Une silhouette sur fond sombre représentée d’une manière stylisée, un imperméable et un stetson jaune, une sulfateuse qui crache le feu, et des voitures des années 30 aux couleurs éclatantes, tous phares allumés : cette image vous évoque certainement quelque chose. À défaut d’avoir été inoubliable, le film de Warren Beaty sur Dick Tracy, sorti en 1990, proposait au moins une affiche d’une certaine classe visuelle. Mais Dick Tracy est à la base un comics américain, imaginé par Chester Gould en 1931, qui met aux prises un inspecteur de police aussi intelligent que bon tireur et toute une horde de mafieux et de voyous caricaturaux à l’extrême.
Le scénario du jeu vidéo ne suit pas précisément le déroulement du film. Ici, le parrain du crime Big Boy Caprice a assassiné le beau-père de Dick Tracy. Bon plan ça, l’idée du beau-père, ça change de la fiancée ou du vieux maître. La prochaine fois, on aura peut-être droit au cousin germain ou au neveu par alliance.
Bref, Dick Tracy avance à travers les rues obscures et les usines désaffectées et abat de nombreux malfrats, avec son colt ou à mains nues, suivant les stages (les munitions sont infinies dans les stages où on possède une arme). L’originalité provient du fait que d’autres malfrats circulent en arrière-plan (de l’autre côté de la rue par exemple) et tentent eux aussi de mettre un peu de rouge sur le ciré jaune du détective. Pour abattre ces lointains importuns, Dick sort alors la sulfateuse et canarde l’arrière de l’écran. Le joueur dirige alors avec les flèches directionnelles une sorte de viseur imaginaire, représenté par les impacts de balle et les nombreuses vitres et voitures en stationnement que l’on éclate à l’arrière. Après avoir liquidé le boss à la fin de chaque stage, Dick passe à un niveau bonus où des panneaux apparaissent et disparaissent rapidement. Sur ces panneaux sont dessinés des malfrats ou des citoyens innocents. Dick devra réagir vite et tirer sur les malfrats et pas sur les citoyens.
Réalisation technique :
J’ai souvent tendance à ranger les jeux Mega Drive en deux catégories : ceux sortis avant Sonic et ceux sortis après Sonic. Sauf exception (Mickey Mouse et Revenge of Shinobi par exemple), les jeux parus avant l’été 91 ont en commun un gameplay basique, des graphismes assez ternes et une bande sonore stridente. Après cette date, la révolution déclenchée par le hérisson bleu a provoqué une sorte d’émulation positive, et les jeux Mega Drive se sont très rapidement améliorés techniquement. Si Dick Tracy fait indéniablement partie de la première catégorie, il squatte le haut du panier. Les décors sont plutôt sombres, mais retranscrivent relativement bien l’atmosphère de l’époque. Idem pour les thèmes musicaux. Le personnage possède une classe indéniable, surtout lorsqu’il sort la sulfateuse. Ce principe de tir à deux niveaux contribue d’ailleurs à ce que Dick Tracy ne soit pas un jeu d’action basique et ennuyeux, comme on en voyait tant à l’époque. Les commandes répondent bien, mais on regrettera d’une part la difficulté un peu excessive du jeu, et d’autre part le déplacement très lent du personnage, qui ne facilite vraiment pas les choses.
En bref : 12/20
Avec sa solide difficulté et son atmosphère intéressante, Dick Tracy est un vieux hit de la Mega Drive qui mérite encore qu’on s’y attarde aujourd’hui. Son principe reste assez limité et la lenteur du personnage est un peu crispante, mais quel plaisir de sulfater tous les malfrats qui circulent en arrière-plan !