Lorsque ce blockbuster hollywoodien creva les écrans, il était évident qu’un tel succès du cinéma devrait être adapté sur le plus de consoles possibles. A cette époque, au plus fort de leur combat pour la suprématie sur l’univers des jeux vidéo, Sega et Nintendo s’arrangeaient pour s’emparer tous deux des licences les plus juteuses. Les jeux de ce genre qui étaient adaptés sur les deux formats étaient souvent assez différents, histoire que la comparaison ne soit pas trop évidente et, du côté technique du moins, ne tourne pas systématiquement en défaveur de la Megadrive, moins performante que sa rivale. Dans le cas de Jurassic Park, la version Super NES remportait sans problème la palme de l’originalité, en proposant un sorte de jeu d’action/aventure en vue isométrique, agrémentée de séquences en 3D primitive. Son principal problème résidait dans la laideur absolue de ces passages et dans la trop grande difficulté du logiciel. Chez Sega, on préféra se cantonner à un classique jeu d’action comme la Megadrive savait les mitonner à la perfection, mais dont l’un des deux principaux protagonistes peut surprendre. On incarnera en effet, soit le Dr Alan Grant, soit un vélociraptor ! Dans les deux cas, l’objectif est de fuir le parc plongé dans le chaos, mais les moyens et les méthodes qu’utiliseront ces deux ennemis jurés seront évidemment bien différents.
Pour se défendre contre les sauriens échappés de leurs enclos, Grant dispose de nombreuses armes : des sédatifs à la puissance variable, des grenades lacrymogènes, et un faisceau électrique que l’on peut charger d’une intensité variable. Le Dr Grant ne peut cependant tuer les dinosaures (encore un coup de la Société Protectrice des Dinosaures ?) et se contentera de les anesthésier pour quelques dizaines de secondes, le temps pour lui de se mettre à l’abri. Les munitions étant en nombre limité, il sera important de fouiller les niveaux avec attention afin de ne pas se retrouver démuni face aux hordes de créatures préhistoriques affamées qui hantent la jungle et les principales structures du parc. Les classiques trousses médicales seront également disséminées en grand nombre afin de restaurer la santé défaillante du professeur. Si on visitera pratiquement les mêmes lieux avec le raptor, il tombe sous le sens que la partie sera sensiblement différente. Tout d’abord, le reptile ne pourra utiliser les appareils construits par les humains (les ascenseurs par exemple), même s’il dispose de l’intelligence suffisante pour pousser des caisses afin d’atteindre les endroits inaccessibles, et il sait également se rattraper au bord des plates-formes, à l’instant du Dr Grant. En contrepartie, le raptor est une véritable machine à tuer, capable de bonds extraordinaires, et dont les morsures et les plongées toutes griffes dehors sur les autres dinosaures et les gardes armés de Jurassic Park ne leur laissent que peu de chances de survie. C’est donc au final deux jeux en un que nous propose ce Jurassic Park à la sauce Sega ou plutôt, un unique jeu mais vu sous deux angles différents.
On retrouvera avec plaisir la plupart des impressionnantes créatures du film : de paisibles tricératops qu’il ne faudra néanmoins pas titiller de trop près, les brachyosaures qui ne servent en fait que de plates-formes écailleuses, des ptérodactyles, les minuscules « compis » qui peuvent s’avérer très irritants en meute, les dilophosaures à crête et leur célèbre crachat de liquide aveuglant et, bien sûr, les redoutables vélociraptors, ce que la période Jurassique a pu produire de mieux en matière de machine à tuer sur pattes. Mais la star incontestable de Jurassic Park reste bien entendu le Tyrannosaure. Ce dernier est tout simplement invulnérable, et se contentera d’apparaître au moment où on s’y attend le moins, avide de gober du scientifique.
Graphismes : Sega a voulu viser haut, avec les dinosaures digitalisés les plus réalistes possible, et des décors fouillés. Le contrat a été moyennement bien rempli. Si la plupart des dinos sont effectivement représentés avec un souci du détail assez bluffant, les décors demeurent soit vides, soit fouillis, et l’ensemble rend parfois une impression granuleuse assez déplaisante.
Animation : Même remarque. La démarche des dinosaures est impressionnante de réalisme, tandis que le Dr Grant donne parfois l’impression de ne pas posséder d’articulations. Qui plus est, le jeu est truffé de ralentissements.
Jouabilité : Gros point faible du jeu. Que l’on dirige Grant ou le vélociraptor, on ne peut pas dire que manoeuvrer les deux protagonistes soit de tout repos. Les sauts sont imprécis au possible, et comme les collisions sont mal gérées, sauter de plates-formes en plates-formes se révèle souvent purement hasardeux. Les ralentissements n’arrangent évidemment rien à la difficulté déjà élevée de ce jeu.
Son : : Une bande sonore bien adaptée au jeu, avec des thèmes glauques et stressants.
Intérêt : 14/20 Bien qu’assez court, Jurassic Park propose un challenge ardu, encore compliqué par l’imprécision des commandes. Et pourtant, malgré ces multiples défauts sans doute dûs à l’ambition affichée par le programme, on ne s’ennuie pas une seconde à guider Grant ou le redoutable prédateur jusqu’à la liberté. Avec Grant, l’ambiance est au rendez-vous, et on flippe salement en évoluant dans ces décors obscurs, plein d’appréhension à l’idée qu’un vélociraptor jaillisse de nulle part ou que notre copain le T-Rex bousille subitement un mur pour tenter de se curer les crocs avec votre carcasse. Bien différente, la partie avec le raptor est un réel plaisir, tant il est particulier de diriger une telle créature. Les deux gameplay sont bien différents et tout aussi intéressants l’un que l’autre ce qui, en dépit des problèmes de jouabilité et du semi-échec des graphismes, fait de Jurassic Park un jeu de bon niveau.