Ce grand classique Atari qui, en arcade, a donné toute sa saveur au fait de jouer avec un trackball, a été adapté sur pratiquement tous les formats existants, avant de malheureusement disparaître à l’arrivée des consoles 32-Bits. Car Marble Madness fait partie de cette catégorie de softs au principe tout simple, sans aucune prétention technique et terriblement courts (6 levels seulement !), mais qui se révèlent diaboliquement prenants à l’usage, surtout lorsqu’on y joue à deux !
Marble Madness repose donc sur le principe de diriger une bille colorée qui se retrouve propulsée dans un labyrinthe géométrique qu’on visualise en perspective isométrique. L’objectif est, à l’instar de n’importe quel jeu de course, de se frayer un chemin vers la sortie du parcours en un minimum de temps afin de bénéficier d’un extra-time pour l’étape suivante. Evidemment, accomplir cette tâche est loin d’être aussi simple qu’il y paraît. Tout d’abord, la visualisation envisagée nécessite un certain entraînement avant que l’on puisse diriger la bille comme on le souhaite. Ensuite, les labyrinthes eux-mêmes sont constitués d’un enchevêtrement de monticules, de boyaux exigus, de passerelles étroites, et de côtes et de dénivellations difficiles à négocier. La bille étant soumise au principe d’inertie, il faudra gagner un peu de vitesse si on souhaite escalader une côte et prendre garde à freiner à temps dans une dénivellation si on veut éviter de déraper et de plonger dans le vide (ce qui, reconnaissons-le, arrive tout de même assez souvent !). Si la bille tombe dans la vide, elle réapparaît heureusement à son point de chute quelques instants plus tard mais dans l’intervalle, on perdra quelques précieuses secondes. Si elle tombe de trop haut sans pour autant sortir du parcours, elle se brisera sans coup férir, avec la même perte de temps pour le joueur. La difficulté ne se limite cependant pas à faire preuve d’une bonne maîtrise de la bille pour éviter les chutes et les ralentissements imprévus. Les labyrinthes comportent en plus de nombreux pièges : des aspirateurs qui surgissent du vide pour aspirer la bille, des tapis roulant qui peuvent se révéler utiles ou dangereux suivant le talent du joueur pour les utiliser efficacement, des flaques d’acide mobiles qui se déplacent lentement sur le chemin et surtout, une redoutable bille noire qui semble n’avoir comme seul but dans son existence de bille que de faire valser la vôtre dans le décor.
Lorsqu’on joue à deux joueurs, le principe est identique si ce n’est que, nature humaine oblige, les deux joueurs passent le plus clair de leur temps à essayer de foutre leur adversaire en dehors de la piste. Lorsqu’un des deux joueurs distance son partenaire de plus d’un écran, le jeu ne passe cependant pas en écran divisé, mais le joueur malchanceux voit sa bille réapparaître juste à côté de celle du concurrent, avec 5 secondes de moins au compteur !
Réalisation technique :
Tout géométrique qu’il soit, Marble Madness ne me déplaît pas le moins du monde graphiquement. Il y en aura bien quelques uns pour déplorer l’austérité et le manque de fantaisie des différents parcours mais en ce qui me concerne, je trouve ça très propre, très clean et sans chichis. Le scrolling est fluide (faut dire que la bille ne file pas à une vitesse supersonique non plus…) et, plus important, l’inertie de la bille est plutôt bien rendue, et on « sentira » réellement toutes les aspérités du terrain. Dans le cas présent, la précision obsessionnelle dont il faut faire preuve est parfaitement justifiée, puisqu’elle constitue le cœur même du gameplay. A signaler aussi : de petites mélodies épouvantablement énervantes, mais on peut supposer qu’il s’agit d’un méfait volontaire, histoire de pourrir encore un peu plus les nerfs du joueur.
En bref : 16/20
Il n’a l’air de rien, ce Marble Madness, et pourtant on y passe des heures et des heures ! Son principe très particulier, sa simplicité et les cinq malheureuses minutes nécessaires pour boucler tous les parcours en font le soft idéal pour une petite partie en vitesse, histoire de se détendre entre deux trucs importants à faire. Enfin… se détendre… J’ignore si le terme est bien choisi, car Marble Madness est tout de même le soft type à déclencher des crises de nerfs. Mais il s’agit de saines crises de nerfs, de celles qu’on se paye histoire de brailler un bon coup, tout en sachant très bien que le jeu n’y est pour rien et qu’on n’aura qu’à faire plus attention la prochaine fois. A deux joueurs, on atteint le paroxysme de la jouissance vicieuse, à saloper l’avancée précautionneuse du concurrent d’un bon choc latéral bien calibré ! Les insultes les plus atroces fusent sans discontinuer et on prend son pied comme jamais. Après tout, on dit que la vie est faite de petits plaisirs… Evidemment, Marble Madness n’est pas non plus le jeu sur lequel on passe des nuits entières sans s’arrêter mais il fait partie de ces classiques indémodables qui ne perdent rien de leur facteur fun et résistent à toutes les modes et à toutes les évolutions technologiques.