S’il est un dessin animé qui me procure un amusement sans cesse renouvelé, ce sont bien les cartoons mettant en scène Beep-Beep et le coyote. D’un principe aussi bête que réussi, ils mettent en scène un oiseau ultra-rapide doté d’une chance incroyable et poursuivi par un coyote très intelligent mais qui attire la poisse pire qu’un chat noir passant sous une échelle un vendredi 13 à minuit. Toute la science et les savants calculs du coyote sont systématiquement battus en brèche par la veine insolente de l’oiseau : le Beep-Beep échappe à tous les pièges sans même y faire attention et le pauvre canidé finit systématiquement, au choix, écrabouillé par un rocher, éclaté contre une falaise ou carbonisé par l’explosion de sa propre bombe. Sur Super Nes, Sunsoft en avait tiré un sympathique jeu de plates-formes où en tant que Beep-Beep, vous deviez échapper au coyote et à ses engins diaboliques tout au long du jeu. Sympathique, ce soft souffrait cependant d’une jouabilité incertaine qui gâchait tout de même pas mal le plaisir qu’on prenait à manipuler ce diable de poulet supersonique. Une fois n’est pas coutume, cette version Megadrive (signée Sega) se montre largement supérieure à sa rivale, puisqu’elle propose d’incarner les deux protagonistes de ces hilarantes courses-poursuites.
Desert Demolition consiste en effet en une course-poursuite à travers le désert que l’on abordera, soit du point de vue du Beep-Beep, soit du point de vue du Coyote. Dans les deux cas, l’objectif est d’atteindre la sortie du stage avant que le compte à rebours n’atteigne le zéro fatidique. Loin d’être de simples lignes droites à franchir au pas de course, les niveaux renferment tout ce qui fait l’ordinaire d’un jeu de plates-formes traditionnel : gouffres, bumpers, pièges variés à la sauce Warner (gants de boxes extensibles, bombes, cactus,…), cheminement tortueux pour dénicher le chemin le plus rapide vers la sortie, etc. A de rares exceptions près, ces stages sont identiques, que l’on joue avec le volatile ou avec son ennemi juré. Dans les deux cas, Desert Demolition reprend fidèlement le principe des cartoons, à savoir que le coyote déploiera toujours des trésors d’ingéniosité pour attraper sa proie et que le Beep-Beep lui échappera systématiquement. La seule différence, c’est que cette fois, grâce à votre maîtrise du pad, le coyote aura peut-être l’opportunité de conjurer le mauvais sort !
Lorsque vous jouez avec le Beep-Beep, le principe est assez simple. L’animal doit filer à toute allure vers la sortie du stage et peut encore augmenter sa vitesse en récupérant un item spécial. Tout au long du stage, le coyote déploie tout l’attirail popularisé par les dessins animés (catapulte, costume d’homme volant, roquette, canon, patins à roulettes supersoniques, etc.) pour vous attraper. Généralement, il jaillit d’une caisse Acme sur votre passage, équipé de l’un ou l’autre équipement de sa fabrication. Lorsqu’il parvient à vous toucher, vous perdez un peu d’énergie mais réapparaissez instantanément, jusqu’à épuisement complet de votre barre d’énergie. Vous pouvez récupérer de l’énergie en picorant les graines à oiseaux disponibles un peu partout dans le stage, et également effrayer le coyote en lui sautant sur la tête ou en s’approchant de lui pour faire « Beep-Beep » dans son dos ! Vu la vitesse du RoadRunner, il est relativement simple d’atteindre la sortie du stage dans les temps.
Si vous avez choisi le coyote, le principe est quelque peu différent. Bien que vous puissiez également ramasser des bonus de vitesse, vous courez notoirement moins vite que Beep-Beep, et n’avez aucune chance d’atteindre la fin du stage dans le temps qui vous est alloué au départ. Il faudra donc perpétuellement rajouter quelques secondes supplémentaires en ramassant les items «réveil-matin» mais aussi en attrapant Beep-Beep le plus souvent possible au cours du stage. Pour ce faire, vous pourrez compter sur les caisses Acme qui vous permettront de vous équiper de l’une de vos inventions pour aller plus vite, et vous disposez également de la capacité d’effectuer un bond en avant désespéré pour attraper l’oiseau, si vous le talonnez de suffisamment près. La petite dizaine de stages, eux-mêmes subdivisés en plusieurs sous-sections, reprend les décors classiques de cartoons (canyon, mesa, train de l’ouest, usine, etc.) mais à la vitesse à laquelle les deux ennemis jurés se déplacent, vous n’aurez guère le loisir d’admirer le paysage.
Réalisation technique :
En voilà un jeu qu’il est réussi ! Faut reconnaître que sur Megadrive, les softs qui possèdent un visuel réellement enthousiasmant ne sont pas légion. Plus que par la réussite technique qui est la sienne, Desert Demolition séduit surtout par sa fidélité sans faille à l’esprit et au design du cartoon, fidélité bien supérieure à celle de la version Super Nes. C’est bien simple, avec sa profusion de décors plus ou moins désertiques, ses discrètes mélodies d’ambiance, ses bruitages pour une fois très réussis et sa richesse incroyable dans les mouvements des personnages, on a l’impression de regarder l’un des cartoons. La finesse – et la rapidité - de l’animation sont d’ailleurs les éléments qui concourent le plus à la réussite visuelle de Desert Demolition. À ce niveau, je ne vois qu’Aladdin pour rivaliser avec les déhanchements du coyote et les soubresauts hystériques du Beep-Beep. Enfin, la maîtrise des personnages est exemplaire même si, vitesse oblige, on commettra pas mal de dérapages et d’erreurs, le temps d’apprendre à gérer la vivacité des deux personnages.
En bref : 17/20
Bien qu’il soit relativement court, Desert Demolition s’impose sans difficultés comme l’un des jeux de plates-formes les plus beaux et les plus funs qui soient sur la 16-bits de Sega. Sa fidélité au cartoon et le principe de poursuite, particulièrement bien exploité, lui permettent de se hisser un cran au dessus des autres spécimens inspirés des dessin animés de la Warner Bros. A essayer sans hésiter !