Sorti en 1993 des studios de chez Climax, ce magnifique Action-RPG qu’est Landstalker a contribué à la propulsion de la Megadrive au rang des consoles divines (au même titre que la série des Shining Force et autres Phantasy Star).
Proposant des graphismes hors du commun et utilisant pour la première fois le concept du DDS 520 afin de rendre les décors en 3D isométrique (similaire à Equinox sur Super NES mais en beaucoup mieux calculés et texturés), on ne peut pas se dire en voyant ce jeu, que ce soit simplement « le Zelda de la Megadrive »
L’histoire
Nigel (Ryle pour la version française), jeune mais talentueux chasseur de trésor, est revenu sur le continent afin de toucher la prime de l’une de ses trouvailles, la statue de Jypta (scène que l’on peut voir pendant l’intro). Alors que Nigel reçoit sa récompense, une petite fée fonce sur lui pour se réfugier dans sa veste. C’est un trio de brigands qui veut la kidnapper car il l’accuse d’avoir vu où sont cachés les Trésors du Roi Nole ! Répondant au nom de Friday, la petite fée supplie à son sauveur improvisé de l’aider en lui promettant la découverte d’un gigantesque trésor ! Après avoir semé ses faucheurs et par la même occasion, sauvé la vie de Friday, Nigel exige une petite explication. Friday sait a priori ou se trouvent les fameux Trésors du Roi Nole ! Une telle occasion ne se manque pas ! Nigel décide d’accompagner sa nouvelle compagne sur l’île de Mercator
Vous contrôlez donc Nigel, jeune chasseur de trésors confirmé aux sens aiguisés. Les trésors n’ont rien de secret pour lui. Habitué des combats, il a le flair pour tout ce qui est beau et qui brille. Votre charmante petite fée Friday, fougueuse et impétueuse, vous épaulera tout au long de l’aventure et c’est en partie sur elle qui faudra compter pour réussir votre quête.
Des quêtes variées et originales
Avant de commencer réellement votre chasse aux trésors, vous devrez commencer par rendre quelques services aux habitants de votre village d’accueil. Poilus comme des peluches, les villageois de Massan sont des petits êtres mignons et primitifs (ils me font penser aux nounours dans Stars Wars épisode 6). Après les avoir mis au courant de votre quête, ils vous conseilleront dans un premier temps de partir au Lieu Saint des chutes (sorte de caves qui feront office de premier donjon) afin de rencontrer un vieux sage susceptible de vous renseigner un peu plus sur ces fameux trésors du Roi Nole. N’en sachant que très peu sur cette histoire, le vieil homme décide d’effectuer tout de même quelques recherches approfondies sur l’origine de ces trésors. C’est toutefois bredouille que vous reviendrez au village… Un évènement inattendu s’est déroulé pendant votre absence ! Fara, la fille unique du Maire a été enlevée par les voisins rivaux du village de Gumi, eux-mêmes contrôlés par des esprits diaboliques ! Plus une minute à perdre ! En route vers le deuxième donjon, mais avant cela, il faudra être assez doué pour franchir le marais rempli de monstres
et ceci n’est qu’une infime partie de la gigantesque aventure que vous allez bientôt entamer ! Vous comprendrez à quel point ce genre de rebondissements scénaristiques fait part belle à l’excellent rythme de cette aventure. Landstalker vous fera vivre des moments épiques : de la délivrance de la petite Fara dans un gigantesque donjon, en passant par la découverte du repaire caché des voleurs ainsi qu’une petite visite dans le labyrinthe vert (passage devenu culte), vous allez vous régaler comme des fous !
Une représentation graphique inhabituelle
Parlons un peu technique à présent. Landstalker bénéficie d’un tout nouveau concept assez révolutionnaire pour l’époque, une représentation en 3D isométrique (concept du DDS 520). A dire vrai, le rendu est vraiment original et procure une sensation de profondeur dans les décors très saisissants. On évite ainsi le syndrome des jeux d’aventure en 2D « raplaplat ». Mais ce n’est pas seulement cette nouveauté graphique qui fait la force de l’esthétique de Lanstalker, car les décors et les personnages sont aussi très fouillés et détaillés. L’ensemble est très beau pour une console 16bits, avec des textures réalistes et un level design satisfaisant.
Animation, combats, maniabilité
Difficile de contrôler notre petit héros aux premiers abords, sachant que tous les déplacements s’effectuent en diagonale. Un petit temps d’adaptation sera requis, mais une fois votre perso bien pris en main, il devient très maniable.
Landstalker est un Action-RPG et ses combats se déroulent donc en temps réel « à la Zelda ». Il faudra être assez précis lors de ses attaques à l’épée pour ne pas louper ses adversaires. Je ne vous mentirai pas en vous disant que les passages de plates-formes sont relativement nombreux et que certains d’entre eux sont très difficiles. En effet, l’angle de vue trompera votre perception plus d’une fois et vous tomberez souvent des précipices. Il faudra donc mener patience et dextérité pour parvenir à franchir certains passages délicats.
L’inventaire
Si Nigel (Ryle pour les anglophobes) n’est pas magicien, il obtiendra en revanche de nombreux objets aux pouvoirs magiques destructeurs. Afin d’éliminer un grand nombre d’ennemis par exemple, notre héros utilisera des statuettes magiques ou bien encore des bagues (comme dans Zelda, tiens, tiens ) pour invoquer les éléments. Hormis son épée de base, Nigel utilisera un total de quatre épées magiques aux pouvoirs respectifs. Une jauge spéciale leur sera attribuée et celle-ci se remplira progressivement. Une fois pleine, vous pourrez alors profiter de la spécialité de la lame. L’épée Magique aura le pouvoir de brûler vos assaillants, l’épée de Glace pourra les geler bien sûr, l’épée du Tonnerre les électrocutera tandis que la dernière épée, la puissante épée de Gaïa invoquera un sort de Terre et pourra toucher tous les ennemis se trouvant à l’écran.
Comme dans tout bon jeu de rôle qui se respecte, toutes sortes d’herbes et de potions vous aideront à vous soigner et à combattre l’altération de vos états (poison, hallucination ).
Un monde cohérent et détaillé
L’argent vous sera d’une grande utilité sur l’île de Mercator pour vous équiper ou bien faire vos provisions d’Ekeke (l’herbe médicinale caractéristique du jeu). Vous trouverez de l’argent sur les corps de vos victimes mais il existe aussi différents endroits dans les villages pour jouer à des jeux de paris ou de combats et ainsi augmenter sa bourse.
L’île est assez grande et pour éviter les voyages pénibles, il a été créé un système de téléportation assez judicieux. Un donjon pas du tout obligatoire se trouvant dans les entrailles d’un gros arbre magique vous permettra une fois fini de vous téléporter d’arbre en arbre qui seront tous reliés les uns aux autres. Du déjà vu certes, mais tout ceci est bien pratique et très amusant (la distorsion de l’image lorsque vous vous dématérialisez est superbe).
Au fil de l’aventure, vous rencontrerez de nouveaux personnages clés et les recroiserez plus tard dans des lieux différents. Vous découvrirez par exemple certaines de leurs facettes cachées. Kayla et sa bande seront toujours à vos trousses mais serviront plus d’élément comique à l’histoire car il leur arrive toujours des péripéties amusantes.
Les musiques, les bruitages :
Les mélodies sont vraiment jolies et certaines compositions juste superbes. On regrettera en revanche le fait qu’elles soient aussi répétitives. En particulier la musique des donjons plutôt énervante au bout d’un moment. On s’y fait mais les mélodies sont tellement bien trouvées qu’elles restent dans la tête du joueur pendant des semaines.
Les bruitages sont biens sans plus, peu variés mais sympathiques. Lorsqu’on saute, on a l’impression de jouer avec Sonic.
Scénario et durée de vie
Le grand point fort de Landstalker est que l’on profite d’un renouvellement perpétuel du scénario tout au long de notre quête. On pourrait penser les premières heures qu’on aura à faire à un A-RPG simple et court. Détrompez- vous c’est tout l’inverse ! L’aventure est prenante, longue et difficile. Toutefois, le scénario en lui-même est sans prise de tête. La progression s’efforce de ne pas devenir répétitive ou linéaire grâce à des situations toujours inattendues. Faire le tour de l’île prendra du temps c’est certain mais on ne s’ennuie pas. Les énigmes sont tortueuses à souhait (je pense notamment aux nombreuses nuits blanches passées dans la crypte de Mercator), mais la difficulté en général du jeu est très bien dosée. Enfin la longueur de l’aventure dépendra de votre expérience dans ce genre de jeu bien sûr, comptez une bonne trentaine d’heures pour les débutants et plutôt une vingtaine pour les habitués de Zelda et compagnie. Les tueurs de RPG pourront le finir en une petite dizaine d’heures mais ils ne profiteront pas du jeu à 100%.
Les déceptions
Bien que Landstalker soit fabuleux sur quasiment tous les points, il est nécessaire de citer deux défauts aberrants. Tout d’abord, l’équipement porté ne sera pas entièrement visible sur le personnage, c’est-à-dire que lorsque vous porterez de nouvelles bottes par exemple, rien ne changera. Seule la couleur de l’épée et de l’armure changera. Bon, là encore, ça reste un détail que peu de joueurs retiendront.
Mais là où Landstalker déçoit profondément, c’est par sa fin misérable. Ceux qui l’ont déjà fini comprendront. Un scandale, d’autant plus que l’aventure est magnifique, alors autant faire une fin à la hauteur. Incompréhensible.
Respect à Climax
Climax nous a offert un véritable chef-d’uvre, à la fois simple et original, qui restera un A-RPG d’une puissance quasi équivalente à la série des Zelda. On regrettera avec amertume qu’il n’y ait jamais eu de suite officielle
Aux dernières nouvelles, Landstalker sera converti sur PSP ! Espérons qu’il y ait quelques nouveautés, une « vraie » fin du jeu par exemple !