Derrière ce nom quelque peu barbare et rébarbatif se cache en réalité un jeu Disney, mettant en scène Donald Duck. Maui Mallard n’est que le pseudonyme sous lequel le colérique canard, détective privé de son état, mène ses enquêtes. En l’occurrence, sa mission l’amène cette fois sur une île tropicale, à la recherche d’une mystérieuse idole Shabum-Shabum, dont la disparition pourrait entraîner de terribles conséquences pour l’île. Donald commence donc son enquête dans un manoir hanté, vêtu de sa chemise hawaïenne, casquette vissée sur le crâne et pistolet lance-cafards en bandoulière. Ce premier niveau est de facture on ne peut plus classique : des adversaires traditionnels, des items variés pour modifier les projectiles du tir multidirectionnel, des cordes à escalader, et des plates-formes et pièges en tous genres.
Dès le deuxième stage, cependant, la principale caractéristique du jeu fait son apparition. Pour autant qu’il ramasse suffisamment d’icônes en forme de yin ou de yang, Maui Mallard peut se transformer en Cold Shadow, le ninja sans peur et sans reproches. Sous cette forme, Maui combat ses adversaires à l’aide d’un long bâton flexible, qui lui permet également de se suspendre à des crochets pour se balancer, tel un Indiana Jones à plumes. Cold Shadow peut également escalader des conduits verticaux, en se servant du bâton comme d’une barre de gymnastique, et atteindre une vitesse exceptionnelle s’il le souhaite. En contrepartie, il lui est impossible d’escalader les cordes ou les lianes. Lorsque Maui est sous la forme de Cold Shadow, un compteur se met en route et diminue graduellement jusqu’à zéro, ce qui retransforme alors le ninja en simple canard aventurier. Pour éviter de redevenir Maui, il faut récolter continuellement des items yin et yang. Néanmoins, en fonction des obstacles rencontrés, il est possible de passer de la forme Maui à la forme Cold Shadow à volonté.
Une fois n’est pas coutume, Maui Mallard dispose d’un véritable scénario et de quelques rebondissements amusants, puisque Maui devra lutter contre une tribu de canards pygmées cannibales, passer un test de « canardité » en bungee, et même visiter le royaume des morts pour mettre la main sur l’idole convoitée !
Réalisation technique :
Comme dans tous les jeux Disney, tout spécialement ceux sortis dans les dernières années d’existence de la Mega Drive, la réalisation de Maui Mallard est exceptionnelle. L’univers visité est plein de charme et d’originalité, et les ennemis (tout spécialement les canards pygmées) sont adorables. Les décors ne sont pas en reste, et on a droit à des arrières-plans superbes, notamment dans le volcan et face à la cascade lorsqu’on se livre au saut à l’élastique. L’animation de Maui, comme de ses adversaires, est au top niveau. On a l’impression de regarder un véritable dessin animé. Les majordomes du manoir qui soulèvent le couvercle de leur plat d’un air pincé, les canards pygmées qui perdent leur pagne après s’être pris un mauvais coup, et plein d’autres bestioles aux attitudes tout aussi loufoques rendent la progression très attrayante. Le jeu est truffé d’autres petits détails visuels, comme les bras de Maui qui tremblotent lorsqu’il tient le flingue à bout portant, ou la manière très cartoonesque dont il se déforme lorsque l’élastique est tendu au maximum et remonte brutalement. Ce qui était exceptionnel à l’époque d’Aladdin est clairement devenu la norme chez tous les jeux Disney Interactive à partir de 1994. De très jolies musiques, tout à fait dans l’esprit du jeu et souvent d’inspiration tribalo-vaudou, rythment la progression. Reste la jouabilité, qui n’est malheureusement pas parfaite. Le tir multidirectionnel ne pose pas de problèmes particuliers, mais on ne peut pas en dire autant des sauts, qui sont parfois un peu imprécis. Lorsqu’on se balance à une aspérité, il faut vraiment sauter au tout dernier moment sous peine de voir simplement Cold Shadow se laisser tomber vers le bas. Ces quelques couacs ne sont heureusement pas suffisants pour handicaper la partie mais, vu l’excellence du reste, on tique tout de même un peu.
En bref : 17/20
Contrairement à d’autres jeux Disney de la même période (The Lion King, Pinocchio, …), Maui Mallard n’offre pas seulement une réalisation technique au top niveau et une ambiance digne des productions de l’oncle Walt, mais aussi un gameplay solide à la hauteur de n’importe quel autre jeu de plates-formes de haut niveau, ce qui manquait parfois aux deux exemples cités plus haut. Intéressant, original et plein de petits détails amusants, Maui Mallard est une aventure terriblement sympathique et un soft à haute valeur ajoutée, qui témoigne d’un Disney Software au meilleur de sa forme.