Dernier épisode de la célèbre série de Sega à être jamais sorti sur console, Monster World IV ne fut étrangement jamais publié en version européenne et américaine. Il est vrai qu’en 1994, la Saturn était sur le point de sortir et que Sega se désintéressait peu à peu de sa fidèle console 16-bits. Néanmoins, un nouvel épisode de WonderBoy aurait eu toutes les chances de cartonner en Europe et aux USA, et il est assez surprenant que Sega n’ait même pas pris la peine de réaliser une adaptation occidentale de cet excellent épisode de clôture. En tout cas, Monster World IV témoigne encore une fois de l’éternelle confusion existant entre les séries jumelles des WonderBoy et des Monster World. Tout le monde connaît le célèbre WonderBoy in Monster world de la Megadrive. Où sont donc passés les deux épisodes intermédiaires se demandera le joueur attentif ? En réalité, au Japon, la série des Monster World regroupe tous les épisodes qui incluent de très légers éléments RPG (dès WonderBoy in Monster Land sur Master System donc, et à l’exception du Wonderboy III de la Megadrive). Si l’on suit cette logique, le fameux WonderBoy III de la Master System est donc un « Monster World II ». Autrement dit, Monster World IV, s’il était sorti en Occident, se serait assez logiquement nommé WonderBoy VI ! Après cette petite séquence de remue-méninges, venons en au vif du sujet.
Fidèle au principe des Monster World, cet épisode propose une quête d’une certaine ampleur dans laquelle le petit personnage doit délivrer son pays d’une invasion de monstres tous plus mignons les uns que les autres. Le jeu fait la part belle à de nombreuses séquences de plates-formes, et également à un brin d’aventure avec différentes clés et objets à trouver pour libérer l’accès aux différents donjons. Chaque petit monstre que l’on tue à l’épée rapporte un certain nombre de pièces d’or, qui serviront à acheter de l’équipement (épées, armures et boucliers plus puissants) et des objets magiques dans les quelques boutiques présentes tout au long du chemin. Il est bien entendu toujours possible de latter de la bestiole à l’infini, histoire de se constituer un petit pécule pour acheter tout l’équipement désiré. Dans les villages, on pourra également discuter le coup avec les indigènes du coin. Ces derniers ne vous apprendront généralement pas grand chose mais ces passages sont incontournables dans tout jeu d’action / aventure / RPG qui se respecte sur console. Enfin, le principe des alliés de WonderBoy in Monster World n’a pas été oublié, puisqu’on pourra assez rapidement se faire accompagner d’un pepeloogos, l’animal de compagnie typique du coin qui ressemble à un croisement de Kirby et d’un Pokemon. La petite bête volante vous suivra partout mais contrairement au jeu précédent, vous pourrez réellement la contrôler. Inoffensive à l’attaque, le pepeloogos sera cependant bien utile pour escalader des falaises ou franchir des gouffres. Il volette habituellement un peu en retrait mais votre personnage peut l’appeler comme il le souhaite et s’accrocher à ses pattes. Dans le cas d’un gouffre, le pepeloogos vous permettra de planer sur une longue distance et dans le cas d’une falaise, le petit héros pourra effectuer un double saut.
Comme vous pouvez le constater, Monster World IV déroge peu aux principes de jeu de son prédécesseur sur le fond. Néanmoins, la forme a fait l’objet de quelques aménagements. Tout d’abord, l’univers gentiment heroic-fantasy des jeux précédents a laissé la place à des paysages Moyen-Orientaux, avec leurs minarets, leurs palais aux nombreux dômes, leurs oasis perdues dans le désert et leurs gardes enturbannés. Ensuite, en fait de WonderBoy…il s’agit cette fois plutôt d’une WonderGirl, puisqu’on incarnera la petite Asha, une nymphette aux cheveux verts typiquement manga qui quitte sa tribu de nomades pour découvrir le vaste monde et accessoirement, sauver celui-ci des forces du mal.
Réalisation technique :
Quel dommage que ce jeu soit pratiquement passé inaperçu dans nos contrées, car Monster World IV possède certainement l’une des plus jolies réalisations techniques de la Megadrive. Certes, il oeuvre toujours dans un contexte enfantin et mignon, mais la finesse des graphismes, les superbes couleurs et les ennemis et personnages tous plus adorables les uns que les autres contribuent à ce que Monster World IV soit d’une esthétique rare sur cette console. Pour l’animation et la jouabilité, on reste dans les standards établis par les épisodes précédents. Le jeu ne se signale pas par une très grande rapidité, mais l’ensemble reste vif et fluide. Même remarque pour la jouabilité : si les réflexes millimétrés sont rarement mis à contribution, on n’éprouve pas la moindre contrariété à faire évoluer Asha dans les donjons et les cavernes du jeu, et les possibilités offertes par le pepeloogos sont à la fois pratiques et faciles à utiliser. La bande sonore, quoique assez répétitive, retrouve la magie propre à la série et on ne s’en lasse pas facilement.
En bref : 17/20
Dès les premières minutes de jeu, on se retrouve instantanément en terrain de connaissance : l’univers très mignon, les ennemis et le petit héros attachants, le principe de la collecte des pièces d’or, les villages pleins de villageois très bavards, les donjons et la recherche de clés ou d’objets pour ouvrir les portes scellées, … , tout ce qui a toujours fait le succès de la série des WonderBoy se retrouve dans cet opus. Techniquement, le jeu dégage une ambiance féerique et offre l’une des réalisations les plus éclatantes de la console. La nostalgie envers ce type de gamplay qui a bercé notre enfance fonctionne à plein régime. Seul tout petit reproche, cet épisode demeure réellement très simple à boucler. La difficulté a été revue à la baisse et, malgré des pièges et des obstacles bien pensés, on ne se retrouve pas souvent bloqué durant la partie. Sans égaler tout à fait WonderBoy in Monster World, ce dernier épisode de la saga vaut son pesant de cacahuètes. Attention : ce jeu étant sorti uniquement au Pays du soleil levant, la rom est généralement proposée en langue nippone. Heureusement, les dialogues et textes ne sont pas vitaux pour progresser et on trouve assez facilement des patchs de traduction en anglais et en français sur le web.