Vaincu par l’agent Pond dans l’usine de jouets du pôle nord, le Dr Maybe n’est pas resté bien longtemps sur cet échec. A la tête d’une armée de rats, le diabolique savant fou s’est envolé pour la Lune et contrôle à présent les fameuses mines à fromage sélénites, semant la panique sur les marchés boursiers terriens. Car la Lune est composée de fromage comme chacun le sait : de gigantesques collines de gouda, des rivières de mozzarella, des canyons sculptés dans le brie… une véritable aubaine pour tout mercenaire rongeur qui souhaite progresser dans la vie. Une fois de plus, seul James Pond, le plus séduisant des poissons rouges du contre-espionnage, peut tenir en échec les plans de ce maître du mal.
Le premier épisode était un jeu de tableaux minimaliste. Le gameplay du second reposait presque intégralement sur un univers haut en couleurs et sur la combinaison extensible de Pond, qui lui permettait de s’étirer jusqu’à des endroits autrement hors d’atteinte. James Pond III, lui, se présente comme un jeu de plates-formes beaucoup plus classique, qui n’est pas sans rappeler fortement Super Mario World. À l’instar de la célèbre mascotte de Nintendo, le poisson espion évolue sur une carte générale de la Lune. Il progresse en libérant au fur et à mesure l’accès aux différents stages et peut revenir explorer les niveaux déjà parcourus une fois certains items en sa possession, ce qui lui permettra d’atteindre des endroits inaccessibles lors de sa première visite. Electronics Arts a poussé l’imitation jusqu’à disposer un peu partout des cubes marqués d’un point d’exclamation qui libèrent des bonus variés dès qu’on les heurte d’un coup de tête (vie supplémentaire, copeau de fromage pour augmenter le score, ressorts pour sauter très haut, etc.). Histoire de mettre toutes les chances de son côté, James Pond III évoque également beaucoup Sonic. Comme le hérisson bleu, James évolue dans un univers riche en descentes vertigineuses et en montées tout aussi vertigineuses qu’il parcourt à une vitesse incroyable. Cerise sur le gâteau, ses bottes spéciales lui permettent également d’adhérer à n’importe quelle surface et donc, de courir sur des parois verticales ou même la tête en bas sur les plafonds. Cette particularité donne à la progression un esprit cartoonesque plutôt sympa. À la fin de chaque stage, il faut également détruire une sorte de structure robotique en sautant dessus… Bref, tout en conservant une personnalité propre, James Pond III s’inspire sans vergogne de ce qui se fait de mieux chez les concurrents.
Outre la possibilité de sauter sur la tête des ennemis, Pond pourra également s’en débarrasser d’une autre façon, par exemple en ramassant des bonus (fruits divers, rocher, bombe, tasse de café explosive) et en s’en servant comme projectile. Cette possibilité s’avère bien utile pour liquider les adversaires casqués qui résisteraient à vos sauts. Le ramassage et l’utilisation de ces items de tir et de beaucoup d’autres (parapluie pour planer, télévision qui fait virer l’écran au gris et libère certains passages scellés) occupent d’ailleurs une part assez importante dans le gameplay. Il s’agit en effet d’items «persistants», ce qui signifie que vous pouvez en ramasser un, le reposer, en ramasser un autre et revenir chercher le premier un peu plus tard.
Réalisation technique :
À défaut d’offrir une réalisation de toute beauté, James Pond III table plutôt sur un visuel flashy, avec des ennemis amusants, des décors dessinés à gros traits et un esprit plus enfantin que les épisodes précédents. Dans l’ensemble, le résultat est sympathique, même si les multiples dégradés de jaune et d’orange finiront par vous inspirer une haine durable envers le cheddar, l’édam et le stilton. Le principal argument de vente de James Pond III, c’est bien entendu la vitesse hallucinante du personnage qui en fait l’un des jeux Megadrive les plus rapides qui soient, à égalité avec Sonic. Avec la faculté du poisson à courir sur les murs ou au plafond, c’est tout juste si l’action n’est pas plus impressionnante que dans les jeux mettant en scène le hérisson bleu, même ! Au niveau de la bande sonore, James Pond est malheureusement beaucoup moins réussi : les bruitages sont appréciables mais les petites mélodies sont beaucoup trop insipides. Rien de très étonnant, c’était déjà le cas dans les jeux précédents. Dommage également que le poisson soit aussi difficile à contrôler par moments : si on apprécie la souplesse des commandes une fois lancé à pleine vitesse, réussir une action précise (par exemple, sauter sur une petite plate-forme) est beaucoup moins facile à accomplir !
En bref : 15/20
Voilà un jeu de plates-formes qui a tout pour lui sur le papier : un univers sympa, une rapidité extraordinaire, des tonnes de possibilités et de concepts originaux et une durée de vie assurée par son très grand nombre de niveaux et sa progression non linéaire. Ce devrait être un hit incontournable. Or, il ne s’agit que d’un jeu sympa, qu’on pratique avec plaisir mais qui ne retient pas forcément l’intérêt sur la durée. En cause, un esprit qui reste trop «micro» (même si les progrès sont flagrants depuis les épisodes précédents) et aussi, cette inévitable petite étincelle qui manque systématiquement à chaque épisode de cette célèbre série, comme si toute cette fantaisie et cet esprit farfelu paraissaient un peu forcés. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : Operation Starfish est un bon jeu, fouillé, original dans son genre et offrant une longue durée de vie. Mais justement, quand on voit toute cette richesse, on se prend à penser à quel point il aurait pu être formidable s’il ne lui avait pas manqué ce petit élément intangible. La Lune de fromage, c’était une bonne idée… mais des Japonais l’auraient encore bien mieux exploitée (refrain connu…).