Eternal Champions est un jeu vidéo Megadrive publié par Segaen 1993 .

  • 1993
  • Combat

Test du jeu vidéo Eternal Champions

3.5/5 — Très bien par

Dans un futur lointain et dévasté, l’Eternal Champion, une entité qui maîtrise les plus puissantes techniques de combat de tous les temps, regarde avec désespoir la planète dévastée qui l’entoure. Il lui prend alors l’idée lumineuse de ressusciter de grands combattants issus de différentes périodes de l’histoire de l’humanité et de les convier à participer à un grand tournoi à travers les âges. Les élus choisis pour cette glorieuse faveur sont Slash, un homme des cavernes, Trident l’homme poisson de l’Atlantide, Xavier Pendragon, alchimiste à Salem à la fin du XVIIe siècle, Jetta Marx une séduisante acrobate/espionne russe, Larcen Tyler le voyou des années 30, Midknight, un scientifique qu’une expérience ratée a affligé d’une nature vampirique, Shadow l’assassin ninja, Blade, un énorme chasseur de primes surpuissant et Rax Coswell le boxeur cybernétique du futur. A priori, peu de points communs entre eux, si ce n’est que tous sont morts violemment et prématurément. L’Eternal Champion, qui est bien entendu omniscient, propose comme enjeu à ce tournoi une chance de déjouer le destin, celui des différents combattants mais aussi celui de la planète entière. Le vainqueur se verra en effet offrir une deuxième chance de mener son existence à terme, sachant que ce crédit supplémentaire lui permettra d’influer sur la destinée de l’humanité à un degré qu’il ne soupçonne même pas.

Pffuuuu…le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils se sont creusés pour le scénario ! On est loin des poncifs du genre, tels que machin qui doit secourir sa bourgeoise kidnappée par la concierge de truc, et qui s’avère être également la sœur jumelle dont on l’avait séparé à la naissance avant de le confier à un couple de gitans indonésiens champions d’arts martiaux.

Le principal point fort d’Eternal Champions est l’originalité des combattants, ainsi que le nombre élevé et le côté atypique de leurs attaques. Avec Slash, par exemple, on tient la brute de service qui cogne à toute berzingue et dispose en outre d’une bonne allonge grâce à son gourdin. Blade rentre également dans cette catégorie, si ce n’est qu’il dispose d’un large éventail de possibilités technologiques, comme un viseur infrarouge pour tirer sur l’ennemi ou des sortes de frisbees à tête chercheuse particulièrement vicieux.

Midnight peut littéralement pomper l’énergie de ses adversaires ou se transformer en un redoutable tourbillon de brume. Rax combine les coups secs et puissants du kickboxing avec ses spécificités de cyborg bourré d’énergie électrique. Jetta est la Chun Li du lot, souple et rapide sans être très robuste, et peut encore augmenter sa vitesse jusqu’à atteindre une agilité stupéfiante. Larcen Tyler dispose de tout un éventail d’outils de cambrioleurs reconvertis en armes léthales, et peut se suspendre à un filin pour traverser l’écran tel un Indiana Jones moyen et renverser l’ennemi (on sera gentil, on ne s’interrogera pas sur l’endroit où il peut bien l’accrocher). Quand à Xavier, il dispose de nombreux pouvoirs, comme celui de transformer l’adversaire en or massif pour l’immobiliser, d’invoquer des créatures démoniaques ou de se téléporter.

Des fatalités existent également dans Eternal Champions. Contrairement à Mortal Kombat, ces attaques décisives sont liées, non pas à un personnage, mais à un décor. Ainsi, il sera possible de projeter l’adversaire sur le bûcher qui trône au milieu des rues brumeuses de Salem. Dans le décor Atlante, c’est une pieuvre géante qui s’emparera du corps de vaincu pour le dévorer dans les profondeurs, tandis qu’une berline noire passera et abattra le vaincu d’une rafale de mitraillette dans le décor de Larcen Tyler, dans la plus pure tradition des films noirs.

En dehors du mode story et des classiques mode versus, Eternal Champions propose également plusieurs modules d’entraînement, soit contre les autres challengers pilotés par l’ordinateur, soit contre de petits drones de combat, ce qui vous permettra d’expérimenter les très nombreux coups spéciaux imaginés pour ce software. Vu la très grande difficulté du mode solo, ces séquences d’échauffement ne seront pas superflues.

Graphismes : Des sprites de très grande taille, probablement les plus impressionnants de la console. Les décors sont relativement fouillés, originaux et riches en détail. Le problème vient principalement du nombre de couleurs affichées à l’écran. Afin de remédier à la faible palette de couleurs, Sega a utilisé une astuce lui permettant de ne coloriser qu’un pixel sur deux. Parfois, cela fonctionne à merveille mais malheureusement, le plus souvent, sprites comme décors produisent un effet granuleux très désagréable à l’œil. Du bon travail tout de même, mais il aurait sans doute fallu viser un poil moins haut.

Animation : Mon jugement balance entre un nombre de coups impressionnant et des personnages un peu trop raides.

Jouabilité : A trop vouloir soigner l’aspect visuel du jeu, Sega en a un peu oublié de fignoler la jouabilité. Tout comme pour Street Fighter II, le grand nombre de coups imposait (à moins de posséder le paddle à 6 boutons) de passer des coups de poing aux coups de pied en passant par le bouton start. Jusque là, rien de trop grave. Mais la raideur des personnages rend le jeu moins attrayant que nombre de ses rivaux pourtant moins ambitieux. On a un peu de mal à enchaîner les combos de manière parfaitement fluide avec ces guerriers aux déplacements un peu plombés. Le nombre élevé d’attaques spéciales est admirable, mais vu la grande difficulté du mode solo, il vaudra mieux sérieusement s’entraîner dans les modules prévus à cet effet avant de se lancer dans l’arène.

Son : : Bruitages et voix digitalisées sont d’un niveau moyen. Les thèmes musicaux sont sympathiques, mais la qualité n’est pas toujours au rendez-vous.

Intérêt : 15/20 – Sega avait clairement voulu frapper un grand coup avec ce jeu de combat, qui devait se hisser au rang de meilleur représentant du genre sur la Megadrive, et rivaliser avec des pointures comme Street Fighter II ou Mortal Kombat. Du côté des points forts, on peut signaler la très grande taille des personnages, la variété des coups et des attaques spéciales, et une certaine inventivité dans les combattants et les décors. Du côté des points faibles, des graphismes qui pêchent par excès d’ambition et proposent parfois un aspect granuleux plutôt déplaisant, un mode solo d’une très (trop ?) grande difficulté, et une jouabilité non exempte de défauts. Voilà qui complique quelque peu les choses. En fait, Eternal Champions reste un jeu très agréable à condition d’abandonner rapidement le mode solo, limite frustrant. A deux joueurs, ces défauts de prise en main persistent, mais au moins, tout le monde est à égalité, et le côté atypique des personnages ainsi que la variété des coups spéciaux finissent par faire pratiquement oublier la jouabilité un peu étrange et les faiblesses graphiques. Un bon jeu de combat, même s’il ne remplit pas tout à fait la mission qui était la sienne au départ.

Eternal Champions