Tout droit venu de l’arcade, la trame scénaristique (si l’on peut dire..) de ce classique défouloir des familles changera des histoires de copines kidnappées, juste bonnes à servir de prétexte à une bonne séance de tabassage dans les règles de l’art. Avec Growl, vous allez accomplir une noble action, à savoir protéger la nature avec des méthodes dont Greenpeace oserait seulement rêver. Seul ou avec un pote, vous dirigerez un ou deux costauds parmi une équipe de quatre rangers sans peur et sans reproches qui combattent braconniers et trafiquants d’animaux dans l’Afrique profonde. Lorsque l’action commence, les méchants attitrés viennent d’anéantir le Q.G. des redresseurs de torts animaliers. Ces derniers, miraculeusement intacts, sortent alors des décombres et se sentent instinctivement pris de l’envie d’inscrire les braconniers sur le grand tableau des espèces en voie de disparition. Les commandes sont simples, à la portée de n’importe quel coureur de brousse : un bouton pour attaquer, un pour sauter et un pour l’attaque spéciale.
Certes, présenté de cette manière, Growl a l’air d’une version très limitée d’un genre déjà pas vraiment connu pour ses moments de dialectique poussée. Mais ce jeu Taito possède tout de même dans sa manche quelques atouts plutôt bienvenus. Tout d’abord, les armes sont variées et relativement originales : matraque, machette, fouet, pistolet, lance-roquettes, grenades à main, sans compter les caisses, tonneaux et autres rochers que vous pourrez ramasser et expédier à la face de vos adversaires. Ca change un peu de l’habituel duo couteau/batte de baseball des combats urbains. A noter qu’en ce qui concerne les armes à feu, une fois les munitions épuisées, elles peuvent encore servir à quelque chose, à l’image de l’étui à roquettes qui devient une redoutable arme contondante. Ensuite, tous ces animaux délivrés ne se contenteront pas de bêler un bref remerciement mais prendront enfin leur destinée en main. On tombe fréquemment sur de mini scènes où les méchants braconniers sont en train de brutaliser gratuitement des animaux sauvages. Des dialogues plein de conscience écologique s’ensuivront entre vos rangers et les irrespectueux contrebandiers. Une fois que vous leur aurez présenté vos arguments en faveur de la sauvegarde de la faune et que leurs cadavres auront cessé de clignoter, les animaux libérés vous aideront face à la meute suivante de braconniers. Les attaques aériennes des aigles, la charge du troupeau d’antilopes ou la ruée vers la liberté du lion permettent déjà de laisser de grands vides au sein des rangs serrés de vos ennemis, mais l’éléphanteau en colère redonne tout son sens au concept d’ « arme de destruction massive »… !
Réalisation technique :
Parmi les caractéristiques techniques pas franchement glorieuses de Growl, c’est surtout, l’indigence graphique, à pâlir d’horreur un jeu Atari, qui choque. Double Dragon sur Master system était plus fouillé et plus joli que ce safari pour barbouzes ! Les sprites sont très petits, grossiers au possible, les ennemis ont tous la même tête, et les animaux sauvages sont si mal représentés qu’on en vient à se demander s’il ne vaudrait pas mieux les laisser disparaître. Sans atteindre le niveau infâme des graphismes, le reste de la réalisation n’est pas vraiment enthousiasmant non plus, avec cette animation un peu ridicule et ces sons simplistes.
Quant à la jouabilité, elle est quelconque, ni franchement rébarbative, ni franchement réussie.
En bref : 09/20 :
Avec une réalisation moins piteuse, Growl aurait été un beat them up relativement réussi (encore qu’il n’est pas difficile de trouver mieux, mais l’atmosphère de celui-ci reste assez originale). La réalisation technique n’est évidemment pas primordiale au regard de l’intérêt propre d’un jeu, mais il y a tout de même des choses que l’on ne peut pas laisser passer. Bref, mauvaise note finale pour Growl, mais si vous êtes en manque urgent de baffes virtuelles, il fera tout autant l’affaire qu’un autre.