Le troisième volet de cette série de jeux de rôle légendaire est un épisode un peu à part dans la série. Phantasy Star IV suivait d’un millier d’années le second épisode, lui même postérieur d’un autre millénaire au premier opus. Dans Phantasy Star III, on ignore à quelle époque on se situe exactement, et l’action ne se déroule même pas dans le système d’Algol et sur les planètes habituelles de Phantasy Star 1 et 2. En réalité, mais on ne l’apprend qu’au cours de la deuxième génération, on peut supposer que les personnages de Phantasy Star III sont les descendants directs de ceux qui ont fui la planète Parma lors de la destruction de cette dernière. Car ce qu’on imagine au début du jeu être une planète n’est autre qu’une immense station spatiale de plusieurs centaines de kilomètres de long, composée d’une demi-douzaines de bio-mondes aux climats variés, reliés entre eux par des structures sécurisées et condamnées depuis des siècles. Il est à noter que les habitants eux mêmes ignorent dans quoi il résident réellement, ne connaissant que les contours immédiats de leur environnement, et que la technologie ne subsiste plus dans cet univers que comme des reliquats du passé qui fonctionnent toujours, mais que peu sont en mesure de comprendre.
L’introduction dévoile l’histoire officielle de ce « monde ». Deux héros légendaires, Orakio et Laya, combattirent voici dix siècles pour la domination de la station, répandant au fil de leurs batailles chaos et désolation dans les différents mondes. Du combat fratricide final, nul n’emporta la décision. Horrifiés et désespérées par les souffrances qu’ils avaient causés, ils proclamèrent une paix perpétuelle et l’interdiction formelle pour leurs peuples de faire couler le sang de leurs rivaux. L’animosité perdura cependant entre les clans respectifs mais, soucieux de respecter les dernières volontés de leurs grands héros, Orakiens et Layans conçurent les uns des monstres, les autres des machines, afin de régler par procuration leurs litiges futurs. Les siècles passèrent, on oublia les origines du conflit. Habitant des territoires très distants, Orakiens et Layans cessèrent de se rencontrer et devinrent des mythes les uns pour les autres.
Lorsque la première génération débute, vous êtes les prince Rhys de Landen, descendant direct d’Orakio et c’est le jour de votre mariage avec la princesse Maïa, une jeune fille amnésique que l’on a retrouvé errant sur la côte quelques années plus tôt. Le drame survient au beau milieu de la cérémonie : un dragon jaillit de nulle part et enlève Maïa, proclamant qu’elle est d’ascendance layanne et que jamais elle n’épousera un chien d’Orakien. Rhys annonce immédiatement son intention de prendre les armes et d’aller récupérer sa promise par la force s’il le faut. Son royal père n’est guère désireux de ranimer les braises d’un conflit millénaire et, soucieux de calmer les ardeurs hormonales de son rejeton, le fait jeter au cachot. Rhys est heureusement délivré de sa cellule par une jeune voleuse nommée Lena. Dans sa quête vers sa bien-aimée, Rhys visitera Landen, le royaume de son père, découvrira et activera les premières passerelles vers d’autres bio-mondes, le royaume Layan d’Aquatica bloqué par les glaces et le monde désertique d’Aridia. Il rencontrera également ses alliés, Mieu et Wren, deux cyborgs qui semblaient en attente depuis des siècles et le mystérieux Lyle. Après avoir combattu et vaincu ses ennemis Layans, Rhys pourra enfin épouser Maïa ou Lena. En effet, à la fin de chaque génération, deux choix matrimoniaux s’offriront au héros de l’heure.
Car Phantasy Star III se déroule sur pas moins de trois générations, et ce n’est qu’au terme de la troisième que l’on saisira enfin toutes les ficelles du scénario, remarquablement bien construit pour un jeu de rôle console de cette époque. Par exemple, on pourra incarner dans la deuxième génération Ayn, fils de Rhys et Maïa, ou bien Nial, fils de Rhys et Lena. Assez logiquement, ce seront quatre petits enfants potentiels qui seront disponibles au cours de la troisième génération : Crys, Sean, Adan et Aron. Si le choix de la mariée influera relativement peu sur la progression et les endroits visités dans la génération suivante, le héros sera par contre différent, ses capacités seront différentes, et l’histoire ne sera pas totalement identique suivant les personnages incarnés. Il est d’ailleurs très intéressant, lorsqu’on visite des endroits déjà découverts au cours de la génération antérieure de discuter avec les habitants du coin. Ceux ci vous rappelleront à l’occasion les prouesses de vos parents et grand-parents, et même, de manière plus ou moins subtile, les légendes relatives aux autres épisodes de la série.
Même remarque pour les PJ de la génération précédente. Vos parents, leurs alliés, bref, l’équipe que vous dirigiez 20 ans auparavant, tous auront vieilli. Détail, détail mais c’est à cela que l’on reconnaît un grand jeu.
Pour le reste, on retrouvera les immenses étendues sauvages des autres Phantasy Star, les donjons labyrinthiques et les dédales de caverne dans lesquels on perd rapidement le sens de l’orientation, les techniques de combat offensives et curatives typiques de cet univers, les armes légendaires que l’on ne peut s’acheter qu’au fur et à mesure que l’on récolte des mesetas pour chaque créature tuée, et ce curieux mélange d’heroic-fantasy et de science-fiction qui rend cette série réellement unique.
Graphismes : Les graphismes sont assez décevants. Au lieu de reprendre le design plutôt manga des épisodes précédents, on se retrouve ici avec une orientation graphique plus réaliste. Ce qui, en pratique, se concrétise par des personnages peu attachants, et des décors ternes et répétitifs, aux couleurs austères et délavées. Les monstres sont parfois de belle taille mais eux aussi souffrent d’une triste carence de couleurs. Il est dommage que l’on ne visualise plus ses combattants en vue de dos comme c’était le cas pour le deuxième volet et comme ce sera le cas pour le (fantastique) quatrième opus.
Animation : Des animations de combat plutôt simplistes, et des personnages qui se déplacent à une vitesse très réduite à travers les régions traversée. Ce n’est pas grave en soi, mais vu le principe de combat aléatoire des Phantasy Star, cette lenteur m’a toujours donné l’impression de générer un trop grand nombre de confrontation avec des meutes de sales bêtes en maraude. En tout cas, beaucoup plus que dans les autres volets de la série. Peut être n’ai-je jamais digéré les nombreuses fois où un gang de poulets mutants a liquidé mes héros affaiblis à quelques mètres de la sortie du donjon ?
Jouabilité : Comme d’habitude, il faudra un peu de temps pour s’y retrouver entre les différents menus de combat, et à reconnaître les abréviations des nombreuses techniques magiques. Les menus sont cependant d’une ergonomie relativement pratique.
Son : : Des musiques pas trop mauvaises, mais malheureusement pas assez nombreuses pour qu’on n’éprouve pas l’envie de les couper au bout de quelques heures.
Intérêt : 18/20 Ce que j’ai pu passer de temps sur Phantasy Star III ! Malgré sa pauvreté graphique, malgré la lenteur des déplacements, malgré le nombre incalculable de monstres moches qui me tombaient dessus dans chaque recoin des donjons, je m’acharnais encore et encore à venir à bout des combats et des labyrinthes les uns après les autres. Le scénario intéressant et plein de surprises, ainsi que le principe unique d’étendre le scénario à trois générations successives y étaient pour beaucoup. Phantasy Star III est un jeu de rôle austère, bien moins attrayant graphiquement que les autres épisodes, mais qui procurera des heures et des heures de plaisir intense à ceux qui auront fait l’effort de passer outre son manque de charme graphique. Parmi les nombreux jeux de rôle sur Megadrive (et à l’exclusion de la série des Shining Force), Phantasy Star III se situe dans le trio de tête, seulement surclassé par… Phantasy Star IV !