Treasure, c’est l’éditeur de luxe de la Megadrive. Cette entreprise japonaise, constituée de transfuges de chez Konami qui avaient déjà sévi sur la série des Castlevania et sur Rocket Knight, a toujours eu le don de réaliser des jeux à l’atmosphère unique et au design très atypique. Que ces jeux soient de grandes réussites (Gunstar Heroes) ou des produits plus anecdotiques (McDonald’s Treasure Land), Treasure s’est toujours débrouillé pour élaborer des univers très originaux et pour user et abuser d’effets spéciaux et de simili-effets 3D surprenants pour une Megadrive. Une fois de plus, c’est un contexte totalement original et farfelu que Treasure a concocté pour servir de terrain de jeu à ce jeu de plates-formes et au petit personnage rigolo qui en est le héros, Headdy. Headdy est la star incontestée du Grand Théâtre du pays des marionnettes. Se rendant dans la capitale du pays pour une petite visite à ses vieux amis Hangman et Beau, Headdy découvre qu’une marionnette maléfique s’est emparée de la ville, et y pratique une rigoureuse sélection industrielle de ses habitants afin de transformer les plus réceptifs d’entre eux en poupées sadiques dévouées à sa cause. Capturé par les machines trieuses du tyran, Headdy est rejeté par la machine de sélection et envoyé à la décharge. Vexé à mort de ce manque de respect pour sa personne, le héros s’échappe immédiatement et, tel un petit Che Guevara en tissu, décide de prendre la tête du mouvement pour la libération des marionnettes opprimées de ce monde en carton-pâte.
Ok, c’est bien beau tout ça, mais des jeux de plates-formes, même signés Treasure, ça se ramasse à la pelle sur Megadrive. Et si l’univers – attachant dans le cas présent puisqu’il s’agit d’un monde d’illusions et de faux décors de théâtre – compte pour beaucoup dans le plaisir que l’on prendra à jouer, l’originalité du soft est également un point très important. De ce point de vue-là, Dynamite Headdy remplit son office avec brio. La principale arme du petit personnage est sa tête, qui se détache de son corps à volonté et peut être expédiée dans n’importe quelle direction sur une distance équivalente à un bon tiers de l’écran. Cette tête lui sert également à s’agripper aux anneaux tenus par de petits Kirbys oranges dans le but de se hisser sur des plates-formes surélevées. A travers les stages, Headdy pourra récupérer un très grand nombre de bonus qui lui permettront de « changer » de tête, et d’améliorer ses capacités d’attaque. Certaines d’entre elles augmentent la portée du lancer de caboche, certaines autres le gratifient d’un museau d’aspirateur pour avaler tous les ennemis, d’autres consistent en une sorte de tête casquée qui dissémine partout des étincelles magnétiques, d’autres encore entourent le nouveau crâne de Headdy d’un halo de flammes. Tous ces bonus (au nombre de 18) n’ont pas une vocation dédiée à l’attaque. Certains casques conduisent à un niveau bonus (généralement drôle, comme lancer la tête contre des ballons de basket pour marquer des paniers), certains réduisent Headdy à un format microscopique pour lui permettre de se faufiler dans d’étroites galleries, ou lui offrent la possibilité de bloquer le temps pendant une dizaine de secondes. Mais tous les bonus ne sont pas positifs : la grosse tête de pierre rend Headdy atrocement lent, tandis que le bonnet de nuit le fait dormir pour une dizaine de secondes. Les bonus sont généralement transportés par les petits clones de Kirby évoqués plus haut et le type de bonus en possession du Kirby change aléatoirement toutes les deux secondes. Il n’est donc pas toujours évident de choper le bonus souhaité.
Réalisation technique :
Une fois de plus avec Treasure, on se retrouve face à un jeu dont le parti-pris graphique est audacieux et original. Les décors sont farfelus, souvent géométriques – mais c’est volontaire –, avec des couleurs éclatantes et un esprit bien surréaliste. On découvre des tonnes de minuscules détails amusants au fil des niveaux, comme de petits ouvriers qui amènent péniblement un nouveau décor. Un autre de ces décors est tiré subitement vers le haut, tandis qu’un nouvel arrière-plan est poussé sur scène depuis la droite. Bien d’autres trouvailles sont destinées à ancrer dans l’esprit du joueur que toute cette affaire n’est pas bien sérieuse mais que le spectacle doit continuer. L’optique graphique envisagée pour Dynamite Headdy est zn tout cas de celles qui lâchent la bride aux programmeurs et leur permettent tous les délires possibles et imaginables, même si on retrouve pas mal de gimmick venus d’autres jeux Treasure (Treasure Land, Gunstar Heroes pour les déformations, …) réutilisés de manière à peine voilée. Du côté des sprites aussi, Treasure a assuré. Headdy, à défaut d’être aussi identifiable que Sonic ou même Ristar, reste néanmoins un petit personnage mignon et plein de ressources. Le mode d’attaque – même si là aussi on repère quelques similitudes avec le fameux Ristar – est intéressant au possible, d’autant plus que le « lancer de tête » possède bien d’autres fonctions utiles en dehors de l’attaque. La bande sonore est également d’un très bon niveau, avec des thèmes célèbres retravaillés ou d’entraînantes petites mélodies qui contribuent au rythme très soutenu de l’action. Mais c’est surtout la construction des niveaux, l’ordonnance des pièges, l’agencement des obstacles, bref tous ces trucs sur lesquels une majorité de jeux de plates-formes se cassent les dents, qui font de Dynamite Headdy un jeu bien fendard comme on les aime. De ce point de vue là, il n’y a pas photo : on atteint presque le niveau de Sonic !
En bref : 18/20
Un excellent jeu de plates-formes, moins reconnu que d’autres pointures, mais qui propose un univers très charmeur, une certaine originalité et surtout, une progression pleine de surprises, de gags et de bonne humeur. Comme en plus, la jouabilité est parfaite (Aaah, si tous les jeux de plates-formes pouvaient être d’un tel confort d’utilisation !), vous aurez aisément compris que Dynamite Headdy est un des spécimens du genre à ne pas manquer sur Megadrive !