Avec ce Capt’n Havoc, Data East ne risque pas de corriger sa réputation de plagieur patenté. On connaissait déjà l’affaire Karnov’s Revenge / Street Fighter II, voici maintenant la repompe intégrale, jusque dans ses moindres détails, de Sonic the Hedgehog. Voyez plutôt : dans les deux cas, le héros est un petit animal humanoïde de couleur bleue (dans Capt’n Havoc, il s’agit d’un phoque moussaillon, je crois). Les niveaux, assez étendus, comportent de longues descentes et de toutes aussi longues montées (Le petit matelot n’étant par contre pas d’une vitesse démentielle, on n’en profite pas autant que dans Sonic). Ces mêmes niveaux sont constellés de petits diamants bonus. Quand on en ramasse 100, on reçoit une vie supplémentaire. Certains des coffres à trésors qu’on trouve au hasard des plates-formes renferment des super-chaussures pour aller plus vite et sauter plus haut. Enfin, pour attaquer, le petit héros opère une sorte de saut tournoyant toutes lames dehors. Vous ne repérez pas un certain air de famille ? Ah oui, le scénario fait référence à la carte d’un trésor légendaire qui serait en possession de Havoc et que le cruel forban Scoundrel Bernardo désire obtenir. S’ensuit le sempiternel kidnapping d’êtres chers (en l’occurence, le petit frère et une fille à marins qu’il a ramassée sur la plage deux jours auparavant) et le départ du pinnipède en bandana vers sa destinée.
Ce scénario éculé sera réellement la seule différence entre les aventures du hérisson et celles du phoque. Même les niveaux ont de vagues airs de famille. Les murs des niveaux affichent des motifs qu’on a l’impression d’avoir déjà détaillés de nombreuses fois. Et ce stage 2-2, n’est ce pas une sorte de labyrinthe sous-marin, hmmm ? On trouve aussi une mine où les stalagtites s’effondrent, ou une base futuriste pleine de turbines et de jets de vapeur A ce stade, ce n’est plus du plagiat, mais de la copie conforme ! Alors, on le flingue sur place ce Capt’n Havoc ? Ce ne serait pas très honnête. Car si Karnov’s Revenge est une mauvaise copie de Street Fighter II, Capt’n Havoc, lui, est une excellente copie de Sonic the Hedgehog.
Réalisation technique :
Vous visualisez la réalisation de Sonic ? Bien. Hé bien, Capt’n Havoc, c’est la même chose mais un micro-poil de cran en-dessous. Les graphismes sont fins, nets et propres. Parfois un peu clairsemés au niveau des décors, mais on ne s’en formalise pas car le petit personnage et l’univers dans lequel il évolue éveillent une sympathie instinctive. L’animation est fluide et sans le moindre accroc, mais Havoc ne semble pas capable de concurrencer Sonic au niveau de la vitesse pure. La jouabilité est excellente, précise et le maniement est souple. Seul l’équivalent Havoquien de l’attaque tourbillonnante de Sonic est moins efficace : le petit marin commence pas sauter tout à fait ordinairement avant de se mettre en boule. Il faut donc un peu de pratique pour maîtriser ce système d’attaque un peu risqué. Enfin, la bande sonore est impeccable, avec des bruitages qui savent rester discrets et de superbes mélodies comme la Megadrive nous en offre rarement.
En bref : 17,5/20
Capt’n Havoc a l’allure d’un Sonic, le goût d’un Sonic, l’odeur d’un Sonic mais ce n’est pas un Sonic ! Et pourtant, au niveau du plaisir de jeu, Capt’n Havoc talonne la mascotte de Sega de très près ! Je dirais même que rarement la Megadrive nous a offert un jeu de plates-formes aussi amusant et ludique, surtout venant de la part d’un studio pas vraiment renommé pour ses prouesses de programmation. Tout de même un peu moins ébourrifant que Sonic, mais hormis cette différence de style, Capt’n Havoc se range parmi les meilleurs spécimens du genre sur la 16-bits de Sega.