Des flippers, il n’y en a pas des masses sur Megadrive. Je me souviens surtout de l’excellent Dragon’s Revenge, d’un Virtual Pinball en kit à monter soi même, et de ce Crüe Ball dont nous allons traiter ici. Fidèle à une certaine tradition des pinballs transposés en jeux vidéo, Crüe Ball se compose non pas de une, mais de trois tables superposées, chacune défendue par deux flips. S’il n’y a pas profusion de bumpers, de pleines fournées de sales bestioles (vers, crânes chevelus, cerveaux cyclopes, voire même des bustes de Beethoven !) se baladent un peu partout sur la table. Ces éléments sont inoffensifs en soi, mais peuvent s’avérer plutôt irritants quand la bille ricoche malencontreusement sur eux au lieu de suivre la trajectoire prévue. C’est bien entendu dans la table supérieure que se trouvent les éléments les plus intéressants, ceux qui permettront de débloquer une rampe d’accès vers le flipper suivant (à l’architecture globalement similaire mais proposant des bonus et des challenges différents). De même, une fois la rampe centrale activée, on pourra accéder au stage bonus, une sorte de casse-briques horizontal. A l’aide d’un palet terminé par des mandibules, il faut renvoyer la bille vers la droite et détruire les squelettes qui arrivent en masse avant que ces derniers n’atteignent le niveau de votre palet. Les brutes apprécieront que l’on puisse bien entendu secouer le flipper à mort, mais la machine semble résistante, et il sera difficile de la faire tilter
L’allure générale des tables est résolument moderne, bourrée de structures en acier, de rampes chromées et de petites loupiottes clignotantes. Le style choisi incorpore de nombreux éléments qui trouveraient leur place dans un studio d’enregistrement ou une salle de concert. Bref, un design résolument « métallique » en adéquation avec le titre du jeu, puisque la toile sonore qui accompagnera vos furieux coup de flips sera constituée de quelques grands succès péniblement retranscrits par le processeur sonore de la console - des célèbres épouvantails héroïnomanes de Mötley Crüe. En passant, dommage que leur plus fameux titre, « Shout at the Devil », ne figure pas dans la playlist
Réalisation technique :
On adhérera ou pas au style graphique de ce flipper, plutôt froid et austère, mais les programmeurs ont correctement assuré leur part du boulot. Le côté sobre des décors évite que l’on perde de vue la bille au milieu d’un fouillis d’arabesques artistiques, même si le design finit par être relativement lassant. Tant qu’on en parle, le comportement de cette bille, en dépit de quelques anomalies, paraît relativement prévisible et réaliste, du moins autant que possible pour un flipper de cette époque. Quand aux musiques, comme expliqué plus haut, même les grands tubes de Mötley Crüe semblent beaucoup trop complexes à retranscrire pour que la Megadrive parvienne à autre chose qu’à un vrombissement d’essoreuse (ceux qui pensent que les morceaux composés par Mötley Crüe ressemblent de toute façon des bruits d’essoreuse sont priés de sortir )
En bref : 14/20 :
Si Crüe Ball n’est pas mal fichu du tout en soi, il souffre douloureusement de la comparaison avec la référence sur cette machine qu’est Dragon’s Revenge et ce, de tous les points de vue : richesse graphique, design, variété des tableaux et des bonus-levels. En attendant, pour ceux qui aiment jouer avec une petite bille, Crüe Ball n’en reste pas moins une simulation flipper très correcte et délassante, idéale pour passer quelques après-midi de saine compétition. D’autant plus qu’il est possible d’y jouer jusqu’à quatre joueurs, à tour de rôle