autant plus que cette fois-ci, tout est vraiment plus beau : les environnements regorgent de détails, les sprites sont à la fois imposants et d’une grande finesse, et les couleurs sont magnifiques.
Ajoutons des animations non seulement fluides mais également, bien souvent, humoristiques. En parlant d’humour, la fin du jeu, jouant sur la fameuse « suspension consentie de l’incrédulité » (willing suspension of disbelief chez les Rosbifs), est superbe de second degré. Et pour en finir avec une réalisation indubitablement irréprochable, un mot sur la partie sonore. Pitfall : The Mayan Adventure fait l’impasse sur les thèmes musicaux volumineux, pour se contenter de bruits d’ambiance du plus bel effet. Bref, on s’y croit, pour en revenir à ce que je disais un peu plus haut.
Oui mais voilà : le jeu est superbe, mais il ne faudrait pas oublier qu’il s’agit avant tout d’un jeu. Or, il se retrouve plombé par deux grands maux. Tout d’abord, si Harry se montre relativement maniable, il n’en demeure pas moins lourd à diriger, notamment lorsqu’il s’agit de sauter (le héros souffre d’un certaine inertie au démarrage) ou de se suspendre aux lianes, qu’il loupe une fois sur deux.
Et puis il faut bien dire que le jeu ne vous permet aucune erreur. Très pointilleux sur la détection des collisions, il se révèle également d’une difficulté limite rebutante. Les munitions se font rares, les animaux sont toujours placés aux pires endroits, et l’on se retrouve obligé d’avancer pas à pas pour espérer survivre quelques instants de plus. Ceci compensant, comme souvent, une durée de vie sinon minable, au moins assez limitée.
À trop vouloir nous en mettre plein les yeux, Activision en a oublié l’essentiel : le plaisir de jeu. Ceci dit je nuancerai quelque peu mon propos puisque, maintenant que la rom est trouvable n’importe où, la possibilité d’y jouer sur émulateur, avec l’aide des save states (bouh, c’est pas beau, je sais, mais c’est presque indispensable ici) enlève un peu de la frustration que l’on ressentait à l’époque.